lundi 27 septembre 2021

Oui, mais moi, je n'aime pas ça les trucs de SF/ Fantasy/ Fantastique

Salut!

J'ai grandi dans une famille où l'on trippait Star Trek et Star Wars sans distinction.  J'ai regardé Cosmo 1999 avec Frérot et j'ai dévoré les films de Retour vers le futur avec mes parents.  J'ai vu (et lu Dune) très jeune.  J'ai trippé sur des récits fantastiques, sur les contes de fées, les récits de l'imaginaire.  J'ai fréquenté des trucs archi-connus autant que des récits plus nichés.  Bref, j'étais branché dans les genres de l'imaginaire pratiquement à partir du berceau.  Ça a toujours été comme ça.  Et puis est venue cette collègue de travail, alors que je commençais à travailler.  Je n'avais pas encore vingt ans et elle me déclare:

-Ah, moi, j'aime pas ça ces trucs-là.

Ce que je me rappelle le plus, c'est le petit nez en l'air méprisant, le dédain de son expression et le dégoût dans ses yeux.

-Mais comment tu fais pour ne pas aimer ça?

-C'est pas réaliste!

Hum, ok.  Mettons.  Les histoires de Sex in the city qu'elle dévorait était plus... réaliste?  Se passait dans notre monde, avait des personnages qui avaient des chances d'exister, oui.  Mais les Carrie Bradshaw ne courent pas les rues: leurs chances d'exister sont infiniment supérieures à celles d'un Spock et d'un Han Solo, certes,  mais est-ce que ses aventures sont plus réalistes?  Oui, si on ne pense qu'à ce qui est possible dans les limites de notre monde.  Non quand on pense au nombre d'aventures qu'elle vit et je ne parle pas de sa vie sexuelle: elle n'a pas une vie normale, elle a une vie de personnage dans une fiction.  Donc, ses chances de vivre des choses qui sortent de l'ordinaire sont de loin supérieures à la moyenne.  Mais oui, on pourrait aller dans les mêmes restos qu'elle et siroter un verre du même vin qu'elle, contrairement à la bière romulienne.  Quoique...

Bref, réaliste comme se passant dans notre monde, non, vous ne trouverez pas ça dans les genres de l'imaginaire.  Mais réaliste comme étant une métaphore de notre monde, y reproduisant des situations qui pourraient survenir (conflits, guerre, histoires d'amour, déchirement entre tradition et modernité, intrigues politiques, etc, etc, etc), mais dans un cadre différent, avec des références différentes, oui.  Quand on connaît bien le genre, on voit comment ce que l'on y écrit est profondément humain.  Alors pourquoi certaines personnes n'aiment-elles pas les littératures et les oeuvres de l'imaginaire en général?

Je crois que ce n'est pas tout le monde qui est capable d'apprécier l'abstraction que le genre demande.  Parce qu'il faut savoir sortir de ses pantoufles confortables pour savoir aller vers un enrobage qui peut être déstabilisant.  Parce qu'une course-poursuite soit en voiture ou en vaisseaux spatiaux, on peut embarquer autant dedans!  Il faut aussi devoir être capable de développer de l'empathie envers des gens, des situations et des causes qui nous sont étrangères.  On sait très bien combien peuvent être déchirant les séparations de couple, mais si on voit dit que dans une espèce extraterrestre, les couples sont faits de quatre personnes, ça peut être... déstabilisant! Ces petites sorties de notre réalité concrète, ces pointes d'imagination qui vont voir ailleurs, poussent un peu plus loin, réinventent notre réalité ne plaisent pas à tout le monde, je le reconnais.  Mais c'est aussi ce qui fait le charme du genre: sa seule limite est celle de l'imagination humaine et bon, ça, on est pas trop en manque de stock.

Je crois que les littératures de l'imaginaire sont faits pour tout le monde, mais ceux qui ont grandi dedans savent à quel point ce genre demande juste à ne pas s'attendre à croiser nos personnages favoris au coin de la rue.  Mais que derrière les artifices, ces histoires parlent profondément de l'humanité.  Et ça, et bien, toutes les personnes qui aiment la fiction ont ça en commun!

@+ Mariane

4 commentaires:

Gen a dit…

J'ai souvent eu l'impression que les adultes qui n'aimaient pas les genres de l'imaginaire s'étaient fait piétiner leur imaginaire lorsqu'ils étaient enfant. Ils se sont souvent fait dire bien vite que la magie c'est des contes de fées, des histoires pour les bébés. Déjà ma fille a 7 ans et certains de ses ami.e.s disent "les dragons ça n'existe pas, c'est des histoires de bébés". Et ma fille de répondre : "Tes super-héros existent pas non plus" lolol

Prospéryne a dit…

@Gen, J'adore ta fille!

Andréa Renaud-Simard a dit…

J'ai parfois l'impression que beaucoup de lecteurs veulent tout comprendre tout de suite. Quand on lit de la science-fiction ou de la fantasy, il faut souvent poursuivre notre lecture sans avoir toutes les clés, parce qu'on sait qu'on va comprendre plus tard. Ce n'est pas quelque chose avec lequel tous les lecteurs sont habiles, je crois. Il faut le pratiquer.

Prospéryne a dit…

@Andréa, en effet, c'est ce que je voulais dire en parlant de sortir de ses pantoufles. La science-fiction fonctionne beaucoup avec des allégories et des métaphores, il faut accepter de ne pas tout comprendre avant de faire, wow!