Salut!
Lire Mein kampf, ça vous dit? Oui, lire des livres dans ce genre-là, des livres infréquentables qui sont tellement associés à leur auteur et à ses actions qu'on ne peut pas leur accorder l'absolution. D'aucune façon. Lire l'infréquentable. Pourquoi?
Pourquoi on lirait de tels livres pour commencer? La raison principale est sûrement de comprendre. Comment on a pu arriver à une situation qui a causé la mort de près de 38 millions de personne en Europe seulement? Pour comprendre, il faut connaître et pour connaître, il faut se mouiller un peu. Qui ne connaît pas l'histoire la répète disait mes profs au secondaire. Faux. On peut connaître l'histoire et la répéter, mais si on comprend ce qui s'est passé, on peut éviter le pire dans les erreurs. La folie de certains hommes ne s'encombrent pas de la sagesse dégagée de l'expérience de ceux qui les ont précédé sur cette terre.
Lire des livres écrits par des islamistes (quand on réussit à en trouver), lire des livres qui nie les changements climatiques, lire des livres créationnistes, qui nie l'égalité entre les hommes et les femmes, pro-esclavage, que sais-je. Lire des livres qui professent des choses complètement contraire à nos valeurs, contraire aux valeurs de la société en général. Pourquoi? Pour comprendre, je me répète. Lire un livre antisémite ne vous rendra pas antisémite comme tel, sauf si vous êtes prêt à jeter toutes vos valeurs par-dessus bord. Il faut être solide pour lire de tels livres. Mais je ne crois pas que les éviter comme la peste est nécessairement mieux. Pour deux raisons.
La première, qui vous prouve que vous avez raison? Non, mais c'est vrai! On condamne Hitler en disant qu'il avait tort de façon intégrale sans même connaître véritablement sa pensée. Toute société est basée sur un ensemble de valeurs communes qui lui permet de fonctionner, mais il y aura toujours des marges aux sociétés pour défendre l'indéfendable pour la majorité. À une époque, l'indéfendable pour la majorité c'était la démocratie, l'égalité entre les hommes, la tolérance religieuse, l'abolition de la torture. C'est souvent par le discours créé aux marges qu'une société progresse, en emmenant des idées neuves. Une remise en question partielle, un nouveau point de vue sur une question amène toujours de sains questionnements. Attention, je ne vous dit pas d'être d'accord, vous avez même le droit de pitcher le livre par la fenêtre à la fin si vous trouvez que ce qui s'y dit est con au possible (Par contre, si vous prenez Mein kampf, brûlez-le à la place, juste au cas où ça tomberait entre de mauvaises mains), mais au moins, vous aurez eu un autre point de vue sur une question.
La deuxième, c'est L'art de la guerre de Sun Tzi qui l'inspire: Connaît ton ennemi. Vous voulez savoir ce qui nourrit l'imaginaire et la vie intellectuelle de votre voisin? Allez zieuter ses lectures. Pas très pratique quand celui-ci ne fait que regarder la télévisions à longueur de journée, mais bon. Les livres donnent une excellente idée de la pensée d'autrui. Si on veut combattre le feu par le feu, il faut savoir quels seront les arguments qu'ils vont utiliser. Si on prend exemple sur le mouvement de droite américaine du Tea Party, lire leurs livres donne une bien meilleure idée de leurs buts et des tensions existant au sein du mouvement parce qu'un livre permet de comprendre bien plus de choses, d'exprimer bien plus d'idées et de concepts que ne le pourra jamais une émission de radio et de télévision. Parce qu'écrire demande du temps et de la réflexion pour coucher par écrit sa pensée. Et que le livre reste le meilleur moyen, jusqu'à présent, pour faire passer sa pensée de manière complète.
Alors, les livres controversés? Ne les fuyez pas d'emblée. Par contre, ce n'est pas nécessaire de les lire dans les transports en commun ou encore de le crier sur les toits. Ce n'est pas tout le monde qui a l'ouverture d'esprit nécessaire pour comprendre ce que l'on cherche en ouvrant de tels livres. Comprendre demande parfois un peu de discrétion.
@+ Prospéryne
6 commentaires:
Personnellement, j'ai lu pas mal de ces livres "controversés", études d'histoire oblige. Mais l'impression que j'en ai retiré, c'est qu'il n'est pas nécessaire de les lire d'une couverture à l'autre. S'il y a une constante chez les fanatiques en tout genre, c'est la tendance à la répétition.
À part ça, en effet, ne serait-ce que pour connaître et comprendre, ça vaut la peine de fréquenter les infréquentables... un peu. Et pas si on est influençable de nature!
Se battre avec un livre et contre son auteur est épuisant, mais ça en vaut la peine.
Par contre, vu mon temps de lecture limité, j'avoue que c'est rare que je m'oblige à plonger dans un livre que je sais détester d'avance ;)
@Gen, c'est pour ça que je dis qu'il faut être solide pour lire ce genre de livres. Pour la répétition par contre, je ne l'avais pas remarqué, mais à la réflexion, je crois bien que c'est logique! Aie-je déjà dit que la répétition est un truc de prof pour faire augmenter l'apprentissage? Hihihi, apparemment, il n'y a pas que les profs qui connaissent le truc!
@Pat, oh, je te comprends, quand on lit peu, on en profite pour lire davantage des choses qu'on aime et c'est juste correct, sans ça, on perdrait le goût de lire!
J'ai l'intention de lire L'art de la guerre lorsque j'aurai un peu plus de temps. Pourquoi? Adepte des arts martiaux, je suis convaincue qu'il faut connaitre les faiblesses de son adversaire. Dans une optique de combat, bien sûr...
@Sarah-Jeanne, L'original de l'art de la guerre doit pas être super facile à comprendre étant donné qu'il a été écrit en Chine il y a des milliers d'années... Mais bonne lecture quand même!
L'art de la guerre est une lecture plus accessible que bien d'autres livres de la même époque si vous trouvez une bonne traduction. Plusieurs principes sont très logiques, alors faciles à comprendre.
D'autres sont un peu datés mettons (comme l'analyse de la couleur de la poussière levée par l'armée et ce que ça indique sur la direction de son mouvement! lolol!)
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