lundi 3 novembre 2014

Les belles-soeurs de Michel Tremblay

Les Belles-Soeurs  Michel Tremblay  Collection Théâtre  Leméac  151 pages



Résumé:
Germaine Lauzon a gagné un million de timbre-prime dans un concours.  Pour les coller dans les livrets, elle invite soeurs, belle-soeurs et voisines à un party de collage de timbres.  La soirée ne se passera pas comme prévu.

Mon avis:
Qui n'a jamais entendu parlé de cette pièce de Michel Tremblay, la plus marquante de ses oeuvres?  Beaucoup de gens, la plupart ayant en même temps entendu parler du scandale que la pièce a fait au moment de sa parution parce que les personnages y parlaient le joual, une langue française fourchue, tordue, celle qui prend place dans la bouche des classes ouvrières, mais qui dans celle des personnages de l'auteur, devient une forme d'expression complète, entière.  Une langue avec ses propres codes.  On en oublie combien elle est décriée dans certaines occasions, tellement elle est bien utilisée dans cette pièce.  À travers elle, on ressent les émotions de ces femmes, mères, épouses, réduites à leur rôle, bien souvent engluées dans des émotions qu'elles ne peuvent exprimer faute de mots pour le faire.  Une telle a découvert le plaisir à 55 ans en sortant dans les bars, l'autre doit subir la libido débordante de son mari, une autre est enceinte sans être mariée, une autre a pensé avoir trouvé la liberté dans une vie sortant du cadre traditionnel.  Toutes à un moment donné nous livre ce qui les ronge de l'intérieur.  Derrière le vernis des apparences apparaît une véritable détresse et une volonté farouche de ne pas laisser voir cette faiblesse aux autres, de maintenir le masque, on comprend qu'au fond, elles sont plus semblables qu'elles ne veulent l'admettre, montant en épingle de petites différences pour se maintenir à flot les unes face aux autres.  La langue écrite de cette pièce rend hommage à la langue parlée et est par ce fait même un peu ardue à aborder.  Il faut lire certains extraits à voix haute pour les comprendre, pour en extraire toute la saveur.  Ce n'est pas un texte facile à aborder et on se surprend à se demander comment serait rendue la pièce en vrai en la lisant.  Certes, les didascalies aident, mais ce n'est pas une pièce que l'on doit lire, mais bien que l'on doit entendre.  Les extraits des nombreuses critiques de l'époque en fin de texte donne une idée de la résonance de la pièce à sa sortie, en plein milieu de la Révolution tranquille.  Éclairant pour le lecteur qui veut aller plus loin que la simple lecture du texte de la pièce mythique.

Ma note: 4/5

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