Salut!
L'une des grandes difficultés quand on est libraire, c'est quand un lecteur aime d'amour, mais vraiment d'amour un auteur et qu'il a lu... tout ce qu'il a publié. Ça arrivait souvent avec des auteurs comme Patrick Senécal ou Stephen King. Les clients arrivaient, désespérés, avide de lire encore, mais ne sachant de un, pas vers où aller et de deux, avant tout à la rechercher de grosso modo la même chose. Et c'est là que le bât blesse.
Même les auteurs les plus commerciaux, même les livres les plus écrits en série, portant la patte de leurs auteurs. Des fois, j'avoue, la ligne est vraiment très très mince. On a l'impression de lire un auteur et on peut facilement les confondre. Malgré tout, il restera une petite différence. Évidemment, plus on ira vers des auteurs à la plume élaborée, plus les différences seront fortes et marquées. Mais même dans les ligues mineures, dans la production de masse, les auteurs se démarquent légèrement les uns des autres. Et ce sont ces petites différences qui font que les lecteurs allument sur un auteur en particulier. Ça peut être les descriptions, les traits d'humour, la façon dont l'intrigue est menée, tout ça entre en jeu.
Alors quand vient le temps de conseiller autre chose, mais pas tout à fait, ça devient vite difficile. De un, parce que les lecteurs veulent presque la même chose et que de changer un iota devient leur demander de contourner l'Everest. De deux, et bien, il faut savoir trouver, à tâton, avec des gens qui nous disent: Je lis du Stephen King parce que c'est bon (oui, bon, d'accord, mais qu'est-ce qui est bon?). Ils ont du mal à dire ce qui leur plaît dans l'écriture d'un auteur. Croyez-moi, c'est pas toujours si facile. Les lecteurs ont beau avoir plus de vocabulaire que les non-lecteur, des fois, c'est juste pas évident de les faire parler avec exactitude.
Il y a aussi le fait qu'aucun, mais je dis bien aucun libraire n'est un algorythme. Si, si! La méthode du grand empire au sourire en coin est simple: les gens achètent un livre, on leur proposera un livre qui est aussi souvent commandé avec lui. Ou qui se vend bien. Ou dont l'éditeur a payé pour qu'on le mette en valeur. Donc, vous avez aimé X, on vous recommande Y. Peu importe au fond qu'Y n'aie aucun rapport avec X. Ça se vend bien! J'avais magasiné une fois des films sur le site et on me recommandait deux films avec insistance, un drame historique et un drame psychologique n'ayant rien en commun... excepté que les acteurs principaux des films respectifs avaient triomphé aux Oscars la même année. Le lien? Sûrement pas dans les caractéristiques communes des deux oeuvres.
Vous avez aimé ce livre, vous aimerez celui-ci. Facile, très facile à dire. Dans le concret, tomber pile n'est pas si simple et ne se résume pas aux ressemblances dans la quatrième de couverture ou dans le style d'écriture des auteurs. C'est plus complexe et plus fragile. Ceux qui comprennent vraiment le processus n'ont que plus de respect pour le travail fait derrière, car celui-ci demande une énorme recherche personnelle et une excellente mémoire. Un véritable traitement de l'information, qui ne se fait pas avec des chiffres, mais avec des perceptions et de l'émotion... ainsi qu'une bonne dose de jugeotte, ce que ne possède malheureusement aucun algorythme.
@+ Mariane
2 commentaires:
Je ne causerais pas de gros maux de tête à un libraire car si j'aime Denis Thériault comme auteur c'est parce que ses 3 titres déjà écrits sont très différents un de l'autre. C'est d'ailleurs le défi qu'il se donne.
Pour être en mesure d'aider quelqu'un à choisir un titre, il faut un peu l'entendre parler de lui-même, c'est pas magique, sinon. Si la personne est discrète et silencieuse, je plains le libraire !
Les enthousiastes qui aiment trop un auteur sont presque aussi pire... Ils répètent: J'adore Patrick Senécal! trois fois en une minute, mais de là à savoir ce qu'ils aiment chez lui, ça vient pas toujours au bout du compte...
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