jeudi 2 août 2018

Structura Maxima d'Olivier Paquet

Structura Maxima  Olivier Paquet  Collection La dentelle du cygne  L'Atalante  360 pages


Résumé:
Dans la Structure, c'est l'heure des choix: à dix-sept ans, Jehan s'apprête à tourner le dos aux Vapeuriers, maîtres du Mélange et de l'énergie qu'elle procure pour les Poutrelliers, maîtres des poutrelles qui soutiennent la Structure.  Ce qui est un rejet de la voie tracée pour lui est aussi une révolte envers le système qui a laissé son père Victor gravement brûlé suite à un accident.  Celui-ci, Grand-Maître de la Vapeur, voit un jeu subtil se développer parmi les différentes communautés de la Structure.  Les uns et les autres s'arment, inspirés par des textes anciens, le Poesia pour les Vapeuriers et les Évangiles pour les Poutrelliers.  Dans ce monde parfaitement clos, la tension monte...

Mon avis:
J'ai eu l'impression en commençant la lecture de ce livre que je montais un escalier en manquant la première marche, impression qui ne s'est presque jamais dissipée tout au long du livre.  On aurait dit qu'il me manquait des clés pour le comprendre.  Malgré tout, j'ai continué la lecture, en grande partie parce que je me disais que le brouillard finirait par se dissiper.  Ce ne fût pas le cas, mais je suis quand même contente de l'avoir lu.

L'histoire parle d'un univers clos, la Structure, où vit une population qui n'a d'autres horizons que les murs de celle-ci.  Elle est séparée en communita, essentiellement par métier.  À dix-sept ans, on choisit sa communita, ce qui mène à l'introduction du personnage de Jehan, qui fait son choix ce jour-là.  Jehan est un personnage plein de fureur et de colère contre ceux parmi lequel il a grandit, à cause de l'accident qui est arrivé à son père.  Il choisira donc le clan opposé, presque ennemi, des siens.  C'est un personnage intéressant, mais quelque chose m'a profondément agacé tout au long chez lui: ses parties sont rédigées au je et il a un niveau de vocabulaire et de réflexion qui forment un clash bien trop marquant par rapport à son âge.  Tout au contraire, son père, Victor, a gardé un esprit ouvert et sera plus capable d'évoluer tout au long du livre.  Le même accident qui provoquera tant de colère chez son fils, lui aura ouvert l'esprit.  D'ailleurs, toutes les parties des autres personnages excepté Jehan sont écrites à la troisième personne.  Cela nous permettra de connaître toute une galerie de personnages secondaires qui sont presque tous bien développés et intéressants.  Je dis presque parce que certains m'ont paru trop plaqué (Julie, cantonnée au rôle de l'amoureuse?  Il y aurait tellement eu plus à dire sur ce personnage!).

La structure est séparée en trois temps et le premier est terriblement long.  Tout aurait pu être dit en la moitié moins de pages.  Il y a beaucoup de répétitions: on le sait que Jehan est révolté!  La deuxième partie est consacrée à l'éclatement des difficultés de la structure et la troisième, qui file à une vitesse folle, est presque entièrement dédiée à la résolution.  Dans la deuxième, l'auteur montre une belle maîtrise des phénomènes politiques, de la façon d'aborder le pouvoir et de comment se jouent les jeux qui mènent aux affrontements.  Les réflexions de Victor y sont particulièrement intéressantes.  La dimension idéologique et religieuse des affrontements est tout aussi bien développée.  La partie du récit qui développe ces deux aspects est d'ailleurs ce que j'ai le mieux aimé.  L'utilisation des sens profonds des textes anciens sur le présent est aussi très bien emmené.  Petit détail qui a donné beaucoup de personnalité au texte: l'utilisation de l'italien.  Le texte est parsemé de petites phrases dans cette langue, ce qui lui donne une tonalité différente de beaucoup de texte de SF que j'ai lu et j'ai apprécié cette petite touche de vie et de couleur dans cet univers si étouffant qu'est la Structure.

Néanmoins, il y a un point négatif majeur à ce livre: je n'ai jamais été capable de voir l'univers de l'auteur.  La Structure n'était presque pas décrite et si l'univers des Vapeuriers et de leurs chaudières étaient très visuellement réussi, je n'ai presque pas réussi à comprendre l'univers des poutrelles.  D'ailleurs, celle-ci sont-elles verticales ou horizontales?  Ce n'est jamais clairement spécifié et c'est l'une des points qui m'ont un peu perdue.  D'autres part, même si l'on sait que c'est une structure fermée, j'ai constamment manquée de points de repaire pour avoir une idée de la taille de celle-ci.  Certains bâtiments semblaient demander un espace immense, mais comment en juger?

Malgré tout, l'auteur a une belle plume qui gagnerait à être plus claire, mais qui sont porteuses de belles idées.  Je n'ai probablement pas pris le meilleur livre pour le découvrir, du moins pas pour moi.  Parce que le sentiment qui domine en fermant le livre est que j'ai manqué un élément essentiel au début et que je n'ai pas pu l'apprécier pleinement à cause de ça.

Ma note: 3.25/5

2 commentaires:

Alain a dit…

Merci pour cette critique! Je me plonge davantage à découvrir les auteurs de SFF français depuis peu, et sachant que Structura Maxima date de 2003, je suis bien curieux de lire la production récente d'Olivier.

Prospéryne a dit…

Il m'avait recommandé lui-même le Melkine, mais je n'avais pas envie de me lancer dans une trilogie. Je crois que je vais suivre son conseil!