lundi 27 mai 2013

Le chant de sirènes des possibilités

Salut!

Je fais partie des sceptiques envers le numérique.  J'y vois du bon et du moins bon.  J'ai une liseuse et je l'aime bien cette chère Bête!  Je ne suis pas passéiste, mais je ne suis pas de ceux qui parlent d'avenir radieux droit devant sans le moindre nuage.  Je sais qu'il faudra composer avec le numérique au cours des prochaines années et je n'ai rien contre, mais tout de même!  Les partisans du tout-papier et les partisans du tout-numérique me tapent sur les nerfs à valeur égale!

Cependant, je trouve que, comme toute nouveauté, on parle du numérique comme de la solution (ou la cause) de tous les problèmes de l'univers, comme si la panacée universelle existait!  Hé! Ho! Allumez!  Non, le numérique ne va pas faire disparaître la littérature et non plus, il ne va pas résoudre tous les problèmes de distribution du livre d'un clic de souris!  Surtout au niveau des problèmes de distribution/diffusion du livre, misère que les gens se leurrent...  Ça en est désespérant!  Mais bon, il y en a qui entendent l'appel du numérique comme Ulysse entendrait l'appel des sirènes.  On dirait que parce que c'est nouveau, parce que c'est un territoire inexploré, ça a toute les qualités de l'univers et aucun des défauts.  Et comme les démons derrière A*** font croire aux histoires de gloire et de richesse instantanée (combien d'espoirs déçus pour une E.L. James?), beaucoup de gens se jettent vers le numérique comme les mouches bourdonnent autour d'un joli tas bien chaud de... mouais.

Voilà que je suis tombée récemment sur cet article écrit par un blogueur des Studio C14, une entreprise spécialisée dans la création de epub et le livre numérique en général (je n'ai pas trouvé de définition précise de ce qu'ils font sur leur site web)  Il faut le dire, j'ai adoré le ton de ce billet incisif.  Parce qu'il met le doigt sur ce qui manque le plus au niveau de l'édition numérique: la volonté de faire un bon produit.  Le numérique, par son absence de support physique laisse faussement penser que l'on peut bâcler certaines parties du travail, qu'elles sont moins importantes, et bien non.  Le numérique n'allège pas le travail éditorial.  Et je trouve que c'est ça qui manque cruellement en ce moment dans le monde numérique.

J'avais fait un billet il y a un bail sur la ligne éditoriale des maisons d'éditions.  C'est ce qui manque en ce moment dans le monde numérique: des passionnés de l'ombre, travaillant à faire éclore d'excellents livres.  Prêt à y mettre le temps et l'énergie nécessaire.  C'est à ce prix que le numérique pourra survivre et se développer.  Pas en offrant de la qualité inférieure à ce que l'on peut trouver sur papier.  Parce que même avec un prix inférieur, personne ne sera intéressé à payer pour des sous-produits à long terme.  Ça détournera les lecteurs parce que ceux-ci sont aussi des consommateurs.  Ils recherchent de la qualité, certes à bon prix, mais si on ne leur sert rien de valable, ils vont aller voir ailleurs s'ils y sont tout simplement!

Mais bon, les sirènes chantent et certaines sont prêts à les suivre parce qu'ils ne voient pas les rochers...

@+ Mariane

9 commentaires:

Gen a dit…

Anecdote pour supporter ton propos : dans un salon du livre, je me suis fait approcher par une "maison d'édition" numérique. Ils étaient prêts à me publier, m'ont-ils dit, puisque j'avais déjà une bonne réputation et que j'avais fait mes preuves. Et leur "processus éditorial" était ultra-simple, se sont-ils vantés : j'uploaderais moi-même mes nouvelles et romans dans leur catalogue, elles seraient automatiquement converties dans les différents formats et immédiatement disponibles à l'achat. Je fixerais mon prix moi-même et j'aurais juste un faible pourcentage à leur verser.

