mercredi 4 septembre 2013

Mais c'est une histoire merdouille!

Salut!

Souvent, je me rends compte que certaines personnes se détournent d'excellentes oeuvres parce qu'elles sont plus anciennes.  Les jeunes particulièrement, froncent le nez si on leur parle d'un livre qui a plus de vingt ans.  Probablement parce qu'ils ont été obligés de s'y frotter par le mauvais bout lors de leurs études.  Je trouve cela déplorable.  Parce qu'au fond, un classique, c'est une histoire que l'on nous raconte, tout simplement.

Allez-y, sortez les grands noms: tous les grands auteurs du XIXe siècle (Madame Bovary mettons), du XVIIIe (Les liaisons dangereuses?) et même du XVIIe (Allons-y pour La princesse de Clèves) si vous le souhaitez.  Ou des auteurs de l'Antiquité si vous préférez!  L'Illiade et l'Odyssée, c'est une histoire!  Tous ces auteurs, en écrivant, tentent de faire passer un message, une idée, de faire comprendre ce qu'ont vécu des personnages.  Pour cela, il faut accrocher le lecteur pardi!  Bon, ok, le style est royalement différent de ce que l'on peut trouver aujourd'hui, la façon de raconter aussi, l'intention derrière également, mais à la base, le but est le même: raconter une histoire.

Et ces histoires, sont-elles si différentes?  Bon, je vous en raconte une.  C'est une femme qui menant une vie morne et sans éclat, se met à collectionner les amants pour chasser l'ennui de sa vie.  Un roman de chick-lit moderne?  Non, Madame Bovary.  Le thème est universel.  C'est la façon de le traiter qui diffère selon les époques, les styles à la mode, la façon de raconter.  Les longs poèmes que constituait les chansons de geste étaient destinés à être récités, pas à être lus, donc, il est normal que la forme soit différente.  De même, la majorité des livres d'Alexandre Dumas et Honoré de Balzac étaient payés à la page, d'où le luxe de détails et de péripéties (qui donnent aujourd'hui d'énormes formats poches).  Et ça c'est sans compter les mentalités de l'époque, la façon qu'avaient les gens de parler, de s'exprimer.  Et de quels étaient les thèmes porteurs à la mode dirait-on aujourd'hui!  Parce que quoi qu'on en dise, les auteurs n'ont que très rarement écrit pour rester sur la tablette!

Si dur que ça à lire les classiques?  Non, il faut seulement s'habituer.  De un, à ne pas tomber dans un roman comme il y en a des dizaines dans les librairies.  Il faut voir les classiques comme un dépaysement.  Comme si on aborderait un récit de fantasy ou de science-fiction: on doit l'accepter tel qu'il est, avec ses défauts et ses qualités.  Dès le départ, il est différent.  Il le restera, ce qui fait au fond ce qu'il est.  Sa différence fait aussi sa richesse.  Chercher à le faire entrer dans une «case» de la littérature contemporaine est une grossière erreur.  De deux, il faut aller voir derrière la façon de s'exprimer totalement différente de la nôtre un fait qui demeure: l'humanité reste l'humanité, quel que soit l'époque.  Et ses grands thèmes universels et porteurs restent les mêmes.  C'est à cette humanité-là auquel il faut s'accrocher.  À ces personnages qui quelque soit l'année et les événements qu'ils ont vécu, ont aimé, souffert, pleuré et triomphé.

Les classiques, c'est l'aventure.  Mais j'en suis consciente, à petite dose!  Parce qu'à force de trop en avaler, comme pour d'autres choses, on flirte avec l'écoeurantite aiguë!

@+ Mariane

10 commentaires:

Sébastien Chartrand a dit…

Il y a de bons moyens pour amener les jeunes à la lecture des classiques.

Prenons la mode fantasy. D'abord faire reculer de plusieurs décennies avec Bilbo. Facile à lire, celui-là. Puis on recule encore dans le facile. La saga de Kadath de Lovecraft, Conan de Howard. On est au début du XXe siècle... on recule encore ? Lord Dunsany. Encore ? Hop ! La saga arthurienne de Chrétien de Troyes, les Contes des 1001 nuits. Puis du théâtre, pourquoi pas ? Shakespeare, La Tempête... rien de moins ! Puis on recule encore, notre lecteur s'habitue au style archaïque... et vient l'Odyssée, bien entendu... ensuite, on brode autour. T'a aimé la Tempête de Shakespeare ? Il y a un soupçon de fantastique dans Hamlet et Macbeth...

Peu à peu, notre lecteur découvre les classiques.

Ta comparaison avec Mme. Bovary et la chick-lit est excellente. On peut le faire avec la SF, avec l'espionnage, le polar, le thriller... suffit d,y aller doucement.

