lundi 27 janvier 2014

Popularité vs qualité

Salut!

Il est un vieux débat qui dit que ce qui est populaire n'est forcément pas de qualité.  À mon humble avis, il n'y a rien de plus faux.  Un livre de qualité, autant au point de l'intrigue qu'au point de vue littéraire, peut être populaire et un livre obscur carrément pourri.  Le mythe de l'écrivain incompris qui fait des oeuvres grandioses dans son coin, très peu pour moi.  Certes, certains auteurs moins connus mériteraient de l'être davantage.  Et d'autres qui ont plafonné au sommet des ventes pendant des semaines ne le mérite certainement pas.  La même rengaine s'applique au cinéma et à la musique.  Des perles nous filent entre les doigts tandis que les gros bluck-busters s'affichent en pleine page.

Ce débat ne date pas d'hier!  Il suffit de regarder un peu dans la littérature pour voir qu'on y encense depuis longtemps les petits auteurs pauvres qui luttent pour leur art et qu'on regarde avec suspicion les grands auteurs populaires.  Aux premiers, la gloire, souvent posthume, aux seconds, le support des foules.  Molière, pour ne nommer que lui, est reconnu comme un des plus grands auteur comique et dramatique de son temps, mais n'a jamais intégré l'Académie française, alors que le nom d'illustres inconnus y figure.  Drôle de contradiction, puisque que l'Académie française a été créée pour normaliser et perfectionner la langue française.  Or, on parle de la langue française comme de la langue de Molière...

Ce qui frappe dans ce faux débat, c'est que l'on oppose les uns aux autres.  Comme si une littérature plus grand public emmènerait un nivellement par le bas, ou ferait de l'ombre aux autres genres littéraires.  C'est à force du poignet que les auteurs de science-fiction, de polar et de bande dessinée on réussit à se départir de l'étiquette de populaire, dans le sens de vulgaire.  À la base, ils doivent leur succès au fait que c'est le public qui aimait leurs oeuvres.  Dirait-on ici que le public s'est trompé?  Je ne pense pas.  Le public avait des goûts différents des grands pontes, c'est tout.  En général, ce qui nous attire vers un livre correspond à nos goûts à nous, et il y en a pour tous les goûts dans la nature.

Je crois que ce qui différencie le plus le livre populaire du reste de la production écrite, c'est le buzz.  Ce fameux buzz que toute personne cherchant à faire de la promotion ou du marketing cherchent à créer.  C'est le bouche-à-oreille, l'effet de masse, le trip de faire partie de ceux qui l'ont fait.  Prenons l'exemple de Fifty Shades of Grey.  Le livre, je n'ai aucun problème à le dire, était mauvais.  Seulement, il y collait un petit côté sulfureux.  Parler de sado-masochisme, ohlàlà!  C'est l'élément qui piquait la curiosité.  Ensuite, beaucoup de gens l'ont lu et l'ont aimé.  Pour ses qualités littéraires?  Je crois que c'est plutôt pour son intrigue très accrocheuse pour les femmes en manque de romantisme, mais bon!  Ce livre a été un indéniable succès.  Qui a fait relire un grand nombre de personne.  Ces gens auraient-ils lu le dernier Dany Laferrière?  Sans doute pas.  Laferrière ne touchait pas ces gens de la même façon.  Seulement, on ne peut nier que les romans dits populaires sont une formidable locomotive pour l'ensemble de l'activité littéraire.  Ce qui permet à d'autres auteurs, moins populaires au départ, de construire leur oeuvre sur le plus long terme.  Qui aurait il y a vingt parié que Laferrière vendrait des milliers de copies de son livre L'énigme du retour?  Il est à son tour devenu une locomotive pour plusieurs auteurs, surtout ceux d'origine haïtienne.

Les romans grands publics sont aussi essentiels à la littérature que les romans plus exigeants, plus poussés.  Ils ne sont pas opposés, ils sont complémentaires.  Le seul danger qui guette réellement et je crois que c'est le fondement des reproches qui sont faits à la littérature populaire, c'est que ces romans-là uniquement dominent.  Un avènement que l'on craint depuis longtemps, mais qui n'est pas encore arrivé.  Je ne crois pas inutile de crier au loup à ce sujet, mais mettre tous les torts du côté des auteurs populaires n'est pas la solution non plus.

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

Amen! Un moment donné, c'est pas parce que c'est populaire que c'est mauvais!

Ce qui agace par contre parfois, c'est quand le roman populaire du moment ressemble à une version palotte et moins bien écrite d'un paquet d'autres livres parus auparavant et qui sont passés plus ou moins inaperçus. Ou qui sont "passés de mode", alors des auteurs se permettent de s'en inspirer. Ça, ça énerve!

Prospéryne a dit…

@Gen, j'avoue que cette pratique me pue au nez également!