Salut!
Pendant longtemps, la nouvelle a représenté pour moi de la sous-littérature. Un art mineur comparé au roman, l'art noble littéraire par excellence. La nouvelle servait à se faire la main, à explorer, à alimenter les profs de français en trucs à faire lire à leurs élèves (soupir!) Rien de bien amusant donc avec les nouvelles!
Et puis, est venu le choc. Dans une entrevue accordée suite à la parution de son second recueil de nouvelles, Nadine Bismuth avait déclaré que la nouvelle était pour elle un art littéraire autant que le roman, qu'elle ne voyait pas de différences entre les deux. Ça m'a fait un sacré choc sur le coup. Quoi, pas de différences? Ça m'a pris un bout de temps, mais j'ai fini par comprendre. Pas de différence parce que les deux sont des formes de littératures, elles sont différentes, ce qui ne veut pas dire que l'une d'entre elle soit meilleure que l'autre. J'ai d'ailleurs dévoré ses deux recueils de nouvelles avec délectation. Et ça m'a encouragée à en ajouter quelques-uns à ma LAL, mais tout de même! Je ne me suis pas mise à en lire assidûment pour autant.
Et voilà que je me mets à me promener un peu plus, à sortir de chez moi et à me mettre à fréquenter des écrivains. Arrive la phrase récurrente: j'ai publié une nouvelle dans Solaris, ou dans Brins d'éternité. Ah oui? Ah bon. Pas de réactions au départ, ça me faisait réfléchir certes, mais bon, j'étais convaincue que ce n'était pas pour moi! Jusqu'au jour où lors d'une discussion à bâtons rompus avec un illustrateur auquel je mentionnais mon peu d'enthousiasme, il me lance:
-Mais tu devrais t'intéresser aux revues littéraires!
-Ça ne m'attire pas particulièrement.
-Ben voyons, c'est un des lieux où tout le monde teste des trucs. Il s'essaie des tas de choses là-dedans qui ne se font nulle part ailleurs.
Ah oui? Voilà de quoi piquer ma curiosité. J'ai pourtant attendu encore une bonne année avant d'oser faire le saut! Et de m'essayer à lire des nouvelles. Je ne suis toujours pas une fan absolue, mais lentement, tout doucement, cette forme d'art commence à représenter pour moi quelque chose de plus précis. Et en même temps, quelque chose que j'apprécie de plus en plus.
@+ Mariane
7 commentaires:
C'est drôle, moi j'ai toujours adoré les nouvelles, avant même d'en écrire. J'adore pouvoir m'asseoir avec un recueil de nouvelles et lire un univers en entier, d'une traite, sans être dérangée.
Techniquement, avec une nouvelle, on a moins le temps de connaître l'univers et le personnage, mais en pratique on peut s'y immerger complètement, l'absorber en une seule séance, sans se lever, descendre du bus, retourner travailler, etc.
Et oui, en effet, les nouvelles sont des lieux d'expérimentation. Il y a même une petite (ok, très petite) tendance chez les auteurs qui consiste à récupérer une nouvelle qui a bien marché pour en faire ensuite un roman.
Ou alors ils testent et développent des personnages qui deviendront un jour les héros de leurs romans...
@Gen, les seules nouvelles que j'ai vraiment aimé, c'est celles de Maupassant. Les autres, je trouvais ça trop vite, je n'avais pas le temps de déguster que déjà c'était fini! Maintenant, je les apprécie nettement plus pour ce qu'elles sont. Mais du point de vue des auteurs, je comprends parfaitement l'importance des nouvelles.
Maupassant s’est beaucoup plus démarqué par ses nouvelles que par ses romans. Idem pour Edgar Allan Poe ou H.P. Lovecraft. Certaines nouvelles eurent un impact historique très fort, comme « L’homme qui plantait des arbres » de Jean Giono (et quel chef-d’œuvre… et l’auteur l’a laissé libre de droit, en passant !).
La dimension de l’œuvre n’influe pas sur sa qualité. Qui oserait dire que qu’un haiku a moins de qualité qu’un sonnet ?
Comme avec chaque médium de création, tout dépend de l’usage qu’on en fait. Ceux qui utilisent la nouvelle pour tester, expérimenter, passent à côté de l’essence même du format, tout comme ces peintres qui n’utilisaient la miniature que pour s’exercer à faire des arbres, des mains, des cieux… pourtant, dans les mains d’un maître, quels chefs-d’œuvre furent peints en format miniature !
Je pourrais aussi parler de la gastronomie : l’art de la mise en bouche versus celui du plat principal… ou les pièces musicales courtes versus les concertos…
@Sébastien : La nouvelle est un art en soi, certes, mais l'expérimentation fait partie de cet art. Il y a des choses qu'on peut faire sur 50 pages, mais qui ne passeraient pas sur 500.
@ Gen: effectivement, tu as raison... l'erreur consiste à limiter et restreindre la nouvelle au seul domaine de l'expérimentation.
Pour moi aussi cette forme littéraire n'était pas un coup de coeur évident. Ce n'était pas évident au départ, et j'essaie encore de découvrir comment écrire une nouvelle qui a de l'allure, en réalisant que c'est totalement différent du roman. Alors je lis davantage pour comprendre, et plus j'en lis, plus je les apprécie.
@Sébas, tu me rappelles un bout du fil La Société des poètes disparus avec Robin Williams, quand le professeur Keating lui fait déchirer leurs manuels quand il voit les conneries que celui-ci dit, comme de quoi un sonnet serait mieux qu'un autre poème parce qu'il est plus long...
@Hélène, on dirait que la nouvelle est un art qui apprend à s'apprécier comme le bon vin!
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