mercredi 2 janvier 2013

Les jolies couvertures

Salut!

J'ai beau être libraire, je suis avant tout une lectrice et le livre, qu'on le veuille ou non, un livre, ça se vend en partie à cause de son visuel.  Certaines maisons d'éditions n'y ont certes rien pigé et nous servent encore des couvertures d'une platitude consommée.  Il n'y a qu'à penser à Gallimard.  Certes, on reconnaît du premier coup d'oeil leurs bouquins, mais c'est pas un peu plate comme couverture vous trouvez pas.  Il n'y a pas beaucoup de différences entre Vol de nuit (paru originalement en 1931) et Trois femmes puissantes (Goncourt 2009)



Plutôt redondant non?  Par chez nous, certaines maisons font aussi voeu de sobriété, par exemple, Le Quartenier.


Une chose que je respect profondément par contre, l'élégance de ces couvertures valant largement leur absence d'artifice.

Mais bon, je suis une indécrottable visuelle et j'aime les jolies choses.  Et j'aime quand une couverture de livres me parle de l'histoire.  Par exemple, une couverture que j'avais littéralement adoré, Roman-Réalité de Dominic Bellavance.


Regardez-moi cette bouche qui vomit des mots!  Ça donne une idée du roman, de ce qu'on va trouver à l'intérieur, sans même nous parler de l'intrigue!

Et celle-ci:

Cet oeil qui nous regarde, très maquillé, avec des pierçings.  Ça donne un sacré indice, ça nous parle, ça nous attire vers le livre.  C'est magnifique.

On sous-estime facilement l'importance du graphiste dans la vente d'un livre.  Ce boulot est plus important qu'il n'y paraît.  Les graphistes, les illustrateurs: des artistes silencieux qu'on connaît rarement, mais qui ont une importance inestimable pour la vie d'un livre et son envolée vers de nouveaux lecteurs.

@+ Mariane

11 commentaires:

Gen a dit…

En effet! Suffit d'avoir souffert une fois d'une couverture qui ne parlait pas suffisamment à son public (le premier Hanaken pogne avec les adultes, mais pas avec les jeunes) pour comprendre cet aspect des choses!

Cela dit, les maisons à couverture sobre, mais élégante, n'ont souvent pas besoin de racoller leur public : celui-ci attend avec impatience le dernier-né de leur collection préféré.

Prospéryne a dit…

@Gen, Ah, plate pour Hanaken! J'espère que ça va mieux pour le deuxième tome!

Vrai pour les couvertures sobres, on reconnaît la patte de l'éditeur au premier coup d'oeil et ça peut constituer un bon argument de vente. Par contre, pour moi qui les voit tous passer à la queue-leu-leu, ça devient vite redondant...

Pat a dit…

C'est pas pour rien que j'ai fait appel au talent d'un photographe de talent pour élaborer ma couverture du tome 3 :)

Pour les couvertures sobres... il faut soit connaître l'auteur, avoir entendu parler du livre... ou que le titre soit TRÈS accrocheur.

Prospéryne a dit…

@Pat, même un titre très accrocheur ne fait pas le poids contre une bonne couverture. Habituellement, c'est le standard d'édition que la couverture vend après tout.

Le Mercenaire a dit…

Quitte à générer une couple d’eye-rolls, je vais m’inviter au débat.
Je comprends le point soulevé ici, mais je pense que c’est régler un peu trop rapidement la question complexe de la vente du livre. Je pense que l’illustration en couverture, à part satisfaire un certain goût partagé par certains acheteurs, accomplit bien peu au niveau de la vente. Tant qu’à moi, une illustration peut même nuire à la vente. Si on s’attarde aux exemples québécois donnés ici, je suis pas mal certain que L’homme blanc a vendu pas mal plus que Roman-réalité. Et pour rester dans le catalogue du QuartAnier (et pas QuartEnier), Arvida a peut-être plus vendu que tous les titres de Coups de tête qui ont parus en même temps que lui. Malgré l’absence d’illustration en couverture. En plus de se livrer au goût bien personnel de l’acheteur, l’illustration « choisit » d’avance le public du livre.
Il faudrait aussi défaire une fois pour toute les préjugés qui veulent qu’un graphiste « de talent » aura évidemment recours à l’illustration pour la page couverture ou qu’un éditeur qui choisit la sobriété plutôt que le bling-bling pour le design de sa marchandise (c’est quand même ça que c’est, un livre, han?) n’a rien compris au concept de marketing. Pour continuer au sujet du Quartanier, cette maison d’édition est perçue comme un leader en matière de graphisme de livre… dans la communauté des designers graphiques québécois, en tout cas. Ceux qui ont une formation digne de ce nom en graphisme ou qui s’y connaissent en typographie, verront la qualité du graphisme des livres de cet éditeur. Aussi, le Quartanier fait exclusivement affaire avec l’imprimerie Gauvin, spécialisée dans l’impression de livres de qualité (beau papier, belle reliure, belle job). Mais c’est vrai, je l’ai dit, ce n’est pas l’esthétique d’un livre qui assure la vente. Sauf que tout ça est totalement cohérent avec la philosophie esthétique et éditoriale que s’est fixée cette maison d’édition. Ici, la réputation littéraire qui en découle, exprimée dans l’aspect physique du livre et la qualité du texte qu’on trouve dedans est un argument de vente supérieur à la belle illustration qui racole l’acheteur, pour piquer la formule de Geneviève Blouin.
Car, faut pas l’oublier, l’éditeur chevronné sait que ce qui fera vendre le livre, c’est tout d’abord le texte et ce qui sera dit à propos de ce texte. Oui, il faut que ce texte soit visible (taper dans l’œil de l’acheteur depuis les rayons d’une librairie, ça peut être une forme de visibilité), mais si ce texte est mauvais (ce qui arrive lorsque la direction littéraire est bancale ou inexistante ou bien que l’éditeur lui-même fait son boulot un peu n’importe comment) une fois que le livre aura trouvé ses premiers lecteurs sur le marché, rien ne le sauvera de l’échec commercial. Et succès commercial ou pas, le succès d’un bon texte, ce n’est pas les ventes en magasin; son succès réside dans sa capacité à s’imposer aux côtés de ses contemporains et de ses prédécesseurs. Je voudrais vraiment qu’on me sorte des statistiques qui confirment que dans l’absolu, un livre avec une couverture illustrée a mieux vendu qu’un livre avec une couverture sobre, voire qu’un livre avec une belle couverture a plus vendu qu’un livre avec une couverture hideuse.
C’est vrai que des livres aux couvertures dépouillées, ça fait drabe à la longue. Mais dans ma bibliothèque, illustration en couverture ou pas, moi je ne vois que les épines de mes livres.

