lundi 8 août 2011

Savoir conseiller un livre

Salut!

Holàlà, le défi.  Marcher sur la corde raide?  Non, conseiller des livres.  Soyons honnête: conseiller des livres est la partie de mon boulot que je préfère et de très loin.  Je me tape parfois des phénomènes qui me demande des trucs invraisemblables, mais c'est pas grave: On y survit!  Je me compare toutefois mentalement à une vendeuse de lingerie en pensant à ce que je dois faire dans ma vie quotidienne.  C'est tellement personnel, conseiller des livres!  Des détails peuvent être complètement repoussants pour certaines personnes et pour d'autres, au contraire, attirants.  La plupart des livres que je conseille, je les aies lus, ou, si ce n'est pas le cas, j'ai lu les avis de plusieurs personnes sur pour me faire une opinion.  Comprenons-nous bien, c'est impossible de lire tout ce que se publie chaque année, alors, les critiques des autres sont très utile.  N'empêche, c'est toujours plus facile pour moi de conseiller des livres que j'ai lu d'une couverture à l'autre.

Comment je fais?  Hum, je dirais que c'est très personnel à moi.  Je me base beaucoup sur les lectures passées des gens.  Je pose des questions ouvertes, leur demandant quels livres ou quels auteurs ils ont aimé.  Je tremble un peu quand on me sort Patrick Sénécal, Marc Levy ou Guillaume Musso.  Ce sont des auteurs difficiles, parce que les gens qui les ont aimé chercher à retrouver la même émotion, mais ils ne retrouveront jamais pile la même chose avec un autre auteur et c'est pourtant ce qu'ils recherchent.  Par contre, d'autres fois, on me sort des auteurs que je ne connais pas.  En demandant aux clients de m'en dire davantage sur eux, je fais à la fois mon métier pour leur conseiller de bons livres et j'apprends pour les autres qui passeront ensuite!  Double coup de dés en quelque sorte.  Le client en sort gagnant et moi aussi.  C'est souvent en posant ces questions que je me fais ma petite idée.  Je pense mentalement à deux ou trois titres, rarement plus.

Ensuite, je me déplace dans le magasin pour aller vers les livres.  Avec le livre dans les mains, c'est tellement plus facile.  Le client le regarde.  La couverture aide à la vente c'est sûr, mais le client va presque aussitôt zieuter la quatrième de couverture.  Dans un seul cas dans tout le magasin, je leur dis de ne pas la lire, parce qu'elle est carrément pourrie (Ailes d'Aprilynne Pike si vous y tenez!).  Durant le temps qu'il la lise, j'économise ma salive (je placote comme une véritable pie le reste du temps si vous ne l'aviez pas compris) et je surveille leur réaction.  Positive, ok, on continue avec une autre suggestion dans la même veine.  Sinon, je réajuste le tir, parfois en posant d'autres questions, d'autres fois simplement en proposant quelque chose de différent.  Et question d'honnêteté, je ne conseille pas un livre que je n'ai pas aimé en disant que je l'ai aimé.  Si je n'ai pas aimé, je précise qu'il s'agit de mon opinion, mais j'insiste sur les qualités du livre trouvé par d'autres.  Après tout, il faut de tout pour tous les goûts.  Même chose si je n'ai pas lu un livre, je n'en fait pas un mystère pour autant.  La vérité étant que j'ai lu l'avis d'autres lecteurs sur le sujet, je le dis, tout simplement.  C'est d'ailleurs presque tout le temps le cas en policier!  Certains clients n'apprécient pas, mais la plupart sont contents de savoir que je ne leur mentirais pas pour faire vendre de la copie.  Et si j'ai détesté un livre, je ferme ma petite bouche tout simplement, à moins que l'on me demande mon avis!  Je ne plante pas les livres que j'ai détesté, parce qu'ils peuvent correspondre aux goûts de quelqu'un d'autre.  J'ai beau être libraire, je ne détiens pas la vérité non plus!

Ensuite?  Et bien, bien souvent, je laisse le client décider, je lui conseille un fauteuil pour qu'il puisse regarder librement les livres, je m'éloigne le temps qu'il fasse son choix, ou s'il est fait, je l'accompagne jusqu'à la caisse.  Dans tous les cas, je ne mets jamais la pression à personne.  Jamais.  Si le client repart avec mon coup de gueule en dédaignant mon coup de coeur, je ne le prends pas le moins du monde personnel.  C'est ainsi, tout simplement.  Si le client repart heureux, mon but est atteint.  Si ça m'a pris une demie-heure pour lui permettre de trouver ce qu'il désire, et bien, ça m'aura pris ce temps-là tout simplement.  Et je ne suis pas déçue non plus si lors du passage à la caisse, le client dépose uniquement un livre sur le comptoir.  Si j'ai passé une demie-heure à parler de toutes sortes de bouquins avec lui, je sais qu'il va sortir satisfait de la librairie et que ça va lui donner le goût de lire.  Et peut-être de revenir qui sait!  Ce n'est pas un but en soi, mais il est évident qu'un client satisfait reviendra plus souvent qu'un autre.  Peut-être que mon patron ne serait pas parfaitement d'accord avec moi, mais il a la gentillesse de n'avoir jamais rien dit sur mes méthodes.  C'est cette liberté qui me permet de faire pleinement mon métier.  Merci Boss!

Car oui, il y a des clients qui reviennent.  Et qui me demande.  Ceux-là, je les connais par leurs noms, je peux vous citer des livres que je leur aie déjà fait acheté, vous parler de leurs goûts.  Quand des nouveautés arrivent et que je sais qu'elles peuvent leur plaire, j'envoie un courriel ou encore je téléphone.  Ce sont mes clients à la fois préférés et que me donnent le plus de fils à retordre.  C'est ainsi, quand ça fait un bout de temps que l'on conseille des livres à quelqu'un, des fois, on vient à bout d'idées neuves!  Mais la relation entre moi et eux est aussi importante et j'en viens souvent à connaître de petits bouts de leurs vies.  Ce sont les clients à la fois les plus difficiles et les plus gratifiants.  Je suis toujours heureuse de les voir passer la porte!

Alors voilà, tout l'art de conseiller des livres de la part d'une libraire!

@+ Prospéryne

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