mercredi 22 janvier 2014

Les histoires qui se déclinent

Salut!

Au départ était un livre, un livre racontant une histoire.  Les gens l'ont lu et l'ont aimé, alors, on en a fait un film.  On a fait beaucoup de promotions autour du film pour que les gens en parlent.  On a fait une bande-annonce, des entrevues avec les acteurs, le réalisateur, le scénariste, l'auteur(e).  Tant qu'à y être, on en a aussi fait un jeu vidéo.  Puis des jouets.  Puis des affiches, des macarons, des vêtements, des porte-feuilles et des objets exactement comme dans le film, qui ne donnent rien à posséder (sauf de dire que c'est comme dans le film!) et qui souvent, coûtent très chers.  Chaque fois, un petit détail nous éloigne de l'histoire originale, quelqu'un vient ajouter à l'univers, en positif ou en négatif.  

La même chose vaut pour les films dont on finit par faire un livre ou des livres (oui, ça existe!  Voir les univers littéraire basé sur Star Wars et Diablo entre autre).  Des jeux vidéos sur lequel on fait des films, des romans (Mass Effect) et des jeux pour les enfants.  Des jeux pour les enfants dont on fait des films (Toy Stories?) et des séries télévisées.  Dans tous les cas, l'histoire originale passe souvent à la moulinette pour s'adapter à un tout autre format.  J'ai lu dans un article sur le cinéma d'animation que de nos jours, les scénaristes discutaient avec les responsables du marketing des jouets dès l'étape de la création d'un film afin de s'assurer que tous les éléments pourraient s'emboîter: film, jeux, jouets, promotion.

On finit par en perdre le sens de ce qu'est une histoire que cette multiplication des objets en lien avec une même oeuvre de base.  Où commence-t-elle, où finit-elle?  Personnellement, j'ai toujours détesté les produits dérivés pour cette raison-là: ils nous éloignent de l'essence d'une oeuvre.  J'ai toujours tiqué en lisant les albums pour enfants adaptés des oeuvres de Disney, quand ils tournaient un coin rond dans une histoire ou encore qu'ils oubliaient un détail.  Beurk!  Il faut dire que j'aime quand je retrouve une histoire comme on se roule dans une vieille couverture qu'on connaît bien: je ne veux pas trop qu'on me dérange dans mon plaisir en changeant trop de choses.

Au fait, qui gagne à ce jeux de multiplication des plates-formes?  Les auteurs de l'oeuvre de base?  Je n'en suis pas sûre.  On dirait que quelque part dans le processus, l'histoire originale, celle qui nous avait séduit, terrorisé, fait vibré ou coupé le souffle, perd un peu de son âme.  Elle ne disparaît pas, mais elle se transforme toujours un peu pour finir par être très différente de l'oeuvre de base.  Chaque fois qu'une personne entre en contact avec une histoire, elle la transforme un peu en s'identifiant plus à certains éléments qu'à d'autres et transmettra davantage ces éléments.  La vision d'un lecteur sur un roman est toujours unique, comme chaque personne l'est.  C'est le même phénomène qui se répète avec chaque histoire.

Je sais que je suis un peu à contre-courant, mais j'aime l'authenticité.  Un bon film n'a pas besoin de poupée-jouet à l'effigie de ses héros.  Un bon livre n'a pas besoin d'un film.  Et un bon jeux sera bon en lui-même avant tout.  Dans ce jeu de passe-passe entre les plateformes, on perd le sens de l'unicité d'une oeuvre.  C'est dommage.  Ça peut être positif à certains moments parce que certains films sont meilleurs que le roman dont ils sont issus et certains jeux ont donné naissance à des univers qui ont permis de créer des romans fort intéressants.  Mais une adaptation ne serait-elle qu'un succédanée destiné à nourrir le marché?  Poser la question, c'est ouvrir une parenthèse intéressante, tant pour les créateurs que pour les fans de ces oeuvres.

@+ Mariane

4 commentaires:

Gen a dit…

Moi en tant que fan, ce qui me dérange surtout c'est quand les produits dérivés finissent par être nécessaires pour comprendre les œuvres entières. Par exemple, il y a un jeu vidéo de Matrix dont l'action s'insère au milieu du deuxième film. Si j'ai bien compris, il nous apprend pas mal de chose sur le "méchant" du deuxième et troisième film (cet humain infecté par l'Agent Smith).

J'veux dire : si je regarde des films, j'ai, à la limite, envie de voir d'autres films qui approfondissent l'univers. Pas des films ou des jeux vidéos. De la même manière, si j'aime un bouquin, je veux d'autres bouquins, pas des jouets ou des jeux de carte!

Les produits dérivés, ça finit par être une façon de plus de prendre le consommateur en otage. Des fois, il y en a des bons (par exemple le jeu de stratégie de Game of Thrones), mais souvent le produit aurait été tout aussi bon même sans l'usage du nom de l'œuvre originale pour faire mousser sa popularité.

Gen a dit…

Cela dit, le jour où on va vouloir faire des poupées Hanaken ou des dessins animés, je vais faire comme tous les autres créateurs à l'origine de produits dérivés : danser sur la table, puis encaisser mes chèques de redevance avec un sourire fendu jusqu'aux oreilles! ;p

Prospéryne a dit…

@Gen, je te cite «Les produits dérivés, ça finit par être une façon de plus de prendre le consommateur en otage.» Tout à fait vrai, mais pour ça, il faut adapter l'histoire à une structure multi-plateforme parce que dans les faits, on ne raconte pas une histoire dans un film comme dans un livre! Cependant, je te souhaite quand même de voir Hanaken adapté au cinéma, ne serait que pour voir ton sourire éclatant (et que tu aies plus de temps pour nous écrire d'autres histoires! ;) )

Gen a dit…

Lol! :)