Second début Cendres et renaissance du féminisme Francine Pelletier Documents 07 Atelier 10 80 pages
Résumé:
L'auteur commence son livre avec les événements de Charlie Hebdo en janvier dernier et remarque, à juste titre, que dans les quelques heures qui ont suivi, les autorités se sont relayées pour dénoncer ce crime contre la liberté d'expression. Et de remarquer que 25 ans plus tôt, 14 jeunes femmes ayant commis pour seul crime d'étudier dans un domaine encore largement dominé par les hommes, ayant été tuées dans des circonstances semblables (quelqu'un est entré les armes à la main, dans un but précis, avec des victimes déjà choisies et avec une motivation bien définie), n'a pas entraîné de larges dénonciations de la violence contre les femmes. On a pleuré ces femmes, on a dénoncé l'assassin et ses actes, mais on a pas remué les idées qui étaient à la base de son geste. Partant de ce constat, l'auteure, féministe engagée de longue date, raconte l'histoire du féminisme au Québec, de ses combats, de ses luttes, mais aussi de l'évolution des idées autour de ce concept dans notre province. Et d'en venir à la conclusion: alors que l'on croyait le féminisme mort il y a une décennie, ce n'était pas le cas: ce n'est qu'un second début.
Mon avis:
C'est compliqué de résumer un livre de 80 pages... Celui-ci en particulier. En 80 petites pages, c'est l'histoire des femmes du Québec des 40 dernières années que l'on raconte. Pas besoin de remonter plus loin et l'auteure ne le fait pas: on le sait toutes comment c'était dans le temps de nos grands-mères, on est au courant. Mais de voir et de saisir le poids des avancées réelles qui se sont produites depuis le début des années 1980, de l'évolution des mentalités, c'est très différent. Et c'est là que l'on se rend compte que loin d'être complété, le combat pour l'égalité des sexes est encore d'actualité. L'auteure reste très près de son expérience personnelle, mais n'hésite pas à englober les combats plus généraux. Surtout, elle reste centrée sur les idées et c'est l'une des forces de son livre. Même si le livre est rempli d'exemples, elle s'intéresse beaucoup aux fondements du féminisme et de sa pertinence, plutôt qu'à la dénonciation. Le cheminement de sa pensée, exempte de grimpage aux rideaux, n'en est que plus redoutable. Féministe, certes, mais pas aveugle sur le poids des siècles qui nous ont précédés et sur la responsabilité des femmes elles-mêmes sur la prise en charge de leur propre destinée. Sa conclusion est d'ailleurs assez étonnante et démontre que même si les idées féministes semblaient remisées aux oubliettes de l'histoire, elles font un grand retour en avant aujourd'hui portée par une génération de femmes qui n'ont pas connu «le temps de nos grands-mères». Des femmes qui ont grandi en se faisant bien souvent dire que l'égalité homme-femme était acquise et qui se rendent compte que... et bien non. Mais qui partent de cette base pour aller de l'avant. L'héritage des féministes des années 1970 est bien réel, mais on est plus rendu là. Une plaquette qui se lit d'une traite (ce que j'ai d'ailleurs fait!), mais qui contient assez de matière pour réfléchir pendant un bout de temps, parce que bien écrite et bien argumentée.
Ma note: 4.75/5
3 commentaires:
Je me souviens qu'en classant des "vieux" dossiers dans un des bureaux d'avocat où j'ai travaillé, j'étais tombée sur une affaire d'avortement illégal. Le médecin avait été accusé en 1985. J'étais déjà née! Je crois que je n'avais jamais réalisé à quel point l'avortement était légal depuis peu de temps. Ça m'avait fait réfléchir à nos "acquis" égalitaires.
On compare souvent nos situations actuelles à celle qui prévalaient dans les années 1950: c'est sûr que la différence est énorme! Mais il reste des iniquités, peut-être moins flagrantes, mais tout aussi importante. En tout cas, moins, en tant que trentenaire, je me suis beaucoup reconnue dans ce texte. Surtout dans le dernier chapitre.
En effet, il reste des iniquités. Mais par contre, il y a des différences qui, selon moi, demeureront toujours, pour une simple question de biologie. J'ai une amie qui se plaint que, pendant son congé de maternité, son collègue masculin a été assigné à un dossier super intéressant. Qu'on aurait dû penser à elle. Ce genre de réaction, je trouve ça un peu exagéré. J'veux dire : t'es pas là, t'es pas là, assume. (Surtout que le congé, le père peut le prendre, alors du moment où on le prend, faut vivre avec les conséquences, non?)
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