lundi 28 décembre 2020

De la géographie: La ville

 Salut,

Nous voici donc rendu au dernier billet de cette série qui aura animé la plus grande partie de l'année 2020.  Je me suis rendue plus loin que ce que j'avais pensé au départ et je remercie tous ceux qui m'en ont parlé, tant ici qu'ailleurs.  Pour conclure, je vais m'intéresser à un dernier sujet, qui est aussi le territoire humain ultime: la ville.

Une ville, peu importe l'endroit où elle est située, est un territoire lui-même constitué de territoires, mais la grande différence avec les territoires naturels est que tout est constitué de volontés directes et indirectes issues d'êtres humains.  La nature s'accommode fort bien des imperfections et des obstacles.  Elle en fait des opportunités et s'adapte.  L'eau ne coule pas ici?  La rivière creusera son lit, au travers de la roche s'il le faut.  Et si elle ne peut pas passer là, elle passera ailleurs.  Si quelque chose change dans son environnement immédiat, elle s'adapte.  La rivière ne coule plus ici?  Des arbres y poussent, tout simplement et l'ensemble tend à s'équilibrer de lui-même.  De plus, la nature n'a pas de but comme tel, elle fait avec ce qui est et s'adapte.  Certes, rivières et fleuves transforment le paysage, mais c'est plus les lois de la physique qu'autre chose qui les animent.  Certains animaux, comme les castors, vont transformer leur environnement, mais leur impact est limité à un espace restreint.

La ville est totalement l'inverse.  En ville, pratiquement chaque centimètre de surface a été pensé, voulu, et est soigneusement entretenu.  Les routes, les parcs, les belles années gazonnées, les réseaux de distribution d'électricité, d'eau, d'égouts, les pistes cyclables, les bâtiments, mais aussi, sur un plan plus subtil, les tracés dans la ville, les services publics, les résidences privées et les immeubles commerciaux encerclent des zones qui deviennent ainsi artificiellement exclues de l'ensemble et le principe de propriété privée crée une série de sous-territoires techniquement liés, mais mus par des volontés séparées.  Et surtout, le territoire, au niveau écologique est totalement chamboulé.

La ville est voulue, conçue et pensée par et pour les êtres humains.  La rage que l'on met à arracher les pissenlits sur les pelouses se retrouve ailleurs: on ne tolère pas certaines espèces d'arbres, certaines espèces de plantes, on en favorise d'autres à outrance, même si elles sont mésadaptées.  Pas étonnant que les villes soient si peu résilientes face aux catastrophes naturelles: là où des milliers d'années d'évolutions avaient prévu des milieux humides et des marais face aux inondations et aux ouragans, la ville a imposé des surfaces bétonnées et de magnifiques boulevards dépourvus d'arbres permettant aux vents de prendre de la vitesse.  Mais on adore les pelouses vertes...  Obsession humaine de tout contrôler.

Même dans les villes plus anarchiques, où l'urbanisme sauvage règne, l'humain continue de faire primer ses besoins sur ceux du territoire environnant, quitte à sacrifier espèces et terrains, s'exposant à des catastrophes si le climat varie un peu plus que la moyenne.  Les glissements de terrain ne sont qu'un modeste exemple: sol gorgé d'eau ou construit en hauteur + vibrations (que ce soit une route très passante ou un tremblement de terre) = catastrophe.  Mais les humains ne voient souvent que leurs besoins à court terme et rarement ceux à long terme.  La nature s'adapte sur le long terme, l'humanité peut faire surgir de terre des villes en quelques mois.  Dans certaines parties du monde, les contraintes du climat ont forcés les villes à s'adapter à des climats très différents, avec plus ou moins de succès: qui n'a jamais pesté comme le déneigement dans sa ville au Québec?  Surtout que l'on découvre souvent après coup des contraintes inattendues après que le béton soit sec.  Ainsi les villes sont chroniquement en retard dans l'organisation du développement de leur territoire par rapport au développement réel de celle-ci.

Je vais conclure par un exemple relevant de la fiction qui me semble des plus faciles, mais qui reste parlant: Coruscant, la capitale, ville-planète de l'univers de Star Wars.  Évidemment, les films ne nous rendent pas entièrement compte de cette ville, mais on peut déjà en détacher quelques grandes tendances: la ville-planète est entièrement contrôlée, domptée, planifiée.  Pas de traces d'espaces verts ou simplement de zones où une main (humaine ou non) n'aurait pas imposé sa volonté.  L'espace est entièrement contrôlé et les cycles naturels, absents.  L'omniprésence des embouteillages en arrière-plan (et dont Anakin semble se foutre comme de l'an quarante) montre toutefois que les problématiques urbaines restent les mêmes: on a beau être sur une ville-planète, la volonté de contrôle de l'environnement reste la même, mais les problématiques qui peuvent en émerger restent semblables étant donné que le problème à la base est que l'humain cherche à transformer son environnement pour correspondre à ses besoins et non de s'adapter à ce qui existe.  L'échelle est différente, mais l'effet est le même: les cycles naturels sont détournés au mieux et détraqués au pire afin de permettre le contrôle du territoire par les humains.  Avec toutes les conséquences que cela suppose.

Voilà donc ce qui permet de compléter ma série de billets sur la géographie.  Merci d'avoir été à l'écouter et au plaisir de bloguer sur autre chose en 2021!

@+ Mariane

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