jeudi 6 novembre 2014

L'histoire au lieu de l'Histoire

Salut!

Souvent, quand on lit un roman historique, l'auteur donne une petite twist aux événements.  Juste un peu.  Pas beaucoup la plupart du temps, mais...  Rendre un personnage plus fort, lui faire faire une petite gaffe, changer un peu son caractère ou l'interprétation de ses actes, ajouter une justification qui est loin d'être ...  Pas grand chose, mais...  Des fois, c'est suffisant entre un personnage historique plate à mort et du panache.  C'est rendre une histoire autrement triste heureuse.  C'est une tonne de petits détails, qui ne rendent absolument pas justice à la vérité, mais!  Bon, des fois, on aimerait mieux que ce soit cette vérité-là qui soit la bonne.  On aimerait mieux l'histoire à l'Histoire.

Je suis la première à déblatérer contre les écrivains qui prennent trop de distances avec la vérité.  Si, si!  Si vous ne me croyez pas, demandez à certaines personnes les commentaires que j'ai fait en regardant 10 000 ans BC.  J'ai hurlé pendant la moitié du film contre les absurdités du scénario...  faisant se tordre de rire mes amis.  Ouais, j'avoue, trop transformer l'Histoire me fait grincer des dents.

Mais des fois...  Ok, je sais que ce n'est pas tout à fait exact.  Je peux même en redire beaucoup.  Mais c'est si bien fait.  Cela est tellement cohérent dans le reste de l'intrigue, ça s'insère bien dans le contexte de l'époque, tout cadre, tout fonctionne, alors, oui, je peux, tout en sachant que ce n'est pas la vérité, que cela s'écarte de ce que je tolère normalement, oublier tout ça et me laisser seulement emporter par l'histoire sans penser à l'Histoire.  La soeur de Mozart en était un bon exemple.  Je savais, pour avoir lu plusieurs résumés de sa vie que la version offerte par Rita Charbonnier, sans être bonbon, offrait une bien plus belle fin que la vraie vie à Nannerl.  Mais elle était si belle cette fin, une femme qui au travers des contraintes liée à son sexe réussissait à se trouver et à trouver une forme de bonheur, pas celui rose bonbon d'Hollywood, mais le sien.  C'était beau, tout simplement, une réussite autant littéraire que de reconstruction historique, même si ça ne respectait pas parfaitement les faits.

Je crois, non, je sais, que tout bon roman historique trahit en partie la vérité.  Parce que la vie n'est jamais écrite comme dans un roman.  Même si le livre permet de s'allonger un peu plus qu'un film, il reste que des scènes très romanesques peuvent très bien ne jamais avoir eu lieu ou d'autres sont répartis dans le temps.  À certains moments, on pourrait même penser que la réalité est plus invraisemblable que la fiction.  Parce qu'elle est mieux présentée, selon des schémas plus connus, plus sécurisants.  Mais la réalité, surtout lorsque l'on parle de l'Histoire, c'est qu'elle a ses lois propres et se fout de celle de l'écriture narrative.  D'ailleurs, le travail des historiens a bien peu à voir avec celui des romanciers en tant que tel.  Leur boulot est de trouver les faits et de les interpréter, pas de refaire revivre devant nous une personne morte depuis parfois des décennies, ou même qui n'a jamais vraiment existé, mais qui nous paraît si réelle.

Le roman a un pouvoir d'évocation énorme et parfois, on se dit que l'on aimerait mieux que ce soit cette version qui soit la bonne plutôt que celle des manuels d'histoire.  Ce n'est souvent pas le cas, mais bon, parfois, peut-on dans sa tête, préférer l'histoire à l'Histoire?

@+ Mariane

2 commentaires:

Claude Lamarche a dit…

Même à l'Histoire, nos professeurs (religieux bien souvent, dans mon cas) ont fait dire ce qu'ils voulaient.
Et on les a crus.

Prospéryne a dit…

Hum, c'est vrai ça... Mais bon, ça devait pas être aussi passionnant qu'un bon roman. :)