La vérité sur l'affaire Harry Quebert Joël Dicker Audiolib Environ 21h 15
Résumé:
Marcus Goldman est un écrivain dont le premier livre a été un immense succès. Un an après, il est atteint de la maladie des écrivains: la page blanche. Il va trouver refuge chez son mentor, Harry Quebert, un professeur d'université et auteur d'un immense succès de librairie: Les origines du mal. Là, il découvre que Harry trente-trois ans auparavant, a été amoureux d'une adolescente de 15 ans, Nola Kellergan, alors que lui-même en avait 34, et que celle-ci est mystérieusement disparue, le laissant dans l'attente de son retour, depuis tout ce temps. Il a écrit Les origines du mal pour elle. Quelques semaines après cette découverte, on retrouve le corps de Nola... dans le jardin de Harry. Incapable de croire que son mentor a tué la jeune fille, Marcus se lance dans une enquête afin de découvrir la vérité. Une enquête qui lèvera bien des secrets et fera surgir du passé d'innombrables démons, sur fond de médias déchaînés, de campagne présidentielle de 2008 et d'une certaine Amérique profonde où le silence cache de petites et grandes choses.
Mon avis:
Finir ce livre, c'est aligner d'un seul coup tous les jurons que vous connaissez et les répéter une bonne dizaine de fois. C'est débile comment il prend aux trippes. Ce n'est pas un polar, c'est un roman, mais un roman qui tient du polar, un roman qui parle de l'écriture, un roman qui parle des livres, un roman qui parle de l'amour, un roman qui parle du passé, un roman qui parle des regrets et un roman qui parle des secrets et du poids qu'ils finissent par représenter. C'est aussi un roman sur l'Amérique, dans son sens large, celui de ce qui fabrique la mentalité des gens vivant aux États-Unis, particulièrement dans les petites villes où rien ne semble jamais se passer et où les drames déchirent un voile qui semble opaque. C'est surprenant parce que l'auteur de ce livre n'est pas né dans ce pays. Le grand roman américain, recherché par tous les critiques du pays, aurait-il été écrit par un auteur parlant une autre langue et venu d'un autre pays? Ça peut paraître surprenant, mais il me semble que oui, tellement dans ce livre, on sent l'essence de ce qui fait des américains ce qu'ils sont, avec tous les défauts et toutes les qualités que cela comporte. Ce roman est un roman polyphonique, tous les personnages y ont une place, une voix et c'est le choeur de ces voix qui vont mener à la vérité sur les événements du 30 août 1975, où Nola Kellergan est disparue. On découvrira bien des choses sur les habitants de la petite ville d'Aurora où se déroule l'histoire, entre autre que les petits gestes qui semblent sans conséquence peuvent en avoir de grandes. Et que quand un crime touche des gens proches, qui se connaissent depuis longtemps, ces liens sont le meilleur ciment du silence. Même dans sa construction, ce roman est un exploit: c'est une poupée russe où l'on découvre un secret à l'intérieur d'un secret, à l'intérieur d'un secret. D'autant plus que le livre se déroule sur plusieurs époques, dans plusieurs milieux, mais tout se relie, tout est magnifiquement démontré. On pourrait parler de ce livre en accumulant les clichés, mais c'est justement son génie: il les dépasse, les surpasse, même si on sait que telle idée a déjà été discutée, parlée, il la déconstruit et la reconstruit avec un talent rare et indéniable. Ce livre, je le déteste, pour ne pas dire que je le hais, il m'a prise dans ses filets, m'a bousculée de tous les côtés et m'a jetée par terre. Et j'étais prisonnière de lui, je devais avancer, le finir, savoir ce qui était arrivé à Nola Kellergan. C'est un livre qui m'a fait chier, mais dont je ne peux que reconnaître l'immense qualité et quelque part aussi, le génie. Félicitation au lecteur, Thibault de Montalembert pour avoir su si bien rendre la voix de l'auteur dans ses mots et aussi d'avoir respecté la prononciation des noms propre et de lieux dans leur langue d'origine, permettant de préserver la saveur de l'effet de plongée dans l'Amérique où se déroule l'intrigue.
Ma note: 4.75/5
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