mardi 21 janvier 2014

Le business sera humaniste ou ne sera pas de Richard Branson

Le business sera humaniste ou ne sera pas  Sir Richard Branson  De la Martinière  382 pages



Résumé:
Pour Richard Branson, le constat est sans appel: si le business continue as usual, la Terre et donc l'économie, court à sa perte.  Pour remédier au problème, il apporte une solution qui, disons, sort du discours majoritaire sur l'économie et l'écologie.  Dans son optique, si vous faites parti du problème, vous faites également parti de la solution.  Si l'entreprise a réussi à mettre de manière si efficace la Terre dans les problèmes qu'on lui connaît, elle peut être tout aussi capable de l'en sortir, en utilisant les mêmes méthodes.  Le mariage de l'entrepreneuriat et de l'humanisme peut sembler contre-nature au départ, mais il est persuadé que c'est là la clé de l'avenir.

Mon avis:
Pour une fille qui lit depuis longtemps des livres branchés à gauche et plutôt écologistes, lire Richard Branson est l'occasion d'une reprogrammation cérébrale.  Parce que c'est loin d'être fou ce qu'il propose.  Richard Branson est convaincu que l'entrepreneurship peut être la façon de faire pour régler les innombrables problèmes de notre belle planète, tant au niveau social qu'au niveau environnemental.  Et de multiplier les exemples montrant comment, depuis à peine une dizaine d'années, les initiatives mariant entreprises, conscience sociale et environnementale se sont multipliées avec des effets bénéfiques.  Pour lui, il faut se sortir du business as usual et faire entrer la conscience sociale dans le bilan comptable des entreprises.  Preuve à l'appui, il montre que les entreprises qui ont pris la tangente écologique ont su améliorer leurs performances tout en réduisant leur empreinte écologique.  La démonstration est étonnante... et routinière.  Il parle de quantité de projets menés à bien en utilisant ce qu'il appelle le capitalisme 24902 (soit le diamètre de la Terre en milles), un capitalisme, mais conscient des impacts de ses activités, qui intègre les dimensions sociales et écologique à leurs pratiques.  Sauf que ça ne va pas au-delà de ça.  La démonstration est très intéressante, mais on ne passe pas à l'étape suivante qui est d'aller au-delà de donner des exemples pratiques.  Richard Branson le dit lui-même à un moment, il n'est pas le genre d'homme à avoir le sens du détail.  Ce qui a sûrement ses forces quand vient le temps de gérer une entreprise, mais moins quand il s'agit d'écrire un essai sur les forces du capitalisme 24902.  Parce que si on sent la pensée derrière, il n'a pas l'art de l'expliquer.  La couverture du livre et le titre sont vendeurs, mais le tout reste en surface.  Il n'y a pas de substance derrière.  Et surtout, s'il n'hésite pas à utiliser les forces de l'entreprise, il ne parle pas des dérives possibles.  J'avais souvent en tête les paroles de Naomi Klein dans No Logo: les entreprises qui se servent de causes sociales ou environnementales pour récupérer une clientèle.  Ceux qui travaillent avec ce genre d'entreprise semblent perdre leur indépendance et «pactiser» avec le diable en quelque sorte.  J'aurais bien aimé avoir l'avis d'un entrepreneur de la trempe de Richard Branson sur ce point, mais il n'aborde que très sommairement le sujet et uniquement pour le dénoncer.  Point qu'on ne peut lui reprocher, il a le courage de ses idées et de faire avancer celles-ci.  Il y croit réellement et veut avancer sur cette voie.  Ce qui a sûrement ses points positifs, mais pas aussi ses défauts.  Dommage, le sujet avait beaucoup de potentiel, mais ne va pas assez loin pour vraiment rendre honneur à celui-ci.

3.25/5

3 commentaires:

Gen a dit…

Pour que le capitalisme devienne "vert", ce n'est pas le capitalisme qu'il faut abandonner, mais le principe de la société de consommation.

Au lieu de produire en masse des biens à désuétude planifiée qui coûtent peu cher et rapportent beaucoup de profits, il faudrait que les entreprises recommencent à produire des biens durables, qui ne coûteront pas tellement plus cher à produire, mais qui devront être vendus plus cher pour que les profits de l'entreprise se maintiennent dans le temps.

En parallèle, les consommateurs devront redécouvrir le "plaisir" de l'épargne. (Mais aussi le plaisir de pouvoir léguer des meubles à la génération suivante!)

Je me souviens avoir lu une étude qui expliquait qu'il est beaucoup moins polluant de produire une chaussure Manolo qu'une paire de talons hauts cheap. Et comme les Manolo sont mieux conçus et plus confortables, le consommateur en a plus pour son argent. Alors, dans un monde idéal, il faudrait qu'on porte tous des Manolo! ;)

Prospéryne a dit…

@Gen, intéressant comme idée! Mon seul problème: ils en font des Manolos pas talons aiguilles? Parce que j'aime vraiment pas ça moi! :P

Gen a dit…

Non, mais je suis sûre que si je connaissais mieux les marques de luxe, je pourrais te nommer une marque prestigieuse qui fait des talons plats de façon tout aussi minutieuse et non polluante.