lundi 19 octobre 2015

Le foutu triangle amoureux

Salut!

Me semblait que j'avais déjà écrit là-dessus il y a un moment, mais apparemment, non, alors lançons le sujet dès le départ: le foutu triangle amoureux.  Oui, c'lui-là!  Celui qui traîne en trame de fond d'à peu près tous les romans pour ados comme si d'avoir une autre personne dans le décor et ralentir le rythme de la relation avec le héros (ou l'héroïne) va finir, le temps que l'on lise les trois, quatre ou autre tomes en se demandant s'il y a un risque réel que tout ne finisse pas comme on l'a deviné au départ.  Je ne crois pas m'être souvenue d'un seul cas où c'est arrivé...  Même Bella finit avec Edward, mais en aurait-on jamais réellement douté?

Bon, au travers de beaucoup d'autres éléments de l'intrigue, la grande question est: est-ce qu'il (ou elle) va finir avec elle (ou lui)?  Variation à l'infini sur le même thème en vue.  D'un coup, on pense que oui, oui, et puis, finalement, non, mais bon, peut-être, et ah, oui! mais il est arrivé ceci et cela et...  OK, soyons honnête.  À la longue, c'est lassant.  Lassant, parce que ça revient tout le temps au même, à chaque fois.  Parce qu'on finit par voir venir les choses au moins 600 pages à l'avance.  Et que l'on sait très bien que les choses vont traîner en longueur.  Malgré tout, on reste à l'écoute, parce que l'on sait, mais on ne sait pas comment.  C'est ça qui fait le piquant, même si c'est de l'archi-connu (belle incohérence dans ma dernière phrase non?)

Mais il y a plus à mon sens, surtout que les triangles amoureux pullulent dans les romans pour ados.  Contrairement aux romances destinés aux adultes qui donnent plutôt dans la suite de se disputent, se réconcilient, se jurent amour éternel, se disputent, se réconcilient et on recommence ad nauseum le triangle amoureux supposent que les amoureux ne s'engagent pas trop loin.  C'est la manie de vouloir rester toujours sur les débuts de la relation amoureuse, sur les premiers élans, les premiers penchants.  D'ailleurs, le summum de l'érotisme y dépassent rarement le baiser.  Baisers qui sont autant de scène de sexe soft vu les effets qu'ils ont sur leurs protagonistes (à lire les descriptions, on peut parfois se demander si leurs baisers ne sont pas orgasmiques...).  On garde le meilleur de la relation amoureuse, à peu près au même niveau que les lecteurs, mais sans aller plus loin et risquer d'aborder d'autres thématiques qui ne seraient peut-être pas aussi cool, comme les disputes, les relations avec les autres, le besoin d'exprimer ses besoins, de se réajuster dans une relation et tout le tralala.  Non, on ne déborde pas des débuts et on s'évite bien des problèmes.  Et puis, il faut le dire, c'est aussi la période du cycle amoureux qui promet le plus d'émotions, qui plus est quand on est adolescent et qu'on a des pics hormonaux abyssaux.

Cependant, le cliché durant souvent et se répétant à l'extrême, il ne peut que devenir lassant.  Et aussi le fait que dans ce genre de livres, les meilleurs amis finissent souvent ensemble et qu'on peut ainsi dire qu'il est presque impossible pour les gens de s'imaginer que deux personnes du sexe opposé puissent être de simples amis.  Comme si un autre modèle n'était pas possible.  La logique qui sous-tend le triangle amoureux en est une de désir après tout: désir d'être aimé, d'aimer et aussi, sans doute, un désir tout simplement sexuel.  Une frustration constante.  D'autant plus que le coeur du triangle amoureux est souvent le héros que l'on suit et qui doit faire un choix entre deux personnes.  On est rarement dans la chaise de celui qui essaie d'être choisi...  sans doute parce que ce n'est pas la chaise la plus confortable et que personne ne souhaite s'y retrouver.

