jeudi 23 janvier 2014

L'échelle de Darwin de Greg Bear

L'Échelle de Darwin  Greg Bear  Le livre de poche 797 pages


Résumé:
Dans une grotte des Alpes autrichiennes, on retrouve deux momies néandertaliennes, un homme et une femme et celle d'un nouveau-né, leur enfant... un Cro-Magnon.  Presque au même moment, on trouve des charniers en ex-URSS, contenant des cadavres de femmes enceintes.  Et des femmes turques avortent de bébés difformes.  Partout sur la planète, on sent un mouvement se dessiner.  Une maladie touche l'ensemble de l'humanité.  Un rétrovirus, caché dans nos gênes, s'est activé.  Une maladie, vraiment?  Ou une mutation génétique de grande ampleur?  Du jamais vu depuis...  l'extinction de l'homme de Néandertal?

Mon avis:
Quand on parle de science-fiction, on s'imagine souvent des vaisseaux spatiaux explorant des mondes inconnus peuplés d'extraterrestres.  Ce livre est le parfait contre-exemple de ce que peut être la science-fiction: partir de ce que nous savons déjà, allez chercher une hypothèse plausible extrapolant nos connaissances actuelles et nouer autour de cela une intrigue solide et vraisemblable.  C'est exactement ce que fait L'échelle de Darwin.  Certes, l'auteur part des connaissances les plus récentes il y a une dizaine d'années, mais reste que toute son intrigue est solidement campée dans la réalité scientifique.  Ce qu'il décrit est possible, sans être nécessairement plausible, ce qui fait que l'on croit littéralement à son intrigue.  On plonge dedans.  Les nombreuses explications scientifiques sont claires, même si le sujet est terriblement complexe.  Je n'ai pas tout compris, j'en suis sûre, mais suffisamment pour suivre l'intrigue et comprendre ses rebondissements.  D'ailleurs, à partir d'un certain moment, l'aspect humain prend le pas sur l'aspect purement scientifique.  Comment réagir comme société à un tel changement?  Comment accepter que l'humanité fasse un tel saut dans l'évolution, sans que l'on puisse y comprendre ou y changer grand chose?  Comment considéré ces enfants, nouveaux, différents de nous, mais quand même nos enfants?  Quelles seront les répercussions sociales, économiques, politiques, scientifiques?  En nous faisant entrer par la petite porte dans le monde des labos et de la recherche universitaire, on comprend un peu mieux comment fonctionne ce milieu et comment fonctionne la communication des informations scientifiques et sanitaires au public.  Tout s'entremêle, la génétique, la virologie, même l'anthropologie.  Comment démêler les informations?  Comment démêler, non pas le mensonge, mais la demie-vérité derrière le discours?  Parce que l'auteur n'a pas peur d'aborder de front cette problématique.  Ses trois personnages principaux sont bien décrits, particulièrement Kaye Lang, une scientifique plus à l'aise dans le domaine des gènes que dans celui de la politique ou du financement des entreprises.  Un très beau personnage féminin, fort même avec toutes ses faiblesses, mal à l'aise dans certains domaines, mais très à l'aise dans d'autres et capable de défendre ses idées.  Mitch Rafaëlson, un anthropologue déchu, qui cherche à reprendre la recherche, celui qui trouvera ses momies et cherchera à comprendre le pourquoi de la grippe d'Hérode.  Et Christopher Dicken, un homme un peu invisible, chercheur pugnace et efficace, gros, sans éclat, mais capable de réfléchir par lui-même malgré les apparences.  Le fait que toute cette histoire soit plausible rend ce livre terriblement efficace.  Long un peu sans doute, mais riche, bourré de détails, tellement que l'on pourrait penser que l'on regarde un journal télévisé.  Les personnages y sont complexes, leurs motivations multiples et pas toujours claires, mais c'est leur réaction aux événements qui est intéressante.  La fin plonge un peu trop hors de l'aspect scientifique à mon goût et c'est dommage.  Il y a une suite à ce livre, mais je ne suis pas certaine de le lire, il me semble que plus on s'éloigne de la plausibilité, plus ce livre perd de son intérêt premier.

Ma note: 3.75/5

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