samedi 28 avril 2012

Les derniers jours de Stefan Zweig de Sorel et Seksik

Les derniers jours de Stefan Zweig  Adaptation scénaristique: Laurent Seksik  Dessins Guillaume Sorel  Casterman  88 pages

 Résumé:
1941.  Stefan Zweig quitte New York en compagnie de sa seconde femme, Lotte, direction le Brésil.  Il est désabusé du monde et sombre dans la dépression.  Malgré tout, il tente de refaire sa vie sur sa terre d'adoption.  Las de la guerre, il est de plus en plus sombre, malgré l'enthousiasme de Lotte.  Ce sont les derniers mois de la vie d'un homme qui a crut en l'homme et en a été profondément déçu.

Mon avis.
Cette histoire est extrêmement triste, donc à ne pas lire un jour de déprime, ça n'aidera en rien à votre moral.  Stefan Zweig est ici dans les derniers mois de sa vie, il a vu le monde qu'il a a connu et qu'il a estimé être le meilleur qu'a connu l'humanité être détruit sous la botte des nazis.  Pour cet humaniste pacifiste et fervent cosmopolite, le nazisme et le fascisme représentait la totale antithèse de ce qu'il souhaitait pour l'humanité.  Sa femme Lotte, asthmatique, essaie de voir le positif dans chaque chose et de tenir le coup, mais le moral glissant de son époux les mènera vers la mort.  Stefan Zweig est désabusé, déçu au plus profond de son être, blessé dans son essence.  Il ne croit plus en l'être humain, lui, le grand humaniste.  On ressent très bien la lente chute vers l'abîme tout au long du livre.  Malgré les efforts de tous, l'écrivain sombre de plus en plus.  Lotte ne voulait pas mourir, mais elle suit son mari dans la tombe quand même.  Tout l'album transpire ce sombre chagrin, cette tristesse, ce désabusement.  Quelques éclats de bonheur persistent, mais pas assez pour repousser la grisaille.  Pour souligner ce fait, l'album est entièrement en teintes pastelles.  Des bleus, des gris, des verts, même la luxuriance de la forêt amazonienne est en demie-teinte.  Les dégradés de couleurs sont parfaitement adaptés au ton de l'histoire, ils soulignent magnifiquement bien les personnages et les cadrages permettent de bien saisir l'histoire.  Les encrages sont minimalistes, juste de très fins traits pour souligner les contours des objets, le reste, c'est l'habileté du dessinateur avec son pinceau qui l'a fait.  Les seules scènes où la couleur devient rougeoyante, c'est celle où l'on voit les actes des nazis.  L'autodafé de ses livres, la transformation en cendre de ses rêves et de ses espoirs.  On comprend sa décision, même si on se dit qu'elle est davantage le fruit d'une dépression et d'un extrême pessimisme plutôt que le reflet de la réalité.  Il s'est suicidé avant de savoir que les Russes avaient triomphé à Stalingrad et la grand victoire d'El Alamein.  L'humaniste avait abandonné l'espoir en la bonté de l'être humain, pourtant la base de l'humanisme.  Triste fin.  Cette bande dessinée a le grand mérite de faire comprendre mieux l'homme à défaut d'accepter son geste.

Ma note: 4/5

2 commentaires:

Travailleuse sociale a dit…

Je ne savais pas qu'il y avait une bande dessinée. J'avais lu le livre que j'avais assez aimé avec une petite déception sur la nature de Zweig particulièrement sur le rôle qu'il joue auprès de sa femme... Bon on ne sait jamais quel est la partie vraie ni la partie inventée de ce genre de livre. J'avais lu pas mal de ses biographies et quelques livres et j'adore son style d'écriture si passionnée, si intense.

Prospéryne a dit…

@Travailleuse sociale, moi en lisant la BD, je ne savais pas que c'était tiré d'un livre. N'empêche, je crois que cette partie de sa vie a été la plus dure et la plus sombre et on ne peut pas nécessairement le juger uniquement sur ça. Et moi aussi, j'ai adoré ses autres livres, particulièrement 24 heures de la vie d'une femme que je te recommande fortement si tu ne l'as pas lu.