Et bon, je dois le souligner, l'idée de ce billet m'est venue quand je me suis rendue compte que dans la série Divergence, il n'y a pas de triangle amoureux.  Que Tris est avec Quatre et qu'ils s'aiment, peut importe les épreuves qu'ils traversent, sans troisième larron dans le décor pour brouiller les cartes.  On peut trouver bien des défauts à cette série, mais je dois dire qu'elle a au moins une qualité: il n'y a pas de triangle amoureux.  Ça fait du bien parfois...

@+ Mariane

6 commentaires:

Bianca Neon a dit…

Je peux penser à une seule instance dans laquelle la fin d'un triangle amoureux a surpris par sa fin, et c'est dans la série télé Dawson's creek! Quand on y pense, le stratagème n'est pas neuf, on n'a qu'à penser à Archie, Betty et Véronica!

Prospéryne a dit…

Le fait que tant de triangles amoureux existent dans la littérature pour ados doit être dû au fait que les auteurs ont massivement lu Archie quand ils étaient eux-mêmes ados. Contamination culturelle :P

Gen a dit…

Pourquoi n'y a-t-il pas de triangle dans Hanaken?

Parce que j'haïs ça les triangles amoureux!!!! lololol!

Et parce que, tant qu'à moi, on est assez indécis et timoré à l'adolescence, y'a pas besoin d'un deuxième amoureux potentiel pour brouiller les cartes. J'pense que ceux qui écrivent des triangles amoureux dans des séries pour ados sont des adultes qui ont perdu de vue à quel point un ado peut être persuadé d'être en amour le lundi et se dire, le mardi, que non, il n'aime plus la personne, car elle aime le vert (ou un groupe de musique X considéré pas cool...)

WikiPA a dit…

@Gen : Ah, moi qui pensais que c'était en raison de l'absence d'un autre prétendant potentiel! :P

@Prospéryne : Vive Harry Potter où les deux couples les plus importants ont mis du temps à arriver, mais où il n'y a jamais eu d'options vraiment sérieuses! :D

Sinon, je pense aussi que cette prolifération triangulaire est due à une hausse de l'âge du public cible des dystopies. On est passé d'un public clairement adolescent (13 ans et plus) à un public « jeune adulte » (on parle ici de 17 ans et plus). Donc, contrairement aux ados, qui ont les hormones dans le tapis, et pour qui les relations amoureuses sont des montagnes russes (quand relation il y a! J'attends encore une dystopie où c'est un gros nerd à lunettes célibataire qui sauve le monde!), les « jeunes adultes » sont déjà ailleurs.

Reste que ce « moteur dramatique » (un triangle est un moyen facile et « cheap » de faire avancer l'action ou du moins UNE action) est surutilisé et de moins en moins efficace. Mais comme pour les dystopies, tant que le public va suivre, les éditeurs vont voir le potentiel économique et vont en proposer.

Ironiquement, quand on va passer à autre chose, il va y avoir UNE œuvre majeure et tout le monde va vouloir suivre le band-wagon! Les romances d'ados malades quelqu'un? Ah, j'ai trouvé la prochaine étape! Un triangle amoureux entre une cancéreuse, un leucémique et un hémophile! Oui, je sais, je viens de dépasser la limite! ;)

Prospéryne a dit…

Ouais, mais ça justifierais le triangle amoureux ça Gen: le lundi, j'aime Edward, le mardi j'aime Jacob, le mercredi, je veux rester célibataire à vie, etc :P

(Et tant mieux pour Hanaken! En tant qu'adulte, ça rend l'histoire plus intéressante)

Prospéryne a dit…

Tiens, c'est vrai que j'avais pas pensé à Harry Potter! Là aussi, c'est un bon exemple. Mais malgré tout, les portes étaient ouvertes, on était nombreux à se demander si Hermione allait finir avec Harry ou Ron, la différence étant sans doute qu'on s'en foutait royalement, que c'était juste un truc en filigrane et qu'on se demandait, ouin, avec qui?, mais surtout SI ça allait arriver! C'était loin d'être le coeur de l'histoire! Il y avait beaucoup plus intéressant à raconter.