vendredi 19 septembre 2014

Les «codes» des genres

Salut!

Essayez de vous imaginer ceci: un roman policier... où il n'y aurait pas de meurtres.  Un roman de fantasy... où il n'y aurait pas de quête pour trouver un artefact ou vaincre un vilain voulant dominer le monde.  Un roman d'amour... où il n'y aurait pas d'histoire d'amour.  Bizarre non?  Ben oui!  Parce que les genres se sont construits autour de certains thèmes, certains façons de faire, certaines résonances dans l'intrigue.  C'est ce qui fait la spécificité du genre.  C'est malheureusement aussi un piège dans certains cas.

Alors que la littérature générale peut couler dans toutes les directions, il y a certaines règles de base qu'il faut respecter dans les littératures de genre.  Un élément important qui «fait» le genre.  Je veux dire, il faut une enquête à la base d'un roman policier parce que ce qui fait la spécificité du genre est précisément cette enquête pour savoir qui l'a fait le coup.  Le roman policier a besoin d'une enquête pour fonctionner.  Un meurtre?  Idéalement, si, mais de nombreux romans d'espionnage ne comportent pas de meurtres et fonctionnent quand même.  Cela correspond à une extension du genre.  Le bon vieux policier a élargi ses horizons et a été ratissé dans une zone proche en gardant ce qui faisait sa caractéristique principale: une enquête.  Preuve que même si les genres ont un élément de base à respecter, ils peuvent aller dans toutes les directions!  Reste que l'enquête est la base.

Pour le roman de fantasy, c'est une quête.  Il faut trouver quelque chose, combattre un ennemi, empêcher quelqu'un de faire un acte mettant le monde au bord du chaos...  On ne fera pas de la fantasy pour raconter une petite histoire d'une elfe jardinant son petit potager en philosophant sur la vie dans un monde imaginaire (quoique ça pourrait être intéressant!).  Le piment de la fantasy n'y sera pas.  La quête nous emmène aux côtés d'un personnage, à ses côtés, à la recherche de quelque chose.  Il y a souvent beaucoup de leçons de vie dans ce genre de livre, mine de rien.  On peut souvent s'attacher au personnage et s'identifier à lui.  Ce n'est pas fait pour parler de la pluie et du beau temps.

Le roman d'amour, c'est fait pour voir cette suite d'événements, plus ou moins dans cet ordre: ils se rencontrent, ils se détestent, ils découvrent qu'ils s'aiment, ils se disputent et se haïssent, ils ne veulent plus se voir, ils s'ennuient de l'autre, ils se retrouvent, joie totale, ils se re-disputent et ainsi de suite pour qu'on sache si finalement, au bout de 300 pages, ils vont finir ensemble ou non.  Personnellement, j'avoue que parfois, ça s'assimile à de la torture!

Les limites du genre sont parfois un piège.  Parce que si on s'en éloigne trop, on risque de perdre des lecteurs qui vont se demander à la lecture dans quelle direction on veut bien les mener.  Il faut beaucoup de doigté pour ouvrir un genre.  Quand les Millenium ont été écrits, on a parlé de romans qui révolutionnent le genre.  Je ne sais pas de quelle façon, ce n'est pas mon genre favori, donc, j'ai peu de points de comparaisons, mais bon, au nombre de personnes qui l'ont dit, ça doit être vrai!  Pour moi révolutionner un genre, c'est de le pousser plus loin, de reprendre l'idée de base, mais de la penser d'une façon différente, de la voir d'un autre angle.  On peut dire que les mélanges des genres répondent à cette façon de voir.  On a vu fleurir les romances historiques, les romances de fantasy.  Romance policière?  Sûrement.  Ah oui, les Eve Dallas de Nora Roberts.  Enfin!

Pour se développer, un genre a besoin d'être circonscrit.  Cependant, il a aussi besoin de pouvoir explorer de nouvelles avenues.  Je ne pense pas que l'on va voir apparaître d'autres «genres» aussi marquants que ceux qui existent déjà dans les prochaines années.  Des sous-genres oui par contre.  Qui chaque à leur façon respecteront les grands codes, mais seront en même temps repousser les limites de celles-ci.

@+ Mariane

5 commentaires:

Gen a dit…

La littérature générale a ses codes elle aussi, mais ils sont plutôt du côté du style que du contenu.

Et est-ce que c'est vraiment la quête qui caractérise la fantasy ou alors le recours au merveilleux? Parce qu'il n'y a pas vraiment de quête dans Game of Thrones.

Prospéryne a dit…

Il n'y a pas une quête pour le trône dans Games of throne? Je trouve cette série un peu à part dans l'univers de la fantasy et elle entre justement dans ce que je considère comme un élargissement des genres de par l'importance qu'elle accorde aux jeux politiques. C'est un peu Les rois maudits de Maurice Druon à la sauce fantasy. Normal un peu dans ce cas que cela n'entre pas dans les codes comme tel, cette série les étire dans une nouvelle direction. Ceci dit, comme je ne l'ai pas lu, ni regardé la série télé, je ne peux pas vraiment m'avancer davantage.

Quand à la littérature générale et ses codes, j'avoue ne pas avoir réfléchi de ce côté. Tu me donnes des idées là!

Gen a dit…

Non, pas vraiment de quête pour le trône. Comme tu dis, c'est "Les Rois Maudits" sauce fantasy (excellente comparaison d'ailleurs, j'adore Les Rois Maudits, ça explique pourquoi j'aime autant Game of Throne). Mais qu'on puisse dire ça explique que la "sauce fantasy", c'est plus que la quête. J'ai toujours eu l'impression que le merveilleux, les races non humaines, les vestiges d'un monde ancien plus magique, etc, tout ça était plus important que la quête dans les romans de fantasy. Parce que la quête, après tout, elle peut être trouvée dans d'autres genres de roman.

Entre une enquête et une quête, y'a pas un si grand pas à faire... ;)

Prospéryne a dit…

Pas fou comme idée Gen, pas fou du tout. Je trouve quand même que la quête est un élément marquant du genre dans beaucoup de ses formes, mais bon, c'est vrai, il y a de nombreuses exceptions qui rentrent quand même tout à fait dans le genre.

Prospéryne a dit…

Réflexion faite Gen, je crois que ce qui me fait placer la quête en haut-lieu dans le genre, c'est mon expérience de libraire. Une grande proportion de ce qui est publié dans le genre comporte une quête. Pas tout, mais une grosse partie, surtout la partie la plus visible. C'est différent quand on voit le tout du siège d'un auteur, parce qu'effectivement, là, on va être plus attentif à la façon dont l'auteur va aborder le sujet, plutôt qu'à celle dont elle est présentée au lecteur. Autre siège, autres perception. ;)