jeudi 2 février 2012

Le Survenant de Germaine Guèvremont

Le Survenant  Germain Guèvremont  Bibliothèque Québécoise  Fides  220 pages

Résumé:
Au Chenal du Moine, un homme arrive un soir, sans prévenir.  Il débarque chez les Beauchemin, une vieille famille du coin, constituée du père, du fils et de sa femme.  Rapidement surnommé le Survenant, l'homme débarque là sans passé.  On ne sait rien de lui.  Et pourtant, sans pratiquement dire une parole sur lui, malgré lui, il fera sa marque sur ce petit village isolé.  Cependant, les vagabonds des routes, les Survenants comme lui, ne restent jamais bien longtemps au même endroit.

Critique:
J'aime bien les romans du terroir.  Alors qu'ils constituent une source incommensurable d'ennuis pour des milliers d'ados québécois, j'apprécie une fois de temps en temps de retomber dans l'atmosphère toute particulière de ces romans.  On y trouve souvent les mêmes personnages et une histoire qui tourne autour de la terre et de ses exigences, dans un portrait de la société québécoise d'autrefois, mais avec une manière de raconter, une espèce de souffle particulier qui leur est propre.  Ce roman ne fait pas exception.  L'histoire du Survenant est l'histoire d'une famille de cultivateurs (habitants préfère dire Didace) qui vivent simplement des produits de leurs terres dans une vie où la succession des saisons n'emmènent jamais rien de vraiment neuf.  Ainsi on faisait les choses auparavant, ainsi on les fera demain.  On sent poindre la révolution industrielle derrière tout ça, mais par petite touche.  Le décor ne tiendra pas longtemps, mais les personnages ne le savent pas encore, Didace moins que tous.  Arrive le Survenant.  Un personnage intéressant, sans passé.  A-t'il été blessé par quelqu'un?  Fuit-il quelque chose?  D'où lui vient ce besoin de bougeotte?  Dur à dire, on ne sait rien de lui et lui-même ne parle pas de son passé.  Ça crée une dynamique particulière.  L'écriture de Germain Guèvremont est très personnelle, lente au fil des saisons, attentive aux émotions de ses personnages.  Il y a peu d'action dans ce roman, pour ne pas dire aucune, mais c'est dans l'observation du comportement des personnages, à la fois entre eux et en eux-mêmes que se trouve l'intérêt du récit.  Je me répète, ce livre est le reflet d'une époque révolue.  Une belle époque doivent se dire les nostalgiques, mais sans nul doute idéalisée.  N'empêche, ça donne un très beau roman à la poésie raffinée sur un quotidien somme toute très simple.

Ma note: 4.5/5

3 commentaires:

ClaudeL a dit…

Ah! ce bon temps où il ne fallait pas nécessairement une course folle, une cascade époustouflante, une intrigue démentielle pour qu'un roman soit bon et lu!
J'ai relu ce roman au camping du Chenal-du-Moine, après une petite croisière entre fleuve et rivière Saint-François, près de Sorel, là mène où l'histoire se passe.
Adoré.

Prospéryne a dit…

@ClaudeL, j'aime bien les romans du terroir pour cette impression d'intemporalité qu'ils ont. Mais j'aime aussi beaucoup les romans qui bougent! ;)

ClaudeL a dit…

Évidemment j'aurais dû écrire "là même où".