Salut!
On apprenait hier dans les pages du Devoir que l'émission Vous m'en lirez tant, la seule et unique à la SRC à se préoccuper uniquement du livre, ne reviendra pas en ondes à l'automne prochain. J'ai bien dit la seule et unique. Oui, on continuera à parler de livres, mais au travers émissions culturelles où l'on peut facilement s'attendre à ce que les livres dont on discutera le plus seront les derniers livres à la mode ou des essais. Pas de la littérature. Et que comme bien souvent, celui-ci n'aura droit qu'à la portion congrue.
Je ne suis pas si triste que ça de la disparition de cette émission. Je suis triste de la disparition de la seule émission consacrée à la littérature. Je me rappelle un dimanche après-midi venteux et gris où j'avais fait le chemin pour aller assister à un enregistrement. L'émission était enregistrée devant public et on avait qu'à consommer un petit quelque chose pour pouvoir rester sur place et écouter. Quand même 7$ pour deux 7-up (ouch!), mais tout de même, c'était sympa de pouvoir y aller librement. N'empêche, je suis sortie de là avec un mal de tête carabiné et j'avais même hâte que l'enregistrement se termine. Pourquoi? Tout simplement parce que c'était tranquille et, je le dis sincèrement, pontifiant. Ah le livre, il est bon, ah, telle chose était intéressant, ah, ah, ah! Je l'ai déjà dit, je n'aime pas les choses tranquilles, on endort le livre sous le prétexte que lire est une activité silencieuse. Or, pour moi, et je l'ai déjà dit, lire et les livres sont deux choses tout sauf tranquilles.
Alors, on perd une émission qui si elle n'était pas parfaite, avait au moins l'immense mérite d'exister. Allo la terre! Allo Sylvain Lafrance! Vous ne pensez pas que si vous preniez le temps de faire une émission sur la littérature vivante et intéressante, vous pourriez avoir ici et là des côtes d'écoute et des gens qui vont vous suivre? On parle dans ces émissions littéraires principalement de romans québécois écrit par des gens d'expérience (pour ne pas dire dans la cinquantaine!) ou de romans policiers. Loin de moi l'idée de dire que l'on ne doit plus en parler, mais où est la place pour les albums, pour la littérature jeunesse, pour la littérature des jeunes trentenaires, pour la littérature étrangère, pour la science-fiction, le fantastique, la poésie, le théâtre même? Pourquoi toujours passer des auteurs en entrevue et leur faire parler de leur vie et non de leurs livres? Pourquoi lire leurs oeuvres bien tranquillement, comme si un grand-père faisait la lecture à ses petits-enfants au coin du feu? Peu de débats, peu d'opinions et pourtant, les lecteurs, j'en suis le témoin quotidiennement, savent pertinemment ce qu'ils pensent de leurs livres et sont tout aussi capable de l'exprimer. Je crois que c'est en bonne partie ça le problème: on fait fait les émissions littéraires par des gens du milieu littéraire, alors qu'elles devraient être faites par les lecteurs, car ce sont eux, en bout de ligne, qui font vivre le milieu et lui donnent son effervescence. Sans lecteurs, pas de littérature, ni d'auteurs, ni de livres. Merde, il serait peut-être temps que quelqu'un pense à faire faire une vraie émission littéraire par des lecteurs passionnés plutôt que de couper le peu de temps d'antenne consacré à la littérature.
@+ Prospéryne
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