lundi 18 août 2014

Mentir à propos de ses lectures

Salut!

Quand je peux, j'écoute souvent l'émission Plus on est de fous, plus on lit.  Cette émission radiophonique entièrement destinée au monde de la littérature et du livre en général a l'immense mérite d'exister!  J'ai mis du temps à l'apprécier, je l'avoue, mais à l'usage, on aime de plus en plus.  On y parle autant d'essais que de romans et même si je n'étais pas convaincue au départ, leurs incursions dans les essais écrits en langue étrangère (bon, on peut dire carrément en anglais aussi!) permettent souvent de soulever des points de vue peu remarqué dans la langue de Molière.  Bref, un petit plaisir qui croit avec l'usage.

Par contre, vraiment, ma partie préférée est le questionnaire littéraire, inspiré du Questionnaire de Proust.  On y pose une série de questions à un invité, pas nécessairement une personne issue du milieu du livre, reliée à la littérature et au domaine de l'écrit en général.  Une question auquel je porte toujours beaucoup d'attention est celle où l'on demande à l'invité quel livre il ou elle prétende avoir lu.  Et de me demander souvent: pourquoi?  Seule dans ma voiture au moment où j'écoute l'émission (le plus souvent), je me demande pourquoi.  Pourquoi prétendre avoir lu un livre alors que l'on ne l'a pas lu?  La meilleure réponse jusqu'ici a été la réplique de Christiane Charette: j'adore Proust, j'ai toutes ses BDs, ses films adaptés, tous ses livres, je dis toujours que j'adore Proust... mais je ne l'ai pas lu!  Au moins, ça avait le mérite d'être original!

C'est bizarre, mais jamais l'idée de parler d'un livre que je n'ai pas lu comme si je l'avais lu ne m'a traversé l'esprit.  Quoique je ne suis pas dans une position ordinaire.  Longtemps, j'ai eu à parler de livres dont je n'avais pas eu le temps de tourner la page couverture.  Il faut le dire, en tant que libraire, il faut savoir parler de livres qu'on a pas lu, puisque malheureusement, on a pas le temps de tout lire.  À force, on sait à quels indices on peut se fier: la quatrième de couverture est souvent plus révélatrice qu'on ne pourrait le croire à première vue.  Et à force, on finit par reconnaître la patte de la personne derrière ceux qui font le patient travail de fourmi de les écrire.  Certains résumé seront révélateurs, grandiloquents, honnêtes, minimalistes.  On finit par savoir quel élément sont réalistes par rapport au livre.  Malgré tout, ça reste un exercice d'équilibriste.

Le reste du temps...  Bon et bien, le principe est que je peux facilement parler de livres que je n'ai pas lu tout simplement parce que j'ai une excellente mémoire.  Je retiens facilement les critiques glanées sur Internet ou encore ce que des gens que je connais en disent.  Je lis beaucoup de résumés.  À la longue, je peux me former une opinion sur un livre.  Je ne serais jamais aussi catégorique que si je l'ai lu, mais tout de même, je peux me faire une tête.  Et en discuter, un des grands plaisirs de la vie.  Ça m'encourage même à tourner la première page dans certains cas.

Par contre, jamais vous ne me verrez dire que j'ai lu un livre que je n'ai pas lu.  Cette petite forme de malhonnêteté, familière du small talk me répugne.  J'avais lu quelque part dans mes innombrables lectures du Reader's Digest (ouais, ça coûte pas cher dans le ventes de garage!), que de dire que l'on a pas lu un livre récemment est une façon comme une autre de ne pas avoir à répondre à une question sur un livre.  De ne pas avoir à dire si on l'a lu ou non.  Je n'aime pas cette façon de faire, mais je peux comprendre que des gens désireux de garder un certain standing social finissent par y souscrire par manque de temps.  Quoique que dans le fond, je ne comprenne pas.

Pourquoi mentir au sujet des livres qu'on a lu ou pas?  On l'a lu, on ne l'a pas lu, point barre.  Je ne pense pas que nos lectures fasse une si grande différence dans la vie des autres.  À part si on est comme moi maniaque et que si on trippe sur un livre on en parle à tout le monde! :P  Il y a ici une certaine forme de snobisme qui m'énerve un peu: se vanter de ce que l'on a pas fait.  Je ne comprends pas.  Je suis naïve sans doute, mais je ne comprends pas.  C'est tellement plus facile de parler de choses que l'on a réellement faites.  Même si c'est pour les détester.  Après tout, quel plaisir souverain que de casser du sucre entre amis sur un livre qu'on a haï en commun!

@+ Mariane

4 commentaires:

myr_heille a dit…

Je pense qu'au nombre de livres que tu lis par année (ou par semaine!), si tu n'as pas lu un livre, c'est qu'il ne t'intéresse pas ou que tu n'as pas encore eu le temps, donc tu ne vois pas de raison de faire semblant de l'avoir lu. Par contre, pour quelqu'un qui lit 1, 2 (ou zéro) livres par an, ben ça peut être un peu plus gênant, et plus nécessaire de revirer la réalité ;)

Tant que tu ne mens pas sur tes lectures dans le défi!!!

Prospéryne a dit…

Ouin, vu comme ça... Ça peut être gênant dans certaines circonstances, mais bon, je trouve ça quand même un peu stupide.

Quand à mes lectures pour le défi, soit certaine, juré sur le coeur que je ne mentirais pas! (J'aurais pas à le faire de toutes façons! :P )

Gen a dit…

Hum... Je me sens soudain mal... Au nombre de livres que je lis par année, il m'arrive parfois de mal me souvenir d'une ancienne lecture (surtout si elle ne m'a pas particulièrement marquée). J'espère que je ne passe pas pour quelqu'un qui parle de livres qu'elle n'a pas lu! lol! (après des années à m'être fait dire que je lisais trop, ce serait le comble! :p)

Prospéryne a dit…

Ne pas se rappeler d'un livre que l'on a lu il y a cinq ans, ce n'est pas mentir Gen! ;)