lundi 18 octobre 2021

Épisodique et sériel

 Salut,

Pas qu'en SF/fantasy, mais en général, on peut distinguer deux façons de concevoir une histoire à long terme: l'épisode et la série.  Attention!!!  Je ne dis pas que toutes les histoires au long cours sont tout à fait l'un ou l'autre.  C'est toujours un mélange.  Parce que oui, l'épisode a besoin de sérialité et la série a besoin d'épisodique.  C'est avant tout une façon de voir l'importance de chaque événement dans l'ensemble d'une histoire.

Un épisode est une aventure en elle-même, qui est complète et qui n'a pas d'impact à long terme comme tel.  C'est typique de la série télé.  Prenons par exemple Buffy contre les vampires: elle affronte un nouveau vampire ou une nouvelle situation chaque semaine, mais la plupart du temps, ça se règle avant la fin et on a une petite conclusion sur leur aventure.  On y fera peut-être référence ensuite, mais comme tel, l'aventure est finie.  Et point important, ça n'a aucune importance pour la suite de l'histoire.  Vous pourriez très bien sauter cet épisode et ça ne vous empêcherait pas d'apprécier le reste de la série.  Mais ça permet toujours de vivre une petite aventure intéressante, d'approfondir une caractéristique d'un personnage, de prendre un temps de recul parmi d'autres aventures plus difficiles au point de vue émotionnel.  L'épisode se consomme en lui-même, mais il est toujours lié à un tout.

La série quant à elle a une direction: en avant.  Les personnages partent du point A et finissent au point Z.  Et il y a une progression entre les deux.  Les événements ont un impact sur la suite de l'histoire, si vous avez loupé la partie de l'histoire qui raconte un élément important, vous n'allez rien comprendre à la suite de l'intrigue.  Pensez Inception: si vous loupez un détail, vous êtes facilement largué!  Le schéma classique du personnage qui part de rien et fini héros est typique de ce parcours.  Le cinéma est gorgé d'exemple et pas uniquement du côté des super-héros: les films d'action, les contes et les films d'espionnage tendent vers cette direction: on commence dans situation X, on progresse et on fini dans situation Y.  Pas de temps à perdre dans des ronds de jambe qui n'apportent rien de concret à l'histoire.  On file droit vers la fin de l'histoire et on laisse de côté les détails.

La série romanesque (et télé), me semble tenir des deux: si on prend comme exemple, une série au long cours comme Harry Potter (les livres, pas les films), on se rend compte que plein de petites histoires y ont lieu qui n'ont pas d'impact sur l'histoire finale, mais qu'ils constituent une part importante de l'intrigue.  Par exemple, dans le premier tome, on a une petite intrigue avec le dragon Norbert qui ne change absolument rien à la résolution de l'intrigue du tome, mais qui pousse les trois héros du livre dans de petites aventures.  Ces petites aventures en elle-même nous permettent de mieux connaître nos héros.  Bref, ça ne change rien au fond, mais ça ajoute à la forme.  Et bon, ça prolonge le plaisir.

Par contre, d'autres événements dans le livre, comme la retenue dans la Forêt interdite (et ils pensent vraiment qu'avec un nom pareil, aucun élève de Poudlard ne va avoir envie d'y aller?), nous font progresser dans l'intrigue du livre et même, plus généralement, de la série.  Par petites touches, sans nécessairement que cela soit souligné, mais tout de même.

D'une certaine façon, les deux sont complémentaires et se nourrissent quand il s'agit d'une histoire au long cours.  Même s'il s'agit  de deux façons totalement distinctes de raconter.  

@+ Mariane

3 commentaires:

Gen a dit…

C'est une distinction intéressante, mais je ne suis pas d'accord avec ta conclusion : c'est une manière différente de planifier, mais pas de raconter. J'ai plutôt tendance à voir les deux comme la même affaire (l'histoire qui avance), mais sur une période de temps plus ou moins longue. Après tout, ta série devrait finir par se conclure, non? Et une fois complétée, elle se racontera selon le même schéma narratif que ton épisode, c'est juste que ses éléments seront étirés sur plus longtemps, avec d'autres trucs intercalés. (Évidemment, il existe les histoires épisodiques style "vilain de la semaine" où il n'y a pas de sérialité, mais elles obéissent quand même au schéma narratif.)

Prospéryne a dit…

Oh wow, super intéressant Gen. En effet, au final, même une série en douze volumes n'est qu'un gros épisode de quelque chose de plus gros qui n'est pas dans l'histoire. C'est un choix de l'auteur.e que de raconter cette partie, avec ces personnages-là. Mon hamster te remercie pour cette brillante réflexion!

Gen a dit…

De rien! ;)