mardi 21 juin 2011

Traduire c'est trahir

Salut!

La formule est connue: la traduction est une trahison, elle dénature l'oeuvre première et le lecteur qui ne parle pas la langue d'origine de l'oeuvre n'a droit qu'à un succédané n'ayant pas grand chose en commun avec l'original.  Pas d'accord avec cette affirmation, mais disons que dans certains cas, oh là là, je suis entièrement d'accord!

D'ailleurs, c'est quoi traduire?  Prendre le texte d'une langue et faire passer celui-ci mot à mot dans une autre?  BUZZZ!  Erreur!  Si vous voulez savoir de quoi a l'air un livre traduit de cette façon, allez rigoler sur Google Traduction.  Fou rire garanti!  C'est tellement pitoyable que s'en est désolant.  Non, la traduction, c'est plus que le mots-à-mots.  C'est aller chercher le sens du texte, le sortir de son contexte culturel et le faire passer dans une autre langue, dans d'autres mots et dans un autre contexte culturel.  Ça demande des connaissances approfondies des deux langues dans lequel on travail, du sens des expressions, du contexte dans lequel se déroule l'histoire, de la façon dont l'auteur écrit, bref, ça demande d'être un expert en langue et en culture tout en ayant soi-même un certain talent pour écrire, parce que si on sait traduire, il faut quand même savoir écrire pour bien rendre le texte.  C'est un art, un art très difficile ou tout se fait sur la corde raide.  Imaginez la traduction de calembours!  Ou encore, la traduction de la poésie d'une écriture qui se sert des sons pour rythmer ses phrases.  Pas facile, pas évident.  Un art je vous dis.  Un art très critiqué d'ailleurs et pas souvent reconnu.  Essentiel par contre.  Et combien de fois malheureusement, bâclé.  Honteusement bâclé.

Je ne peux pas parler des traductions des d'autres langues que le français et je vais ici surtout parler des traductions de l'anglais nord-américain faites en France, parce que de mon humble point de vue de québécoise, ouf, c'est sans doute là que l'on voit les pires horreurs.  Je ne jette pas la pierre à personne, mais me permettez-vous de dénoncer quelques horreurs?  L'exemple idéal?  Mordecaï Richler.  Un homme qui a tellement tapé sur la tête des québécois francophones que personne ici n'a osé le traduire.  On a confié la tâche à un français de l'Hexagone qui n'avait sûrement jamais mis les pieds de ce côté-ci de l'Atlantique.  Et qui ne connaissait rien à la réalité de ce Juif montréalais qui a grandi et vécu au coeur du Mile End.  La meilleure façon de le prouver?  Voici un exemple de la traduction d'un de ses livres, Le monde de Barney si je me souviens bien.  En anglais: He hit a home run.  Version traduite en France: Il a claqué la balle et couru jusque chez lui.  Misère....  Le traducteur n'avait sans doute jamais entendu parler de base-ball de sa vie pour commettre une telle bourde et confondre un home run (un coup de circuit) et une course à la maison qui en est la traduction mot-à-mot!  Voilà, le gars a traduit quelque chose dont il ne connaissait pas la réalité culturelle.  Et s'est couvert de ridicule par la même occasion. Pour ceux qui croient que ce genre d'erreur est de l'histoire ancienne, je pourrais aussi citer La balade de baby de Heather O'Neill paru en 2008 ou au lieu de la bonne vieille slush québécoise, on parlait de granité...  Heu, désolé, mais c'est vraiment pas le même truc!  Et je ne cite qu'un seul exemple, il y en a un paquet dans le livre!

Combien d'autres erreurs?  On pourrait en faire un livre, c'est fou!  La méconnaissance culturelle de certains traducteurs n'a d'égal que leur volonté de vouloir faire français.  Ok, pas français dans le sens de francophone, de la langue.  Non, français dans le sens de culturellement français de France.  Mes excuses Messieurs et Mesdames de ce magnifique pays que je rêve de visiter, mais n'y-a-t-il pas un peu de nombrilisme là?  Vous n'êtes pas les seuls à parler cette langue et même si votre marché est important, il n'y a pas que des gens de l'Hexagone qui lisent vos traductions!  Certains sont excellentes, je n'ai rien à redire.  Chapeau à ceux qui prennent le temps de bien les faire, chapeau à vous et merci, merci de prendre le temps de traduire le texte en français international, en français compréhensible pour tous les francophones et culturellement accessible à tous.  Et d'éviter de sur-utiliser les expressions de la banlieue parisienne.  Et de transformer le système scolaire américain ou canadien en collège et en lycée.  Et à farcir vos textes de jurons qui sonnent sûrement bien avec votre accent, mais pas avec le nôtre ou celui de la Belgique ou de la Suisse.  Et de plaquer des mots anglais partout alors qu'il existe des équivalents français parfaitement adaptés et tellement plus jolis...  À vous merci.  Aux autres qui font ces erreurs, ben, essayez d'en faire moins SVP!  Les États-Unis, ce n'est pas que le pays que vous voyez au cinéma (en traduction franco-française sûrement), le Canada non plus et encore moins le Québec, alors sortez de vos pantoufles des Galeries Lafayette et découvrez un peu les univers dans lequel se déroule les histoires que vous traduisez.

Merci.

@+ Prospéryne

2 commentaires:

Gen a dit…

LOL! Tellement vrai!

Par contre, les Français ne massacrent pas que les traductions depuis l'anglais. Ils semblent incapables de ne pas imprimer leur marque sur tous les textes.

Au point où j'en suis rendue à lire mes auteurs japonais et scandinaves préférés en traduction anglaise! Ça me fait moins grincer des dents.

Prospéryne a dit…

@Gen Je n'ai parlé que de l'anglais parce que c'est ça qui m'a sauté dans la face récemment, mais tu as bien raison, quelque soit la langue, on «francise» quand on traduit en France! Pour ma part par contre, je ne lis pas en anglais, j'ai trop peur de perdre le goût de la lecture en Français ensuite comme c'est arrivé à plein de gens que je connais :(