jeudi 21 avril 2016

Faire des bombes pour Hitler de Marsha Forchuk Skrypuch

Faire des bombes pour Hitler  Marsha Forchuk Skrypuch  Scholastic  217 pages


Résumé:
Ukraine, 1943.  Lida et sa soeur Larissa ont tout perdu: mère exécutée par les nazis pour avoir tenté de protéger leur voisine juive et sa famille, père envoyé en Sibérie par les soviétiques, elles ont été capturées ensemble par la Gestapo.  Alors que sa petite soeur est jugée «racialement assimilable», Lida est envoyé dans un camp de travail forcé.  Elle ment sur son âge et met en valeur ses talents de couturière pour échapper à la mort, malgré les conditions de travail terrible.  Parmi les travaux auquel elle sera contrainte, il y a le pire de tous: fabriquer des bombes pour alimenter la machine de guerre nazie.  Un travail qui se fait dans des usines où la moindre étincelle peut tout faire sauter tout en étant la première cible des frappes alliées.

Mon avis:
J'avais été renversée par la force du roman Enfant volée de la même auteure qui racontait l'histoire de Larissa.  À la fin du livre, elle retrouvait sa mémoire (soigneusement effacée par un lavage de cerveau des nazis) et voulait retrouver sa soeur, sans que l'on sache quel était son destin.  Ce livre apporte la réponse à la question, le livre commençant au moment où les deux soeurs sont séparées.  Sans avoir la puissance d'Enfant volée où toute l'émotion passait par des flash backs du passé de la fillette qu'elle retrouvait au fil du temps et des événements, ce livre réussi à nous glacer le sang en parlant encore une fois du système concentrationnaire.  On a énormément parlé des camps de la mort depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, oubliant souvent que le système concentrationnaire était encore plus vaste et plus cinglé que l'on aurait pu le penser.  La petite Lida sera exploitée, elle, ainsi que des milliers d'autres, dans les camps de travail simplement à cause de leurs origines, elle qui sera étiquetée russe malgré ses origines ukrainiennes.  De nombreux ukrainiens sont morts de faim ou d'épuisement à cause de leurs conditions de travail démentes.  C'est hallucinant de voir comment la pensée raciale nazie était appliquée au moindre détail de l'organisation du camp de travail: selon leur rang, les prisonniers n'avaient pas droit à la même nourriture, aux mêmes travaux, aux mêmes libertés.  De le voir de l'intérieur, à travers le regard de Lida, est hallucinant et nous renseigne sur pleins de détails de la vie dans ces camps.  L'histoire en est moins prenante car très didactique, tout en restant poignante: comment ne pas avoir le souffle coupé en apprenant que les enfants de moins de 12 ans étaient vidés de leur sang pour alimenter les banques de sang des soldats blessés au front?  Comment ne pas voir la cruauté quand on faisait manger cote à cote des personnes dont l'une avait le droit à un bon ragoût plein de viande et l'autre une soupe claire de navet pourri?  Comment ne pas frisonner en se rendant compte que les russes et ukrainiens étaient privés de savon et étaient obligés de se laver avec de la soude, hautement irritante?  Ça et plein d'autres exemples montrent la dureté de la vie dans ces camps.  Lida est un personnage avant tout utile au récit.  Elle a certes une personnalité, mais, on voit que l'auteure l'a volontairement mis en présence de nombreux autres personnages pour nous montrer certaines réalités.  Ça passe bien, mais on voit quand même la ficelle.  Un excellent roman pour connaître une autre facette horrible du système concentrationnaire et nous faire comprendre que l'horreur ne s'est pas arrêté aux camps de la mort, qu'elle était encore plus vaste et plus tatillonne que l'on aurait pu le penser, sans avoir toute la puissance dramatique d'Enfant volée.

Ma note: 4.25/5

2 commentaires:

Gen a dit…

Dans un cours d'histoire de la médecine, le prof nous avait fait la liste de toutes les découvertes sur l'anatomie humaine découlant des nazis... Il n'avait pas parlé des méthodes utilisées pour réaliser ces découvertes, mais parfois on les devinait et ça donnait des cauchemars. (Par exemple, c'est "grâce" à eux qu'on sait que si on suspend quelqu'un assez longtemps la tête en bas, il finit par en mourir... :( ) De toutes les périodes de l'histoire humaine, c'est celle que je déteste le plus.

Prospéryne a dit…

Autant on a pu voir des horreurs durant cette guerre, autant on a pu voir des gens qui ont tout tenté pour en sauver d'autres. L'humanité peut être aussi merveilleuse qu'horrifiante...