vendredi 22 mars 2013

L'initiation à la littérature par les profs de français

Salut!

Au hasard de mes discussions, je suis tombée sur une fille qui parlait d'une pièce de théâtre d'Alfred de Musset, On ne badine pas avec l'amour.

-La pièce, au départ elle est poche et puis elle devient bonne au fur et à mesure qu'elle avance.  Ça, c'est parce qu'au départ, l'auteur il voulait pas écrire cette pièce et puis à un moment donné il s'est mis à s'y intéresser et c'est devenu bon.

-Qui t'a dit ça?

-Mon prof de français.

Mon prof de français...  Quatre petits mots qui recouvrent beaucoup de choses!  Au secondaire, les profs de français sont responsables de la transmission de la grammaire, de la syntaxe, de l'orthographe, de la lecture,  de l'écriture et de la ... littérature.  Le commentaire de cette copine m'a juste ramené à l'esprit ce que je sais depuis longtemps: les profs de français sont d'authentiques passeurs culturels littéraires.

Je me rappelle dans mes cours, à quel point j'adorais quand on abordait un nouvel ouvrage.  En secondaire un, une de mes profs avait longuement parlé la pièce Les fourberies de Scapin avant de nous la faire lire.  Je me rappelle encore l'affiche qu'elle avait préparée pour nous la présenter.  Elle nous donnait des indices, nous expliquait le contexte, clarifiait certaines détails (je lui dois de savoir ce qu'est qu'une didascalie!)  Elle nous donnait le goût de la découvrir cette pièce, mais en profondeur, en allant plus loin que notre compréhension de toutes jeunes adolescentes.  On avait ensuite vu cette pièce jouée par une troupe de théâtre et tous les petits indices de lecture qu'elle y avait glissé m'avait permis de rire doublement aux aventures de ce roublard de Scapin!

Il en a été ainsi pour tout un tas de livres que j'ai été obligée de lire durant mes études, du Vieil homme et la mer à Maria Chapdelaine.  Mes profs de français, à mon corps défendant parfois, m'ont fait découvrir de larges pans de la littérature mondiale, traçant des chemins pour moi que je n'aurais pas parcouru autrement, m'ouvrant des portes que j'ai ensuite allègrement utilisée par moi-même.

Faire découvrir la littérature, ça ne consiste pas qu'à mettre un livre dans les mains d'un élève.  C'est plus important comme boulot que simplement ça.  Il faut savoir déblayer le chemin vers l'oeuvre, aller nouer le fil entre le monde dans lequel vit le futur lecteur et le livre que l'on veut faire lire.  Raconter des anecdotes est un excellent moyen.  Il y a tant à dire sur les auteurs, qui ont eu une vie souvent hors-norme (je pense ici à un certain échange épistolier entre George Sand et Alphonse de Musset entre autre détail croustillant!), surtout ceux du XIXe siècle.  On peut parler du procès de Flaubert, des déboires financiers ou de l'ascendance de Dumas, des combats politiques de Victor Hugo.  Ça aide à mieux comprendre leurs oeuvres, en même temps que ça pique la curiosité de les lire.  Et croyez-moi, les profs de français sont des as pour faire ça.

@+ Mariane

4 commentaires:

Sébastien Chartrand a dit…

TOUS les enseignants, quelque soit leur discipline, on la responsabilité (que dis-je, le devoir) de faire la promotion de la littérature. Au primaire, la phase est cruciale, car c'est là que l'enfant apprend - ou non - à aimer le livre. Toutefois, les histoires du préscolaire jouent un rôle fort important avant même que l'enfant ne sache lire. Au secondaire, je me souviens que c'est un prof d'éducation physique qui m'a intéressé à Rabelais en nous parlant de Gargantua. Mon prof de math's était un fervent amateur d'Isaac Asimov. J'ai eu d'excellents profs de français, bien sûr (vous cinq avez été géniaux, en passant, si vous me lisez). Mon prof d'histoire de secondaire 2 faisait la promo de roman pour chaque période historique qu'il abordait: les Enfants de la Terre en début d'années, puis les romans égyptiens de Jacq, les murailles de feu de Presfield, ainsi de suite... il en parlait avec une telle passion !
Effectivement, larguer un bouquin dans les mains d'un enfant ou d'un ado ne sert pas à grand chose... mais une fois qu'on a vanté le livre, qu'on l'a expliqué, qu'on a piqué la curiosité...

pour aller plus loin, je pense que tous les lecteurs ont le devoir de faire la promo des livres qu'ils ont aimé. Après tout, considérant qu'on passe plusieurs heures de plaisir grâce à cet auteur, qu'est-ce qu'un petit 10 minutes de plogue pour le remercier ?

mais au sein d'une école, surtout... lorsque l'on embrasse la vocation professorale, la première préoccupation devrait être de faire éclore l'intellect de l'élève... et la promotion de la lecture est un aspect essentiel.

Gen a dit…

Coudonc... J'pense que j'ai eu des profs de français particulièrement poche, parce qu'à part un d'entre-eux, aucun n'a réussi à m'allumer pour une oeuvre. Ma découverte de la littérature, je l'ai faite grâce à mon papa, grand lecteur, à mes propres explorations et à mes profs d'histoire, qui parlaient toujours d'un roman historique ou d'un autre.

Au cégep (en littérature) là j'ai eu des profs plus allumés.

Hélène a dit…

Comme Gen, je crois que j'ai eu droit aux profs poches et blasés. Mon meilleur souvenir vient du cegep, mon prof de romans nous a fait décortiquer Les fous de bassan d'Anne Hébert, parce qu'elle faisait une maîtrise sur ce roman, et ça a rendu l'étude passionnante. Sinon, rien à rapporter, donc rapidement oublié. Il faut dire que les élèves d'une même classe ne reçoivent pas tous les mêmes enseignements, il faut y être réceptifs, alors je suppose qu'à l'époque, ça ne m'intéressait pas suffisamment. Dommage!

Prospéryne a dit…

@Sébas, j'aurais aimé avoir ton prof d'éduc et de math... Malgré tout, je crois que ceux-ci étaient d'abord passionné par leurs lectures, c'est ça qui les rendait intéressant.

@Gen, :(

@Hélène, coudonc, j'ai eu des exceptions comme prof de français ou quoi? :P