mardi 26 mars 2013

Une éducation bien secondaire de Diane Boudreau

Une éducation bien secondaire  Diane Boudreau  Collection Essai libre  Poètes de brousse 116 pages


Résumé:
Diane Boudreau a pris sa retraite de l'enseignement en 2012, cinq ans avant la date prévue, lasse de se battre contre le système pour faire ce qu'elle devrait avant tout faire: enseigner.  Elle raconte dans ce livre l'état actuel de notre système scolaire.

Mon avis:
On sent dès les premières pages le défoulement dans ce livre, celui d'une prof qui a consacré avec énergie pendant des années son temps et son talent à faire ce qu'elle souhaitait faire: enseigner.  Transmettre ses connaissances, sa passion pour la langue française.  Si on sent le défoulement, on sent aussi la très claire volonté de faire un état des lieux.  Non, les enfants ne sont pas responsables de tout, contrairement à ce qu'on entend souvent.  Leurs parents ont un rôle à jouer, mais bien plus les technocrates qui ne mettent jamais les pieds dans une classe et qui veulent dire aux enseignants comment enseigner.  Ainsi que les fonctionnaires du ministère, bien souvent plus près de leurs sous que du bien-être des élèves.  C'est une charge à fond de train contre le système d'éducation actuel, mais une charge logique, argumentée et rationnelle, pas uniquement bâtie sur la colère.  Et qui a une préoccupation principale: la jeunesse du Québec et son avenir.  L'avenir qui passe par une bonne éducation, de qualité, accessible à tous.  N'empêche, cet essai, comme plusieurs autres dans le domaine s'arrête là où le travail commence: ok, ça va mal, mais qu'est-ce qu'on fait?  Quelques pistes sont offertes à diverses occasions, mais sans plus, plus aléatoirement qu'autre chose.  Certes il y a péril en la demeure et il faut réformer, mais comment?  Vu le format très court, c'est compréhensible, mais en même temps, c'est frustrant.  Ce livre laisse un sentiment d'incomplet dans l'action, mais de complet dans la réflexion qu'il propose.

Ma note: 3.5/5

8 commentaires:

Sébastien Chartrand a dit…

Il faut déjà du cran pour oser dénoncer et faire état d'une situation. Même si on manque d'outils pour proposer les bonnes solutions, brosser un portrait réaliste ouvre la porte pour d'autres personnes puissent agir.

Lecture obligatoire dans ma session d'automne 2013, j'ai bien hâte de me plonger là-dedans...

Prospéryne a dit…

@Sébas, le hic, c'est que ça fait deux livres que je lis qui disent que ça va mal... et ne proposent pas de solutions. Il me semble qu'il serait possible d'en mettre une ou deux non? Quand on est si bien au courant des problèmes, on devrait avoir quelques idées des solutions non?

Grappille a dit…

Je suis d'accord avec votre critique. C'est un essai qui doit être lu, car c'est écrit avec une authenticité sans complaisance. Cependant, contrairement à vous, je crois que Diane Boudreau offre des solutions bien concrètes et facilement applicables si la volonté politique y est. Son dernier chapitre comporte dix pages de corrections tangibles à apporter aux conditions d'admission aux facultés d'éducation (cote R et TECFÉE), à l'administration du Mels, des commissions scolaires et des écoles, au contenu des programmes d'études au secondaire, etc.

Grappille a dit…

Je suis tout à fait d'accord avec vous. Pouvez-vous me dire quelle université a eu cette excellente idée ?

Prospéryne a dit…

@Grapille, de vagues suggestions, certes, apparaissent dans le texte, mais il n'y a pas de vision d'ensemble, pas d'idée porteuse. Oui, on pourrait apporter les changements que vous mentionnez, mais donné comme ça, à la pièce, c'est comme des plasters sur une jambe cassée: ça ne réglera pas le problème en profondeur. Je crois que ce qui me déçois dans cet essai est justement qu'il propose peut-être quelques pistes, mais sans oser franchir le pas et vraiment proposer des changements en profondeur. Et pourtant, le livre au complet est porté par une ferveur de changer la base du système pour en régler tous les problèmes. C'est une impression d'inachevé que j'ai.

XY a dit…

Chère Porspérine, vous conviendrez qu'il faut rendre à César ce qui lui appartient et apprécier à sa juste valeur le message qu'il apporte.

Le regard sur les autres et sur les choses comme celui que vous posez à la manière de considérer le verre à moitié vide nous éloigne de l'objectif central de ce minuscule, mais très audacieux et non prétentieux essai qui décrit et dénonce avec l'éclairage nécessaire la situation de l'enseignement au Québec.

Je crois que l'auteure, Diane Boudreau, a magnifiquement atteint son but en rendant cet ouvrage accessible à tous par son format en utilisant un langage clair et efficace.

Dans une société où le prêt à porter et le prêt à penser prévaut, j'espère seulement qu'il sera lu par un maximum d'enseignants et qu'il ne restera pas lettre morte, mais donnera à quelques jeunes flammes brillantes et énergiques le goût de relever le défis du siècle.

Quant aux pistes de solutions qu'elle propose, elles ont le mérite de transmettre le flambeau plutôt que de se l'accaparer et de se brûler. Je l'a félicite pour tout ça et te félicite du même souffle de l'avoir lu et de l'avoir sans doute fait connaître.

XY a dit…

Désolée pour la coquille dans mon précédent message où il aurait fallu lire au début de la dernière phrase: « Je la félicite... »

Prospéryne a dit…

@XY, primo, s'il faut rendre à César, je tiens à insister avec le sourire sur le fait que mon nom de plume bloguesque est bien Prospéryne et non Porspérine. :)

Je maintiens mon opinion. Elle n'engage que moi. Je recommande chaudement la lecture de ce petit essai, même si je trouve qu'il ne pousse pas assez loin. Proposer des solutions dans un livre, c'est bien, les appliquer est mieux, mais une chose avec laquelle je suis profondément d'accord est que Mme Boudreau met le doigt sur un point important: il faut remettre l'éducation au centre de nos priorités collectives. Vaste chantier qui est beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Et les moyens peuvent facilement se discuter.

Je tiens aussi à mentionner que si j'apprécie les commentaires sur mon blogue, j'apprécie à une égale valeur le fait que les gens le fassent à visage découvert, un acronyme de deux lettres me paraît un peu trop anonyme. :) Auriez-vous l'obligeance de vous présentez?

Merci!