lundi 13 septembre 2021

On pardonne les défauts des oeuvres qu'on aime

 Salut!

L'autre jour, une amie me parlait d'un livre qu'elle avait adoré.  Son enthousiasme était vibrant quand elle m'en parlait: j'imaginais ses yeux pétiller et son ton de voix au téléphone était terriblement enthousiaste.  Sauf qu'ayant lu le dit-livre, je ne le partageais pas.

-Les personnages sont pas très forts dans ce livre.

-Ah, non, c'était génial, j'ai tellement embarqué dans...

Je ne vous mets pas la suite de la conversation.  Parce que mon cerveau a fait tilt à j'ai tellement embarqué.

Prenons un exemple: si on a adoré le Seigneur des anneaux, on a tendance à oublier les longueurs, les moments où Tolkien nous détaille telle partie de son univers, les longs poèmes que les Hobbitts chantent (surtout si vous ne trippez pas sur la poésie), le fait que l'histoire n'avance pas toujours au même rythme...  On oublie tout ça, tout simplement.  Parce que l'on est avec Frodon quand il est tenté par l'anneau, aux côtés d'Aragorn dans le gouffre de Helm, on chevauche des arbres avec Merry et Pippin.  On s'attache aux personnages, à leurs aventures et au final?  On oublie les faiblesses de l'oeuvre que l'on est en train de lire.

Mais quand l'inverse se produit, par contre, quand on n'est pas emporté par l'oeuvre, fiou, les défauts nous sautent au visage!  C'est alors que les pires critiques sortent: mal écrit, personnages mal foutus, absence de style, intrigue ennuyante, mettez-les tous on l'a tous déjà dit à propos d'un livre (sauf mon filleul de trois ans et demi, mais laissez-lui le temps, ça va venir!).  Parce qu'on n'a pas le petit houmpf qui dans une autre oeuvre, faire pâlir les défauts et les faiblesses d'une oeuvre.

J'ai déjà lu des livres que j'ai adorés tout en étant objectivement capable de dire que ce n'était pas de la grande littérature.  Mon souvenir de lecture reste encore enchanteur malgré tout.  Je voyais les erreurs, les coins tournés dans l'intrigue, les réactions des personnages mal enlignées, tous ces petits détails, mais j'étais tellement emportée par le récit que je l'oubliais un peu.  Par contre, une amie à laquelle je l'avais fait lire avait levé les yeux au ciel à bien des détails.  Je la comprenais, mais j'étais déçue qu'elle ne partage pas mon enthousiasme.  Parce que c'est ça que l'on aime le plus dans la lecture: quand on peut partager un trip avec un.e autre lecteur.rice.

Ce n'est pas faire preuve de manque de rigueur ou d'oublier ses principes quand on aime une oeuvre pleine de défauts.  Au contraire: le but de la littérature est d'emporter le lecteur et de le faire vibrer.  Ce n'est pas tout le monde qui vibre aux mêmes éléments d'un texte.  Et si ce qui vous fait vibrer est présent et bien fait... ben vous pouvez plus facilement pardonner le reste.  C'est aussi ainsi qu'un chef-d'oeuvre pour une personne est d'une nullité totale pour une autre, en dehors de toutes qualités littéraires: chacun ses goûts et chacun ses angles morts quand on a plein la vue de ce que l'on aime.

Et enfin, bref, c'est comme pour les gens qui nous entourent: vous allez toujours beaucoup plus facilement pardonner aux gens que vous aimez d'amour qu'aux autres.

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

Tout à fait : on pardonne bien plus à une oeuvre qu'on aime!
Le moment où ça bug, c'est quand une personne refuse d'admettre des défauts à une oeuvre, parce qu'elle l'aime. (On peut aimer sans être aveugle... ça fait même des meilleures relations! lolol!)

Prospéryne a dit…

Aimer sans être aveugle est applicable à une grande variété de situations... pas juste aux oeuvres littéraires!