lundi 8 décembre 2014

L'Euguélionne de Louky Bersianik

L'Euguélionne  Louky Bersianik  Collection 10/10  Stanké  410 pages


Résumé:
L'Euguélionne a quitté sa planète, à la recherche du mâle de son espèce.  Sur son chemin, elle trouve une petite planète bleue où elle se met à chercher.  Les Hommes l'y accueille chaleureusement et disent qu'elle y trouvera sûrement ce qu'elle y cherche, mais les Femmes lui montrent une toute autre facette de l'histoire.  Car sur la Terre, les Hommes et les Femmes sont loin d'être égaux.

Mon avis:
On a qualifié ce livre de bible féministe et je dois avouer que ça lui convient parfaitement.  Le ton, la façon de raconter, les nombreuses histoires semblables à des paraboles, jusqu'à la numérotation dans les marges qui rappelle la bible.  Par contre, ouf, oubliez la version dieu notre père par contre...  Elle y défait méthodiquement les multiples façons dont s'exprime l'inégalité entre les sexes.  Et elle ratisse extrêmement large: cela va des relations de couples, des tâches ménagères, du poids de la maternité, de l'avortement, de la contraception, du mariage (dans lequel les femmes perdent leur propre nom), jusqu'à la langue française (intrinsèquement sexiste quand on y pense étant donné que le masculin l'emporte toujours sur le féminin, mais je n'y avais jamais pensé avant!), jusqu'aux mutilations génitales.  Lire ce livre est ardu, c'est pratiquement un défi, parce que le ton est biblique, mais le décortiquement en règle de toutes les fois où la balance penche du côté des hommes au détriment des femmes est méthodiquement et brillamment démontré.  Entre autre, la psychanalyse et sa fameuse envie du pénis en prennent pour leur grade et largement!  J'ai rarement trouvé que l'auteur exagérait, mais elle flirtait à de très nombreuses reprises avec ma limite personnelle.  J'ai eu à plusieurs reprises le goût de lui dire que les hommes ne sont pas tous des cons!  Le tout fleure fortement les années 1970, époque où le livre a été écrit, par diverses situations qui ne sont plus d'actualité.  La partie parlant de la perte de son propre nom par une femme mariée ou encore l'accent très fortement mis sur le mot homme pour désigner à la fois le genre et l'espèce (droits de l'Homme, etc).  On sent qu'il y a eu beaucoup de progrès sur ces points entre autre.  D'autres luttes sont loin d'être gagnées.  C'est un livre fort, mais pas un livre qu'on lit pour le plaisir uniquement.  Le lire au complet demande de la volonté parce que c'est loin d'être un livre accrocheur.  Un livre nécessaire, certes, mais pas du genre à être lu comme ça comme détente.

Ma note: 4/5

2 commentaires:

Claude Lamarche a dit…

Quand je l'ai lu en 1976, je me souviens l'avoir dévoré, souligné, adoré, commenté, recommandé. Je ne m'en suis jamais tout à fait remise. Je l'ai offert à ma mère qui regardait déjà les hommes d'un oeil critique et se démenait avec les institutions pour se faire reconnaitre avec son nom de jeune fille et même son prénom (à cette époque, il y avait encore beaucoup beaucoup de madame Jacquelin Gosselin au lieu de Mireille Latrémouille).
J'ai essayé de le relire au tournant du 21e siecle, je ne me suis pas rendue très loin. Non que je n'étais plus d'accord avec les thèmes abordées, mais au point de vue style littéraire, ce livre est unique, jamais repris (je pense en tout cas) et jamais égalé. J'étais passé à autre chose.
Toutes mes félicitations d'y être parvenu.

Prospéryne a dit…

Ça a été tout un défi! Je suis contente de l'avoir lu, mais je pense que mes chances de relectures frôlent le zéro et celles de le recommander ne sont pas super fortes...