Salut!
Il y a quelques temps, je suis entrée dans une boutique où l'on vendait des bijoux. La propriétaire avait mis en évidence quelques colliers (j'adore les colliers!), mais ce qui a plus particulièrement attiré mon attention au départ, c'est celui qu'elle portait: il me rappelait vaguement quelque chose. Quand elle m'a dit que c'était le collier d'Arwen dans le Seigneur des anneaux que j'ai allumé. En effet, c'était ça! Elle avait également l'anneau de Galadrielle et un collier en forme de Phénix tout droit sorti de Harry Potter (auquel je pense encore...). Genre de truc anodin qui m'a fait réfléchir... Je ne savais pas ce qu'étais ce collier, mais en même temps, je le savais. Et quand je l'ai su, ça m'a tout de suite ramené à un ensemble, à quelque chose de plus grand. Et la blogueuse de faire des liens mentaux et de chipper un morceau de papier discrètement pour prendre une note pour un futur billet. ;)
À une époque de l'histoire de l'humanité, les grands récits que tous connaissaient étaient les récits bibliques. Tout le monde pouvait vous raconter les grandes histoires de la Bible: la naissance du Christ, Pâques, bien sûr, mais aussi d'autres, à des degrés divers. L'histoire de Moïse fuyant l'Égypte avec son peuple, de Salomon et de sa justice, de David séduisant la femme d'un autre, les paraboles du bon grain et de l'ivraie, toutes ces histoires étaient connues par à peu près tout le monde. Cela variait selon le niveau d'éducation, tant scolaire que religieuse, mais du plus humble paysan au noble, tout le monde en avait entendu parler et au-delà de ces récits en eux-mêmes, ils se créaient un lien entre toutes les classes de la société à travers ces histoires. D'autres histoires existaient bien sûr, mais elle n'avait pas un écho égal à travers les régions et les cultures. Après tout, la Bible est avant tout une longue saga composée de multiples aventures et d'une pléthore de héros auquel tous peuvent s'identifier. Elle a façonné l'arrière-plan de la vie de nombreuses personnes. On retrouve sa marque à travers les innombrables expressions qui pullulent dans notre langue: être incrédule comme Saint Thomas, le fils prodigue, le fruit défendu, être en tenu d'Ève ou d'Adam, bon samaritain, rendre à César ce qui revient à César, etc.
Cependant, depuis les années 1960 et la fin de l'instruction religieuse à l'école, une grande partie de ce patrimoine a cessé d'être transmis. De façon assez brutale dans certains cas. Je l'ai réalisé en entendant un chroniqueur radio, par ailleurs également professeur d'université, constater ce fait en citant l'expression pauvre comme Job. Ses étudiants, étonnés, lui ont fait remarqué qu'il n'était vraiment pas pauvre Job. En fait, il s'agissait d'une simple méprise, le seul Job que ses étudiants connaissaient avait comme prénom Steve et a été le fondateur d'une célèbre marque au nom de pomme... Exit donc le récit biblique et ses référents pour les personnes qui, comme moi, sont nées après la sortie de l'Église de nos vies quotidiennes.
Néanmoins, on ne sort pas un grand récit sans créer un vide et c'est à ce moment que sont entrées dans nos vies les histoires qui transcendent tous les supports, qui créent des liens entre nous. Pensez à l'impact d'histoires comme Star Wars, qui dure malgré les décennies (et peu importe ce que vous avez pensé du 7e film!). Pensez au Seigneur des anneaux, pensez à Harry Potter. Pensez à toutes ces histoires qui entrent plus ou moins dans notre psychée collective et qui laissent des traces dans notre langue, dans notre imaginaire, dans notre façon d'aborder le monde. Les combats menés par Frodon montant à l'assaut du Mordor pour être dévoré par l'anneau au moment où il peut le détruire, n'est-elle pas une histoire aussi puissante que de nombreux récits bibliques? Où celle de Harry cherchant les horcruxes pour détruire Voldemort, où celle de Luke Skywalker s'entraînant pour affronter Darth Vador qui se trouve à être son propre père?
Ces histoires nous marquent et finissent par devenir une nouvelle mythologie, un nouveau point de repère entre les personnes qui les partagent. À des degrés divers et comprises à des degrés tout aussi divers, mais n'empêche, les gens les connaissent! Cela est dû en parti à une intense campagne de marketing et à une industrie affreusement cupide évidemment, mais reste que le résultat est là: d'autres histoires ont pris la place de celles qui ont dominés pendant les deux derniers millénaires. Je doute qu'aucune d'entre elle prennent autant de place que la Bible, après tout, ce ne sont pas des religions, mais ces histoires deviennent des récits qui créent un lien entre les individus, même entre les sociétés, même entre les cultures, peut importe la classe sociale, la langue (grâce à la traduction), la religion, le sexe, le lieu de naissance. Il faut voir la ferveur des fans qui se ruent au cinéma ou à la librairie lors de la sortie d'un nouvel opus pour comprendre: des gens qui ne se connaissent pas se mettent à parler d'un sujet commun avec une passion égale. L'impact sur la vie des gens est réel et se démultiplie encore plus depuis l'essor d'internet et des réseaux sociaux.
Ces nouveaux récits sont bien présents dans nos vies et nous lient au-delà du quotidien, au-delà du marketing, au-delà même de leurs personnages. Ils forment une partie de la nouvelle trame de notre imaginaire.
@+ Mariane
3 commentaires:
Haha! Pauvre comme "Steve" Job!
Je trouve ça bien que des oeuvres littéraires (et cinématrographiques) aient pris le relais des mythologies oubliées... mais en même temps, je trouve ça triste, car souvent ces oeuvres reprennent ces mêmes motifs mythologiques en les simplifiant. Je ne sais pas si les générations coupées de la "source" d'inspiration bénéficieront de la même créativité.
Pour ma part, je ne suis pas inquiète pour la créativité, parce qu'au fond, on récupère les mêmes thèmes depuis des millénaires, peu importe la source. Alors dans le fond, peu importe d'où ça vient, les futurs créateurs finiront bien par savoir les déconstruire.
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