lundi 14 juin 2021

Pourquoi mes livres traînent partout ou le paradoxe des tablettes

 Salut!

Chez moi, les livres traînent un peu partout: sur la table de cuisine, sur mon bureau d'ordinateur, sur ma table basse dans le salon, en piles que j'essaie de maintenir stables, mais qui ne le sont pas toujours.  Et je n'ai le réflexe de les ranger sur les tablettes de ma bibliothèque que lorsque je ne peux plus faire des piles.  C'est un comportement un peu instinctif, j'ai toujours fait ça.  Quand un nouveau livre arrive chez nous, il peut passer des semaines à traîner partout avant que manquant d'espace pour les empiler, je ne lui déniche un petit coin dans ma bibliothèque.

C'est avec le confinement puis mon déménagement que j'ai enfin compris pourquoi je faisais ça.  Tout simplement parce que quand un livre est sur une tablette... je l'oublie.  Les livres qui traînent un peu partout, je les aie sous les yeux en permanence, je les vois, les déplace parfois, ça oblige mon cerveau à prendre encore et encore conscience de leur présence.  Ça me rappelle qu'ils ne sont pas encore lus.  Et que je devrais bien me décider à les ouvrir.  Sauf qu'en bonne lectrice-écureuil, j'ai plus souvent des livres qui rentrent que des livres qui sortent et mon rythme de lecture est assez variable depuis quelques années.  D'où l'embouteillage un peu partout où ils sont visibles, autant de façon de faire, hé, tu l'as acheté il y a pas longtemps, mais tu l'as pas encore lu, c'lui-là, tu devrais t'y mettre!  Oui, oui, les livres sur mes tablettes, je les vois, je sais qu'ils sont là, mais ils sont justes moins tout le temps sous mon nez.  Et ça fait une différence.  

Une tablette de bibliothèque, c'est fait pour le long terme.  Les livres sont là pour y rester, on ne les en sort pas souvent ou plutôt, pas tous à la fois en même temps (sauf si on déménage!).  C'est totalement et entièrement psychologique, mais j'ai moins tendance à aller jouer dans mes livres tablettés (ouch l'expression) que dans mes livres qui traînent partout.  C'est aussi la raison pour laquelle je n'ai pas de portes en verre sur mes bibliothèques: obstacle de plus, minuscule, certes, mais réel.  Cette simple vitre est un obstacle de plus entre moi et l'objet.  Je préfère épousseter (même avec un chat qui perd ses poils).

Sauf que là, j'ai déménagé et donc, entièrement réarrangé mes bibliothèques.  J'ai toujours classé mes bibliothèques en deux zones: l'une est consacrée aux livres lus et l'autre aux livres non lus.  Dans mon ancien appartement, les livres non lus étaient situés de façon à ce que lorsque je m'asseyais sur mon divan (mon lieu de lecture favori), ils n'étaient pas visibles et les livres lus, devant moi.  Je ne m'en étais jamais rendu compte avant.  Donc, si je levais les yeux de mon livre ou détournait un instant le regard de l'écran de télé, je ne voyais que les livres que j'avais déjà lus.  De beaux souvenirs de lectures, certes, mais justement, des livres que j'avais déjà lus.  Pas besoin de me rappeler que je ne les avais pas encore lus, c'était déjà fait dans leur cas!

Et là, avec le bouleversement du déménagement et le reclassement de livres, je me suis retrouvée à avoir une bibliothèque, bien installée presque en face de mon divan, rempli des livres dont je n'ai pas encore tourné la première page.  Et donc, quand je lève les yeux de mon livre, détourne un instant les yeux de mon écran de télé ou regarde simplement dans le vague, je me retrouve à regarder les livres que je n'ai pas encore lus au lieu de ceux qui le sont déjà.

Et ça fait une différence!

Parce que j'ai un constant rappel des dizaines (ok, centaines) d'histoires que je n'ai pas encore lues directement sous mon nez et qu'ils reviennent souvent dans mon champ de vision, ça me donne encore plus envie de me lever, d'aller les chercher et de les lire.  Que ça fasse un bail que je les aie ou juste quelques mois.  C'est le pouvoir d'avoir quelque chose sous les yeux, de le voir en quelque sorte, qui fait la différence.

Cependant, cette découverte n'a pas changé mes vieilles habitudes: j'ai encore des livres qui traînent partout.  Et bon, je ne pense pas que ça va changer de sitôt.

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

C'est une excellente méthode... et je t'interdis d'en parler à Luc, sinon à deux écrivains dans un quatre et demi, on survivra pas! lololololol!

Prospéryne a dit…

Ok, Ok, je lui en parle pas! :P