Sébastien Chartrand a dit…

Cette fois, plutôt que de me lancer dans une longue tirade, je salue l'intervention de monsieur Le Mercenaire qui, en plus d'être pertinent, me fait sentir moins seul avec mes longs commentaires.

Prospéryne a dit…

@Le mercenaire, commentaire très pertinent, mais qui passe à milles lieues du sujet de ce billet soit que j'aime les jolies couvertures de livre. :( Je n'ai pas parlé de qualité littéraire dedans que je sache. Quand à la question complexe de la vente de livre, un seul billet ne pourrait y suffire. Néanmoins, de mon poste de travail, je remarque que pour une certaines catégories de clients, le graphisme de la couverture est d'une importance cruciale. Ça leur vend le livre d'un coup! D'un autre côté, même des couvertures drabes comme celle de Gallimard peuvent être des arguments de vente, parce qu'elles sont reconnaissable au premier coup d'oeil. Dans ce domaine comme dans tant d'autres, c'est des goûts et des couleurs. Et, personnellement, j'aime quand un éditeur se botte le derrière pour faire quelque chose de qualité, de différent, d'innovant.

@Sébas, ouais, côté long commentaire, tu viens d'être battu! :P

Pat a dit…

(wow... au talent d'un photographe de talent... j'étais inspiré!)

Tu le dis toi-même, Mercenaire. Dans le cas des couvertures «drabes», c'est la réputation littéraire (de l'auteur, de l'éditeur) qui fait vendre.

Ça ne collerait pas, de toute façon, de mettre une illustration colorée (ou avec un hologramme!... tiens... je vais parler avec mon éditeur...;) aux bouquins de Gallimard ou de Quartanier. Question de publics, comme tu dis.

Ce que je suis sûr, c'est que dans une librairie, avec un client qui entre sans avoir un titre en tête... s'il pige mon livre dans le tas sur l'étagère, c'est grâce à la couverture. S'il le retourne en plus, pour lire la quatrième... c'est une grande bataille de remportée.

Le Mercenaire a dit…

En fait, mon commentaire s'adressait à votre note et aux commentaires qui suivaient. Et puis :
"personnellement, j'aime quand un éditeur se botte le derrière pour faire quelque chose de qualité, de différent, d'innovant"
Dans ce cas, le travail du Quartanier devrait vous titiller, non?
C'est quand même "bold", à une ère où le visuel domine et le packaging hérité du cinéma a littéralement contaminé la mise en marché du livre qu'un éditeur choisisse plutôt la ligne esthétique épurée. À mon sens, les couvertures qui s'appuient sur des éléments graphiques autres que l'illustration peuvent atteindre le "joli" tout en se démarquant du graphisme hérité des paperback de poche américains.
Le bleu des Éditions de Minuit, je trouve ça sharp en crime. Mais oui, on bascule dans le relativisme du goût.

Prospéryne a dit…

@Le Mercenaire, mais ça, je l'avais souligné dans mon billet! ;) En parlant du Quartanier, et de leur graphisme sobre, j'ai dit: «Une chose que je respect profondément par contre, l'élégance de ces couvertures valant largement leur absence d'artifice.» Ces couvertures sont jolies certes et esthétique au possible, mais vendeuse? Non. Ce qui attire les gens vers ces livres, c'est la maison d'édition, pas le bouquin en lui-même. Quoique dans une maison d'édition littéraire comme le Quartanier, ce soit un plus, étant donné que cette couverture soit justement le gage de qualité de la maison. ;)

@Pat, tout à fait d'accord avec toi!

Unknown a dit…

C'est drôle, car moi c'est tout à fait le contraire! Je préfère les couvertures plus sobres et dépouillées. Souvent, je trouve les couvertures imagées hideuses ... Je n'ai qu'à penser à certains romans de science-fiction, d'amour ou de "chick-lit"... Cela dit, ça reste une question de goût. J'avoue quand même avoir succombé à certaines lectures par une belle couverture ... ;-)