lundi 12 août 2019

Si on a pas le temps, on va à l'essentiel, mais si on l'a?

Salut!

Je crois que la plupart des amoureux des livres se reconnaîtront dans cette image.


Ben oui, on le sait!  Le film ne représente que la partie émergée de l'iceberg du livre...  Il est pratiquement impossible de faire rentrer un livre de 500 pages dans un film de 2h-2h30 sans forcément avoir à couper ici ou là, laisser tomber un passage, en recoller deux autres ou faire tout un tas de compromis en terme de  décors, de déplacements, ou de toutes autres choses que l'auteur(e) a mis dans son bouquin.  D'autant plus que le langage narratif d'un livre et celui d'un film sont forcément très différents.  Oublier les narrateurs omniscients si populaires en littérature au cinéma, vous voudriez faire taire cette voix qui raconte tout au bout de trois minutes... Toute adaptation au cinéma est donc forcément le fruit de beaucoup de décisions pour que le produit cinématographique respecte l'esprit de l'objet littéraire tout en restant une oeuvre en elle-même.  Tout ça à cause de contraintes de temps et de production.

On est d'accord n'est-ce pas?

Ok, alerte au pavé dans la marre!

...et la série télé elle?

Boum, on change complètement la donne!  Soudainement, les contraintes de temps viennent de sérieusement s'alléger, étant donné qu'on vient de doubler, voir tripler le nombre d'heures qu'il est possible de consacrer à une oeuvre.  On peut dans une série télé s'étendre sur ce thème secondaire ou bien cerner les motivations de ce personnage d'arrière-plan, qui justement, rendaient le roman intéressant.  Ça change tout.

Quand on pense à tout ce qui peut tenir dans une série télé, on peut se demander si l'idée derrière l'image tient toujours la route.  Oui et non.  De un, parce que, comme je l'ai dit, le langage narratif reste très différent entre le livre et le film ou la série télé.  C'est l'image qui domine.  Dès le départ, on doit donc changer la façon de présenter l'histoire.  De deux, la forme épisode, qui raconte une partie d'une histoire dans un épisode tout en présentant un arc narratif couvrant une plus grande période (quelques épisodes, saison, série complète, etc) est différente de celle du roman, ce qui fait en sorte de... couper ici ou là, laisser tomber un passage, en recoller deux autres ou faire tout un tas de compromis en terme de décors, de déplacements, etc.  Comme pour un film quoi.

Mais on aura du temps pour raconter l'histoire.  Peut-être que si Harry Potter avait été adapté en série télé et non en film, on aurait eu droit à plus de scènes de Quidditch (et à la scène de dégnomage de jardin dans le deuxième.  J'ai toujours pas pardonné aux scénaristes de l'avoir coupé!).  Tom Bombadil aurait eu sa place dans le Seigneur des Anneaux.  Et bon, je ne ferais pas la liste: tous les lecteurs ont leurs moments fétiches qui ont été coupés pour l'adaptation au cinéma.

Bon et là je sèche...  J'ai beau me dire que ça doit faire une sacrée différence, j'ai beau réfléchir, je ne trouve aucune série adaptée d'un livre que j'ai déjà lu que j'aurais vu récemment...  Que j'ai vu oui (Altered Carbon :D ) que j'ai lu oui, mais la combinaison des deux?  Rien de récent ne me vient.  Sauf que...

Cet automne sort l'adaptation en série télé d'une oeuvre que j'ai adoré en livre et déjà vu adaptée en film, soit À la croisée des mondes de Philip Pullman.  Et la bande-annonce de la série me fait déjà saliver!  Ça me donnera l'occasion de savoir quel est la différence entre l'adaptation de la série télé et le film et de savoir si le petit écran peut battre le grand en terme de profondeur quand on le compare au livre.  Ou du moins, ça m'en donnera une idée.  Parce que mon petit doigt me murmure déjà que oui, ça va faire une bonne différence!

@+ Mariane

7 commentaires:

Gen a dit…

J'ai lu et vu Altered Carbon... J'ai aussi lu sur la scénarisation vs la narration... Et ça explique bien des choses. Le roman cherche à faire s'identifier lecteur et personnage, à raconter une histoire, tandis que le scénariste cherche à créer des émotions (et tant pis si la logique est écorchée au passage. Avec Altered Carbon, ça a amené des différences, que la longueur ne justifiait pas! Mais des scénaristes ont dû croire que l'impact serait plus fort si c'était sa soeur, etc.

Alain a dit…

Digression sur un point mineur: peu importe la longueur de l'adaptation, je serai toujours favorable à couper Tom Bombadil du Seigneur des anneaux. Ce que Tolkien présente dans ce passage ne cadre pas avec l'oeuvre qu'est devenu le Seigneur des anneaux au fil des réécritures, il appartient à un livre complètement différent. Il pourrait y avoir un chapitre Tom Bombadil dans Fifty Shades of Grey qu'il ne serait pas tellement moins à sa place.

Prospéryne a dit…

Le point Godwin de la littérature est en train de devenir Fifty Shades of Grey...

Prospéryne a dit…

Ah, ce n'était pas sa soeur dans le roman?

Et pour susciter des émotions, quand on y pense, c'est logique!

J'ai quand même hâte à l'adaptation d'À la croisée des mondes...

Gen a dit…

@Alain : Pwahahahahahahahahahahaha!

Gen a dit…

Oui, c'est logique de vouloir susciter des émotions, sauf que... Sauf que souvent c'est fait au mépris de 1- l'histoire, 2- l'intelligence du spectateur (ils viennent de se croiser et le gars est amoureux fou de la fille? euh, pourquoi?), 3- la simple logique (ils ont mis trois semaines pour se rendre là à pied, mais un messager part de là et rejoint Danaerys et elle arrive avec ses dragons en 24 heures?!?)

Bref, plus je lis sur le scénario, plus je me demande pourquoi ils enseignent ça aux scénaristes! O.o Surtout que les films les plus anciens (et les mieux cotés) n'étaient souvent pas aussi "émotionnants". (Mais bien meilleurs!!!)

Prospéryne a dit…

Ceci est une grande question existentielle Gen, c'est comme, pourquoi, si Superman est si intelligent, porte-t-il son caleçon par-dessus son pantalon?