lundi 8 février 2021

Comme un hameçon à l'attention

Salut,

Vous être en train de lire un livre.  Je veux dire, vous êtes vraiment dedans.  On est en plein milieu de l'action, l'intrigue déboule sous nos yeux, votre héros ou votre héroïne multiplie les péripéties et...  et sonne la fin de l'heure du dîner, l'heure d'aller dormir, l'heure d'aller s'entraîner, de faire le souper, de faire du ménage (non, ce c'est jamais une raison d'arrêter de lire).  Certaines personnes pourraient aussi entendre le son de leur réveille-matin, mais personnellement, ça ne m'est jamais arrivé.

Sauf que là, commence le moment de la torture.  On est bien accroché au livre, on veut savoir la suite, mais genre, vraiment beaucoup.  Sauf qu'on ne peut pas.  On est en voiture, au téléphone, au boulot (il y en a qui ne considère pas ça comme un obstacle, mais ce n'est pas mon cas!) et on pense à notre livre.  Ce n'est pas tout le temps-là, mais ça le reste, à la frontière de nos pensées.  Notre héroïne vient de découvrir le secret de la potion qui mettra fin à la famine dans son pays en restaurant l'abondance.  Trouvera-t-elle tous les ingrédients?  Notre héros a enfin réussi à comprendre le fonctionnement du nouveau logiciel.  Réussira-t-il son infiltration?  Et ainsi de suite et ainsi de suite.

On est fonctionnel, on avance, on fait nos trucs, mais!  Une partie de notre attention est ailleurs.  Notre livre nous attire comme un aimant.  Pourtant, il ne fait rien comme tel.  C'est nous, lecteur, qui sommes attirés par lui.  On veut retourner dedans, savoir la suite ou la fin.  Notre livre est le maître de notre attention, comme un pêcheur qui aurait ferré un poisson au bout de sa ligne.

De l'extérieur, rien ne paraît.  Le processus est entièrement interne. Ça gruge de l'intérieur.  On peut être un peu plus grognon que d'habitude, expédier les tâches ingrates du quotidien avec un peu plus de vigueur, mais, mais...

Seul le lecteur connaît l'intensité du petit fil qui le relie à son livre et combien la hâte d'aller le retrouver pour plonger de nouveau dans son histoire peut le ronger.

Un lecteur bien ferré, au contraire d'un saumon, ne se débat pas pour s'éloigner du pêcheur.  Il se débat pour retourner le plus vite possible auprès de son livre.

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

Je n'ai jamais entendu le son de mon réveil-matin... mais j'ai déjà mis mon réveil plus tôt pour continuer à lire avant le travail! (Cela dit, ça fait longtemps que je n'ai pas été aussi happée par une lecture... soit je suis moins chanceuse qu'avant dans mes lectures, soit je vois plus la mécanique et donc je décroche plus facilement... soit j'ai trop besoin de sommeil! lolol!)

Prospéryne a dit…

Je crois que ce genre de lecture survient moins souvent avec le temps. Mais quand on en attrape une, ça devient d'autant plus prenant!