jeudi 13 avril 2023

Mon année martienne de Farah Alibay

 Mon année martienne Farah Alibay Éditions de l'Homme 221 pages


Résumé:

Au printemps 2021, le monde entier faisait la connaissance d'une sympathique ingénieure de la NASA aux cheveux teints en rouge en l'honneur de l'atterrissage de l'astromobile Perseverance. Le Québec, pour sa part, découvre stupéfait que ladite ingénieure parle français avec un accent d'ici et avait comme héroïne d'enfance Passe-Partout! Qui est donc cette fille qui de Joliette à Cambridge jusqu'au prestigieux Jet Propulsion Laboratory a su faire son chemin en tant que femme queer racisée dans un milieu d'hommes blancs?

Mon avis:

L'histoire de Farah Alibay a de quoi faire rêver: fille d'immigrants de Madagascar ayant choisi le Québec comme terre d'accueil en raison de la langue française, étudiante à Cambridge, puis au MIT, avant de rejoindre le Jet Propulsion Laboratory où elle se retrouve à gérer des équipes d'ingénieurs responsables des missions sur Mars, le parcours de la trentenaire tient du conte de fées, mais cache un travail acharné. Si l'on se doute qu'elle a été aidée à rédiger cette autobiographie (car enfin, on ne peut pas avoir tous les talents!) ça ne gâche rien au plaisir de la lecture: on entend sa voix dans son récit.

Ce qui est admirable, c'est la façon très simple et très terre à terre d'aborder les choses. Elle ne cache ni ses angoisses, ni ses doutes, ni les innombrables efforts qu'elle a dû déployer pour atteindre ses buts. Le portrait qu'elle trace d'elle-même est celui d'une fille qui n'avait pas tous les atouts dans sa manche et  qui n'était pas une surdouée au départ. Elle avait des aptitudes, il est vrai, mais quand elle raconte ses années à Cambridge, il est clair que ce ne sont pas celles-ci qui l'ont menée là où elle en est. De plus, même si ce n'est pas le coeur de son récit, elle aborde avec beaucoup de franchise et de simplicité l'impact qu'a eu dans sa vie la couleur de sa peau et son orientation sexuelle. Elle est un modèle, par ce qu'elle est et par son travail, mais elle n'a pas cherché à le devenir. Toutefois, elle semble très consciente de l'importance de cette partie de sa vie.

Le récit est simple et alterne entre les différentes étapes de la mission de Perseverance et sa propre vie, depuis celle de ses ancêtres, qui ont quitté l'Inde pour s'établir à Madagascar et d'où sont partis ses grands-parents pour venir s'établir au Québec jusqu'à sa propre vie. Les parallèles entre les deux sont nombreux, mais les deux récits finissent par se confondre dans les derniers chapitres. Néanmoins, si elle est très précise sur certains sujets, elle reste très vague sur d'autres. Ainsi, aucun nom n'apparaît dans le livre, que ce soit celui de ses amies au secondaire, des professeurs qui l'ont guidée et inspirée et ceux de ses collègues de travail à la NASA. C'est assez étrange comme manière de procéder. Si l'on comprend qu'elle voulait protéger certaines personnes, c'est une façon bizarre de procéder puisqu'elle montre des photos des mêmes personnes dans la section centrale du livre. 

Le livre reste une excellente page turner: on a envie de savoir la suite, que ce soit celle de la petite Farah ou celle de la mission Perseverance, perturbée lors d'une certaine pandémie. L'humain et le scientifique s'imbriquent, s'entremêlent pour raconter une excellente histoire. Surtout raconté de cette façon, c'est le genre d'histoire que l'on voudrait voir au cinéma ou en série télé. En attendant, le livre est excellent à lire!

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