mercredi 16 janvier 2013

La littérature n'a pas besoin du numérique

Salut!

Je suis tombée il y a quelques temps sur ce billet de Pierre Folgia dans La Presse.  Il date d'il y a deux ans.  Deux ans seulement.  Pas très longtemps en terme de temps, mais quand on parle des hautes technologies, c'est des siècles.  Foglia y disait qu'il avait commencé à lire sur son IPad.  Chouette.  Cependant, il met dans ce billet le doigt sur un truc important: le numérique, est-ce que ça va vraiment aider la littérature?

Soyons sérieux, croyez-vous vraiment qu'Amazon, pour ne nommer que lui, est vraiment un fan de littérature?  Qu'on peut le considérer comme un libraire, un vrai?  S'il y en a un seul qui répond oui à cette question, qu'il aille voir ailleurs que sur ce blogue!  Que quelqu'un vende des livres ne fait pas de lui un libraire, de la même façon que de vendre des disques ou des DVDs ne fait pas d'une personne un spécialiste de la musique ou du cinéma.  On vend le support, papier ou numérique, mais le contenu, la littérature, ce n'est pas une préoccupation.  Il est de notoriété publique qu'Amazon se sert du livre numérique pour vendre toujours plus de Kindle.  Peu importe ce qui se retrouve dans ces livres numériques, ils sont ce qu'on appelle dans le jargon un produit d'appel: pas cher, il sert à faire vendre un autre produit, ici la Kindle.  Un peu comme les cannes de tomates à 99¢ vous poussent à aller chez IGA plutôt que Loblaws.  Le problème étant qu'ici, c'est de la culture que l'on parle, pas de tomates.  Et qu'un livre restera le même qu'il soit chez Wal-Mart, Costco ou encore chez votre libraire du coin.

D'autant plus que combien de titres sont réellement vendus comme produits d'appel?  À peine une cinquantaine de titres.  Je reçois plus de titres que ça en deux jours de boulot.  Ces livres d'appels sont donc des livres facile à lire, sinon, pire, préformatés pour répondre à certaines besoins.  On y trouvera pas un petit bijoux littéraire, parce que le simple fait de dépasser le niveau commun risque de miner ses chances de percer.  Oh, il y en a, mais est-ce la majorité?  Et alors, le pousser en avant?  Dire, vous avez lu ceci, vous aimerez sûrement?  Laissez-moi rire!  On se concentre sur des ventes faciles.  Aucune préoccupation culturelle là-dedans, que du commercial.

Un truc qui est sûr, c'est que le numérique a de l'avenir.  Sous quelle forme?  Je ne sais pas.  Néanmoins, au-delà de la guerre des supports, le grand perdant est le lecteur, celui qui aime lire de bons livres, parce que la perte de l'ancien système sans être remplacé par quelque chose de durable de l'autre côté va considérablement nuire à la littérature.  Le système actuel est bourré d'imperfections, je le reconnais, j'en suis même tout à fait consciente (et bien placée pour voir ses effets), mais reste qu'il a pour principal mérite de donner une petite chance à pas mal tout le monde en plaçant les livres de façons égales sur les tablettes des librairies.  Et de compter sur des passionnés pour faire découvrir des oeuvres moins connues aux lecteurs le moindrement curieux.  Tout le contraire d'Amazon pour qui un livre est interchangeable avec un autre, tant qu'il vend bien!

Tout ça pour dire que la littérature n'a pas besoin du numérique.  Le numérique est un support, pas une fin en soi.  Cependant, sera-t-elle assez forte pour résister au rouleau-compresseur du numérique?  Ça, ça reste à voir.  Ceux qui ont le plus à perdre dans le numérique, ce sont les lecteurs.  Même si aujourd'hui, ils ont l'air largement avantagé par ce nouveau support.

@+ Mariane

3 commentaires:

ClaudeL a dit…

Tellement mais tellement d'avenues de discussion dans ce billet. Je ne m'attarderai pas à toutes les parcourir ici. C'est autant l'histoire de la littérature que la technologie dont il faudrait parler ici.
Disons que le point le plus sensible serait: qu'est-ce que la littérature? Quand un livre est-il "commercial" et quand est-il "littéraire"? Des noms? Des titres?

Gen a dit…

Si plusieurs maisons d'édition se mettaient à être proactives et à offrir des "kit" dans le genre de ceux offerts par Alto ce Noël (c'est-à-dire jumeler des titres par intérêt ou par thème, en mélangeant les plus connus et les moins connus), le numérique pourrait devenir une avenue intéressante tant pour le lecteur que pour l'écrivain (et l'éditeur).

Parce que, bon, c'est pas d'hier que le préformaté se vend mieux que le reste! ;p

Et puis, tous les livres seront également sur Internet à l'avenir. Les auto-édités comme les autres (misère!). Il va se créer des réseaux tranquillement qui prendront la place des anciens! ;)

Prospéryne a dit…

@ClaudeL, un livre commercial peut être un excellent livre, il peut même être un livre littéraire, mais il sera l'exception plutôt que la règle dans le domaine. Dans certains domaines, on pousse la règle de l'art et du commerce très très loin et oui, Amazon la pousse très très loin!

@Gen, de nouveaux réseaux qui vont prendre la place des anciens? Vu comme ça, ça me rassure. Mais en attendant, on avance un peu à l'aveuglette!