Je les ai regardés de travers et je leur ai répondu que si je me mettais à la publication instantanée, j'étais aussi bien d'oublier tout aussi instantanément la "réputation" qui les avaient amenés vers moi.

Ils ont visiblement pas compris ce que je voulais dire. J'ai posé quelques questions et j'ai réalisé que je parlais avec un gars qui avait un MBA et un informaticien. J'ai rien contre les uns et les autres (quoique, attendez, c'est faux, j'aime pas tellement les gestionnaires), mais ce ne sont pas des éditeurs!

Unknown a dit…

Que dire sinon que j'aime, j'adore, je plussoie, je surkiffe, tout ça en battant des mains.
Le travail éditorial est là pour accompagner l'auteur dans sa démarche créatrice

Sébastien Chartrand a dit…

100% d'accord avec vous toutes...

Prospéryne a dit…

@Gen, exactement le genre de publieurs (ils ne méritent pas le titre d'éditeurs!) pantentés qui causent le plus de tort à l'arrivée du livre numérique. Et le plus souvent de bonne foi parce qu'ils ne connaissent rien au milieu du livre et croient que tout se fait en criant ciseau! Groumphs...

@Alice, tout ça en battant des mains? Ma foi, chapeau! :P

@Sébas, merci! :)

richard tremblay a dit…

Y a qu'à voir avec quelle désinvolture les éditions traditionnelles cèdent aux chants des sirènes. Les Six Brumes en sont un excellent exemple. Les livres dans les collections papier bénéficient d'une direction littéraire. Quand les Six Brumes ont mis sur le marché leur collection uniquement numérique, SF2X (je crois), la décision a été prise de ne pas faire de dir litt sur les nouvelles, d'où un désastre comme Sirak et une semi-réussite comme La Goule, deux nouvelles qui auraient grandement eu besoin de dir litt et de correction grammaticale.
Les Six Brumes ont joué la mauvaise carte.

Prospéryne a dit…

@Richard, je ne peux pas juger, n'ayant pas lu les deux oeuvres en question, mais je sais que dans le cas du numérique, il y a beaucoup de travail de bâclé en bien des occasions et la qualité de la langue française est souvent parmi les premières choses à prendre le bord.

Dominique Blondeau a dit…

Prospéryne, il y a surtout beaucoup de "déchets" dans les sites numériques collectifs, comme lulu.com On a l'impression que tous les recalés des éditeurs traditionnels sont là. Il n'empêche que mon dernier roman est publié en numérique aux Éditions Le chat qui louche. Dany Tremblay y fait du très beau travail. Je sais de quoi je parle, je suis réviseure linguistique...

Unknown a dit…

Je crois que l'idéal est que ta collection numérique soit le miroir de ta collection papier. Si tu as jugé bon le publier en papier, tu le publies en numérique. Pas de passe-droit direct au numérique.

Pour ce qui est de la production comme telle, pour avoir un produit satisfaisant, rien de mieux que de développer une expertise à l'interne. C'est moins cher, et tu as le plein contrôle sur la qualité de ton produit!

Prospéryne a dit…

@Dominique, ce qui veut dire que ton ÉDITEUR (désolé, je peux pas mettre en italique! :( ) a fait son boulot! Si c'est le cas, pas de problèmes avec le numérique! Aucun! Au contraire, je crois qu'il en fait une utilisation intelligente et c'est là que l'on peut voir tout le potentiel de celui-ci. (Au fait, j'adore le nom de ta maison d'édition! :D )

@Philippe, ce que fait Alire je crois? Leurs produits numériques(pour avoir fait le test) sont à la hauteur des produits papiers. Selon moi, eux et quelques autres éditeurs québécois sont des exemples à suivre dans le domaine. J'ai des noms en tête, mais n'ayant pas testé les produits, je vais les garder pour moi. Je ne tiens pas à faire de la pub à des gens qui ne le mérite pas! :P