Les enfants du sabbat Anne Hébert Points Seuil 187 pages
Résumé:
1944. Soeur Julie de la Trinité est novice au Couvent des Dames du Précieux-Sang. Elle prétend être amnésique, ne pas se souvenir de son enfance. Bientôt, des visions la prennent, où, à la Montagne de B., une petite fille vit avec ses parents d'étranges cérémonies où se mêlent l'alcool, la drogue et la sorcellerie. La petite fille finit par se confondre avec Soeur Julie: c'est elle, c'est son enfance qu'elle retrouve. Et avec ses souvenirs, ses pouvoirs héritées de sa mère et d'une longue lignée de sorcière venue en Nouvelle-France pour perpétuer leur race. Le Couvent des Dames du Précieux-Sang en verra son existence bouleversée.
Mon avis:
L'écriture d'Anne Hébert est vraiment particulière. On aime, ou on aime pas. Ce n'est pas le genre de littérature qui s'aborde facilement. Il faut vouloir plonger. Autant j'ai détesté Kamouraska, la première oeuvre que j'ai lu de cette auteur, autant je suis tombée dans Les enfants du sabbat comme un poisson dans l'eau. Preuve que des années de lecture peuvent permettre de mieux apprécier certains auteurs. N'empêche, cela reste du Anne Hébert: un univers fait bien plus de perception et d'émotions que de réalité, avec beaucoup de non-dits et de silences. Beaucoup de trous qu'il faut combler avec nos connaissances de l'âme humaine et aussi, un peu il faut le dire, avec des connaissances historiques sur l'époque, puisque rien n'est expliqué. L'auteur s'adresse à un public qui comprend les attitudes et les réponses culturelles des contextes dans lequel vivent ses personnages. Tout au long du roman, il y a une frontière trouble entre la réalité et le monde psychologique de celle qui forme le coeur du récit. Est-elle honnête, est-elle fourbe, est-elle perdue entre deux mondes, celui de son enfance passée au pied de la montagne de B... et celui de son présent dans un couvent sévère dont on ignore les raisons pour lesquelles elle a passé les portes? La vérité se met à jour lentement. On épluche les personnages par couche, comme des oignons. Leur vérité profonde se révèle seulement après avoir passé un moment auprès d'eux. Aucun n'est ce qu'il semble être au premier abord. Derrière le vernis des apparences se cachent des secrets, des désirs profonds et parfois coupables ou la simple volonté de contrôler les autres à défaut de pouvoir contrôler sa propre vie. Le texte est parfois déroutant. On passe d'un narrateur-personnage à un narrateur-omniscient en un changement de paragraphe, sans avertissement. Cela surprend, cela oblige à une certaine vigilance du lecteur qui ne sait jamais exactement sur quel pied danser. Cela rend le livre plus complexe à lire, mais ça en fait aussi sa beauté. Combiné au fait que le lecteur ne sait pas non plus à quoi s'en tenir face au personnage principal, on est déstabilisé, complètement questionné par l'intrigue. Le dénouement surprend, mais en même temps, laisse des ouvertures quand aux interprétations à donner à celle-ci. On ne sait pas. On ouvre une porte dans les univers de multiples personnages, on les prend à un moment de leur vie et on ne les comprend pas parfaitement, mais on suit leurs actions et leurs décisions avec un délice certain. Une lecture déroutante, mais intéressante, sans doute à mettre en relation avec le reste de l'oeuvre de l'auteure.
Ma note: 4.75/5
1 commentaire:
Je suis d, accord avec votre critique, je n, ai jamais lu anna hebert, mais hier j, ai commence a lire les enfants du sabbat et je ne puis plus m, arreter. J, adore ca, et je me promets de lire tout Anne Hebert.
Enregistrer un commentaire