Salut!
Récemment, en faisant quelques petites recherches, j'ai découvert l'origine de l'expression gaslighting: ça vient d'une pièce de théâtre publiée en 1939 écrite par l'auteur Patrick Hamilton. On y raconte l'histoire d'une femme, Bella, qui se rend compte que les lumières au gaz de son appartement diminuent d'intensité à certains moments de la journée. Quand elle en parle à son mari (qui est toujours absent au moment des faits), il nie la situation et prétend qu'elle imagine des choses. Il lui sert la même réponse quand elle croit entendre des bruits de pas dans l'appartement au-dessus du leur, qui est inoccupé. Le mari de Bella la pousse à croire qu'elle imagine la baisse de luminosité et les sons au-dessus de chez elle, alors que dans les faits, c'est lui qui ment: il monte chaque soir dans cet appartement à la recherche de bijoux laissés là par l'ancienne propriétaire assassinée (d'où les bruits de pas), allume les lumières (ce qui fait baisser la luminosité) et ment à sa femme de telle façon qu'elle doute de ce que ses sens lui disent et au final, pense qu'elle devient folle. Le titre de la pièce? Gaslight. Et de là est passé dans le vocabulaire populaire l'expression gaslighting, une forme d'abus psychologique où un.e abuseur.se ment pour que la victime remette en question ses perceptions et dans les cas les plus graves, en vienne à douter de sa santé mentale.
C'est un exemple. La littérature est truffée de ses histoires qui finissent par devenir des termes en psychologie. Évidement, beaucoup viennent de la mythologie grecque: le syndrome d'Oedipe et le narcissisme, en sont, pour ne nommer que ces deux exemples. Évidemment, il y en a d'autres, mais ce qui m'importe ici est moins de faire une liste que de pointer l'idée que partout, à toutes les époques, des gens ont imaginé des histoires qui ont servi de modèle, de référence, pour que l'on soit capable de mettre un nom sur un comportement humain. Et l'imagination humaine étant sans limite, la littérature a permis de montrer ce qui existait déjà à travers des personnages. À défaut d'être réels, ils sont incarnés: on peut s'identifier à eux, montrer les mécanismes, les tenants et les aboutissants, les comportements et les impacts. Et cela met aussi un projecteur sur certains détails que l'on ne remarquerait pas nécessairement dans notre vie quotidienne, parce que justement, là, on a le nez dessus, c'est de ça qu'on parle.
La psychologie est l'étude des comportements et des processus mentaux, à la fois des individus et des groupes. Or, qui dit comportements, dit bien souvent interactions, parce que les animaux sociaux que sont les êtres humains ont besoin de ces interactions. Comme le confinement l'a bien prouvé, nous ne sommes pas fait comme espèce pour rester enfermé chez nous pendant des semaines. Justement, toutes les formes de narration se basent sur ces interactions, qu'elles en soient le moteur. Et il arrive qu'un.e auteur.e vise juste: il ou elle démontre un comportement de façon si efficace que tout le monde fait EURÊKA ... et la psychologie adopte ce nom. Pour bien des raisons: c'est plus facile de retenir une histoire qu'une liste de comportements, plus facile, de se reconnaître dans une situation qu'une description, plus facile de se projeter dans des personnages que dans une explication...
Et puis, qui n'a jamais, en lisant un livre, levé soudainement les yeux en se disant: mais oui, c'est ça!
Les psys aussi le font, la seule différence, c'est qu'ils peuvent ensuite glisser ça dans un livre savant.
@+ Mariane
2 commentaires:
J'adore ta finale lololol!
Accessoirement, une forme de gaslighting souvent rencontrée par les écrivains, c'est de se faire dire qu'on confond la réalité et la fiction quand on analyse des comportements. O.o
@Gen, Ouais, les écrivains peuvent inventer, mais honnêtement, on est rendu à quoi, sept milliards d'êtres humains sur cette planète et on y vit depuis 100 000 ans. Comment la personne qui crie qu'on invente peut être sûre que ça s'est jamais produit?
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