Salut!
À première vue, les bibliothèques et les librairies sont deux trucs presque semblable, la seule différence étant que l'un d'entre eux vend et l'autre prête. Grossière erreur. Bon, ok, quand on regarde de l'extérieur, on peut le penser, mais ce n'est vraiment pas le cas. En tant que libraire, je ne me sens pas le moins du monde en compétition avec les bibliothèques de ma région. Pour être honnête, plusieurs bibliothécaires viennent faire leurs achats à la librairie et c'est un vrai plaisir de travailler avec elles (toutes les bibliothécaires que je connais sont des femmes, hasard!). Et il faut le dire, j'adore aller à la bibliothèque de ma ville. Les travails de libraire et bibliothécaire sont parfaitement complémentaires, on a toute le même matériau de base, soit le livre, mais en même temps, l'approche qu'on en a est totalement différente.
Le mandat d'une bibliothèque est de répondre aux besoins de la population qu'elle dessert. Oui, une bonne bibliothécaire va acheté tous les best-sellers et est à la base une personne qui adore lire et qui a la passion du livre, mais en même temps, elle voit beaucoup plus large que seulement ses propres perceptions. Elle est au service d'une collectivité, donc, si elle sait que dans ses abonnés, il y a des gens qui sont par exemple, très intéressé par un sujet précis du domaine industriel parce qu'une nouvelle usine vient de s'installer en ville, elle doit être capable de prévoir ses achats en fonction de combler ce besoin. Une bibliothèque est un service public. Organiser des activités gratuites, animer la vie de la communauté, développer le goût de lire des plus jeunes, les bibliothécaires, surtout ceux des petites villes sont appelés à être terriblement polyvalente. Mais face au livre, le regard qu'elles portent sur lui est plus neutre. Ce n'est pas le regard du libraire. Elles regardent le livre selon le point de vue du service public et le livre est l'outil qu'elles ont pour pouvoir rendre ce service.
Le mandat d'une librairie est tout autre. Premièrement, et la nuance n'est pas mince, une librairie, tout comme les éditeurs et les auteurs, font partie d'un marché. C'est donc une entreprise commerciale. N'allez cependant pas voir l'argent qui y circule comme corrompant la mission culturelle précieuse des librairies: de l'argent, ça en prend pour faire rouler le commerce et vivre les libraires. Et ceux qui croient que l'on devient riche avec les librairies se trompent, de tous les commerces de détails, les librairies sont ceux qui ont la marge de profit la plus faible. Mais oui, c'est vrai, c'est une entreprise commerciale. Alors le but est de vendre des livres. Par quel moyen? L'un d'entre eux est de connaître sa clientèle sur le bout des doigts et d'avoir en magasin ce qu'ils souhaitent y trouver. De faire de beaux étalages pour attirer les gens dans la librairie et offrir une belle ambiance (mes patrons sont des champions à ce point de vue-là) D'offrir un service de qualité et constant. De permettre aux gens d'avoir accès aux livres, de les feuilleter, de bouquiner. Bref, de créer un endroit où le contact avec les livres se fait. Ça c'est la première différence.
La deuxième et elle n'est pas la moindre, c'est que les librairies se nourrissent de la nouveauté. Une bibliothèque qui fait l'acquisition d'un livre va le garder très longtemps sur ses tablettes. Ce n'est pas le cas de la librairie: les livres y vivent beaucoup moins longtemps. C'est parfois terrible et pourtant nécessaire: les livres les plus anciens laissent la place à la nouveauté. Il y a un roulement beaucoup plus important en librairie qu'en bibliothèque. Et le travail des libraires est de connaître et de faire connaître les nouveautés, pas tous les moyens en leur possession: étalage, internet, mais avant tout et surtout, le conseil, de personne à personne. Les bibliothécaires le font aussi également, mais dans une moindre mesure. Ce n'est pas leur mandat de base. C'est celui des libraires. Et une librairie est une vitrine exceptionnelle sur l'offre éditoriale en vigueur au moment précis où on en passe la porte.
L'un contre l'autre, les bibliothèques et les librairies? Hé non! Pas du tout! On se complète, je le répète! Une ville sans une bonne bibliothèque n'est pas une ville de culture. Et une ville sans une bonne librairie a un trou dans sa vie culturelle. On se complète. Les gens ne sont pas tous prêts à acheter tous les livres qu'ils veulent lire et se tournent vers les bibliothèques qui permettent à des auteurs moins connus de rejoindre leur public de lecteurs. Et ainsi, de les découvrir, pour ensuite, soit en parler à leurs amis et d'activer le circuit du bouche-à-oreille ou encore d'aller acheter un autre livre de cet auteur dans une librairie. C'est une roue qui tourne. Les bibliothèques et les librairies se nourrissent l'une et l'autre. Ce n'est pas de la compétition, c'est de la coopération.
Et dans tous les cas, le livre est gagnant.
@+ Prospéryne
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