mercredi 10 avril 2013

Langues mortes vous dites?

-Excusez-moi Madame?

-Oui.

-Est-ce que vous pensez que ça serait possible d'avoir un dictionnaire d'hébreux?

Oui, je me suis vraiment fait poser cette question.  Et oui, j'ai trouvé un dictionnaire pour ce charmant Monsieur qui voulait lire en hébreux dans le texte.  Ça, c'est sans compter les dictionnaires de latin, de grec ancien et oh surprise! de sanskrit que je me suis déjà fait demander!

Ben oui, ces langues sont apparemment mortes, mais même dans une petite ville de province, il se trouve quelques hurluberlus pour trouver du plaisir à fouiller dans des dictionnaires pour comprendre des mots sortant de textes vieux de plusieurs siècles... au minimum.  Oh, je ne dis pas que ce sont mes meilleurs vendeurs, je vends peut-être un ou deux dictionnaire latin-fraçais par année, mais reste que l'intérêt est encore là.  Les irréductibles sont peu nombreux, mais ce sont bien souvent des passionnés.

Des étudiants en histoire?  Des fous de conspiration à la sauce Da Vinci Code?  Bien loin de là.  Un client m'avait expliqué qu'il voulait lire la Bible en version originale pour trouver les erreurs de traduction (Bonne chance mon homme!).  Un autre était un retraité qui s'amusait à déchiffrer les manuscrits de la Mer Morte pour son plaisir personnel.  Comme loisir de retraite, on a trouvé moins compliqué, mais de voir l'étincelle dans les yeux de cet homme me faisait dire que s'il y trouvait son plaisir, que pourrais-je trouver à y redire?

Ces langues anciennes, ne comprenant bien souvent pas plus d'une poignée de locuteurs à travers le monde, ont encore un public qui désire les connaître, les comprendre et les approfondir.  Aussi étrange que ça puisse paraître.  Les outils pour le grand public sont peu nombreux, les meilleurs outils se trouvant bien souvent dans les circuits spécialisés qui ne sont pas facilement accessible via les librairies généralistes, mais n'empêche, il y a là un intérêt, modeste, mais réel.

Ça me réjouit souvent de voir que l'intérêt pour la connaissance et le travail de moine que demande l'étude des langues anciennes n'est pas complètement perdu.  Mine de rien, ça maintient vivant un large domaine de notre culture qui sans ça serait perdu.

@+ Mariane

3 commentaires:

Gen a dit…

Trouver des erreurs de traduction de la Bible est plus facile qu’il n’y paraît tu sais! ;) Il va plutôt avoir besoin de patience pour toutes les répertorier! Lol!

Dans mes cours de langue morte à l’université (parce que j’ai fait du latin et du grec ancien), il y avait beaucoup de non-spécialistes (ni inscrits en langues, ni en histoire). Les langues mortes fascinent beaucoup de gens et les retraités s’y mettent souvent pour deux raisons : premièrement, parce qu’ils ont enfin le temps, deuxièmement parce que leur complexité les rend souveraines contre les maladies de type Alzheimer.

Ce qui m’amusait, c’était de voir que les « jeunes » du cours apprenaient très vite les structures, (la grammaire) tandis que les « vieux » avaient visiblement le temps d’étudier davantage le vocabulaire du dictionnaire.

Sébastien Chartrand a dit…

Personnellement, j'ai ressorti ma grammaire et mon dictionnaire de latin pour l'écriture de l'Ensorceleuse de Pointe-Lévy. :P

Prospéryne a dit…

@Gen, hum, pour les erreurs de traductions, en effet, je me disais qu'il allait avoir du boulot... Et qu'il allait en trouver pas trop difficilement! Ton commentaire d'historienne me fait dire que ce que je vois à petite échelle doit être vraiment plus important que je ne le pense. Et vive le latin! :D

@Sébas, toutes les raisons sont bonnes pour se mettre à la langue de Cicéron! ;)