lundi 23 mars 2020

Vous vous imaginez les histoires qu'on va avoir à se raconter?

Salut!

Je vous aie déjà raconté l'histoire de la première cuite de mon frère?  Non?  Bon, vous la demanderez la prochaine fois qu'on sera assis autour d'une bière.  Parce que  je finis toujours par raconter que mon grand frère a pris sa première cuite... le 4 janvier 1998, à la veille du verglas.  Mon père n'y a pas pensé et a mis son manteau, ses bottes, bref, tout son linge sur la rampe d'escalier, dehors.  Il y avait un pouce de glace dessus le lendemain.  Il a retrouvé son stock au printemps...

J'ai plein d'autres histoires du verglas à raconter comme ça.  Les circonstances sortaient terriblement de l'ordinaire il faut dire, alors ça donnait l'occasion de générer un paquet d'histoires qui n'auraient jamais eu lieu autrement.  Enfin, quand autrement que là mon frère aurait vu ses vêtements disparaître sous trois pouces de glace?  Sérieusement, quand?  (Il a fallu expliquer la présence de cette étrange bosse à la parenté qui est venue à la rescousse... sans mettre Frérot dans l'embarras! Une autre histoire croustillante à raconter!)

Il y a des écrivains qui excellent à prendre un événement anodin de la vie quotidienne pour en faire une histoire, mais ils sont infiniment minoritaire.  Même Michel Tremblay, qui pourtant est un maître dans le genre, tisse sa toile autour d'un minuscule événement qui bouleverse le quotidien.  La grosse femme d'à côté est enceinte raconte une journée somme toute ordinaire d'une famille ordinaire d'un quartier ordinaire de Montréal, mais...  Mais il a le don de trouver dans tout cet ordinaire les minuscules moments d'extraordinaire et de mettre une loupe dessus, transformant ces moments en petits bijoux de littérature.  Mais Michel Tremblay est une exception.

La plupart du temps, les histoires prennent place dans un moment où la vie ordinaire est bouleversé.  Un deuil, une séparation, un nouveau travail, une rencontre, un déménagement, la liste est vraiment très très longue.  C'est souvent cet événement qui est le moteur de l'histoire, qui est le coeur de ce qui provoque la cascade des événements de l'intrigue.  Il y a quelque chose qui se passe et ça bouleverse le cours normal du quotidien.  Et on a une histoire.  Tsé, la plupart des romans de SFF commencent quand on débute l'impossible quête pour sauver le royaume/ la planète/ l'univers.  Entre autre!  Mais ça ne va pas sans douleur.  Les personnages doivent d'abord s'adapter à cette nouvelle réalité.  Ils doivent en prendre conscience, quitter leurs pantoufles et agir.  Et ça crée des histoires.

Quand ces bouleversements arrivent dans la vie réelle, ils provoquent le même phénomène: comme on est déboussolé, hors de nos bottines, on est par essence plus attentif, plus apte à retenir.  Et alors, les petites histoires toutes simples deviennent des anecdotes dont on se souvient longtemps.  Elles deviennent partie prenante du fil des événements et longtemps après, on aime se les rappeler comme on se rappelle le bon vieux temps.  Comme les militaires qui se racontent leurs histoires de batailles.  Comme les survivants de catastrophes se rappellent un repas, une rencontre. Comme la cuite de mon frère.  Comme on se rappellera mille et une petite chose qui sont arrivées durant cette pandémie où même si tout le monde est chacun chez soi en train de regarder en rafale des séries télés.  Il en sortira mille et une petites histoires que l'on se racontera un jour en riant sans doute, parce qu'on aura plus les pieds dedans.  En gang, autour d'une bonne bière idéalement.

En attendant, lavez-vous bien les mains pendant vingt secondes!

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

Belle manière de voir les choses. Ton animatrice d'atelier te suggère d'ailleurs fortement de te faire un carnet de pandémie. Distinct des autres (pour éviter la contagion), ça sert à noter le quotidien, comment tu te sens, ce que tu fais, à quoi tu réfléchis... ça servira plus tard... et ça évite aussi d'avoir besoin d'un psy trop vite, parce que par Skype c'est pas super pratique! ;)

Prospéryne a dit…

Étant donné que j'ai une amie psy qui fait des consultations par Skype, je vais effectivement attendre d'y avoir recours: ça n'a pas l'air d'être évident!

Pour le journal, c'est déjà commencé en effet... ;)