Je ne dis pas qu'il faut nécessairement y aller progressivement, mais c'est souvent un meilleur moyen pour éviter que le lecteur soit intimidé.

Les classiques sont accessibles à quiconque se donne la peine de les découvrir. Ce qui est bien dommage, c'est que nombreux sont les enseignants, les parents, les bibliothécaires et certains libraires moins attentifs qui garochent un classique dans les mains d'un lecteur qui n'est pas prêt. Et voilà un autre grand lecteur avorté parce qu'il a prit la grande littérature par le mauvais bout...

Sébastien Chartrand a dit…

P-S: et oui, ma chère Prospé, je retrouve doucement mes instincts de long commentateur... pour le meilleur et pour le pire ! :P

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Unknown a dit…

e ne crois pas qu'il y ait cause à effet entre les descriptions réalistes balzaciennes et la rémunération à la page. Je sais que tu n'es pas la première à faire le parallèle, mais c'est quand même un peu fort comme conclusion. Dans certains de ces romans, ceux publiés en feuilleton, on sent une volonté de découpage, visant à accrocher le lecteur à la fin d'un passage quotidien. De ce côté on peut dire qu'il était "commercial", mais je n'irais pas prétendre qu'il sacrifiait la qualité à la quantité, loin de là.

Gen a dit…

Faut admettre que y'a des styles de classique (ou même des œuvres d'un même auteur) qui passent mieux que d'autres. L'époque des feuilletons peut être particulièrement pénible. Parce que pour un Dumas qui savait être passionnant même quand il écrivait longuement, combien de truc ronflant à la Paul Féval Fils? (Zzzzzz) Suffit souvent d'une mauvaise expérience pour nous donner envie de tout laisser tomber.

Perso, ma technique pour intéresser les gens à des trucs classiques, ça a toujours été de les faire passer par le théâtre, les chansons de geste et même les épopées homériques. Une fois qu'on leur explique que c'est fait pour être récité, on les met en contact avec l'oralité d'un autre temps. Ça devient tout de suite plus vivant.

Et après on peut leur mettre les grosses briques dans les mains! ;)

Bon moi j'ai une histoire bizarre : j'ai commencé par lire beaucoup de classiques, parce que c'était les plus gros livres de la bibliothèque municipale et que ça me permettait de tenir plus longtemps avant d'achaler mes parents pour qu'on y retourne! Mais y'a eu des trucs moches dans le lot! ;)

Gen a dit…

@Philippe : Ce n'est même pas une question d'appât mercantile d'après moi : c'est une question de formatage mental de l'écrivain.

Après un bout de temps, on sait comment découper son histoire en tranche, combien de temps passer sur telle ou telle description pour que le tout "fitte" dans le format exigé de l'éditeur.

Illustration personnelle de ce principe : mes projets se développent maintenant "naturellement" en trucs racontables en 5 000 ou 50 000 mots, parce que ce sont les deux longueurs les plus standards de l'édition québécoise.

Unknown a dit…

@Genevève : 100% d'accord!

Prospéryne a dit…

@Sébas, je me demandais aussi quand tu allais reprendre tes bonnes vieilles habitudes! :P

@Phil, dans ce cas, mes profs de français m'ont menti quand j'étais au Cégep! :( On m'a toujours dit que Balzac faisait de la description à plus finir parce qu'il était payé à la page comme tous les auteurs de feuilletons de l'époque!

@Gen, même Dumas finit par être lassant au bout de 1300 pages! Quand au nombre de mots à cause du format... ah, hypothèse très séduisante! Ça expliquerait tout! :)

Unknown a dit…

Sans te mentir consciemment,tes profs ont véhiculé une fausse croyance extrêmement simpliste.

Si Balzac avait allongé pour allongé, ses romans ne seraient pas si passionnants! Sérieusement, peu d'auteurs après lui sont parvenus à combiner la description et l'intrigue dans un dosage si juste. Au Québec, Bonheur d'occasion, de Gabrielle Roy, en est un surprenant exemple.

Une des richesses balzaciennes réside dans les descriptions de personnages. Balzac a tellement bien compris l'âme humaine que ses personnages, tout typés qu'ils soient, seraient transposables dans notre monde. Ne connaissons-nous pas chacun un Lucien de Rubenpré, un Rastignac ou pire encore, un voyou sans scrupules à la Vautrin?

Bon, je m'emporte! Je n'en suis qu'à une quinzaine de titres de lus sur les 91 de La Comédie humaine, mais Balzac, je te le jure, c'est tellement plus que du remplissage de page!

Prospéryne a dit…

@Phil, tu me donnes envie de lire Balzac toi! Je n'en aie jamais lu. Enfin pour l'instant!