Margaret Thatcher Jean-Louis Thériot Collection Tempus Perrin 610 pages
Résumé:
Premier ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990, Margaret Thatcher, surnommé «la Dame de fer» aura marqué de son empreinte son pays et une époque. Première femme chef d'un pays occidental, connue pour sa dureté, son obstination et aussi pour ses idées bien campées, elle a laissé un héritage controversé. De la fille de l'épicier du coin à la femme politique qui a bouleversé sa nation, voici l'histoire de Margaret Thatcher.
Mon avis:
Rarement personnage fût plus controversé dans les dernières décennies que Margaret Thatcher. (Oh, non, il faut lui donner George W. Bush comme compétiteur maintenant! ;) ) Son parcours a de quoi épater: fille d'un humble épicier, elle réussit à se faire admettre à Oxford à une époque encore marquée par le privilège des naissances, puis à se faire élire députée dans une Angleterre encore sexiste. Méritocrate, elle obtiendra ses avancées par son travail et non pas des jeux de pouvoir. Elle montera les marches du pouvoir jusqu'à prendre la tête du Parti Conservateur puis celle du pays. S'ensuit onze années de pouvoir où elle règne d'une main de fer, parfois même sans gant de velours pour l'enrober, marquant l'histoire de cette époque. Surtout connue pour ses positions économiques, elle tiendra tête à tous ceux qui voudront se mettre sur son chemin, brisant le pouvoir des syndicats, provoquant une vague monstrueuse de chômage et faisant voler en éclat la vie de nombreuses familles par le fait même. Ce qui fait que malgré ses succès, son nom reste marqué d'une tâche. Le portrait qu'en trace l'auteur est clairement centré à droite de l'échiquier politique: il fait parti de ses admirateurs, pas de ses ennemis. Chiffres à l'appui, il montre les effets bénéfiques des réformes économiques de Margaret, n'hésitant pas à l'appeler Maggy au cours du texte. Cependant, il ne fait pas l'économie du pourquoi et du comment et raconte l'Angleterre de ce début des années 1980 et les raisons qui ont mené Margaret Thatcher à faire les réformes qu'elle a faite. On ne peut la comprendre si on ne connaît pas son cheminement. Fille d'un épicier, elle a été élevée dans des principes strictes de travail et d'économie. Méthodiste, elle aura toute sa vie des valeurs morales très élevées. Si on peut l'accuser d'avoir manqué de coeur, on ne peut l'accuser d'avoir été malhonnête: aucun scandale majeur ne marque ses trois mandats et bon, c'est pas l'UPAC qui aurait été fouiller dans ses tiroirs! Animal politique capable d'un redoutable instinct de survie certes, mais droite comme un I en toutes circonstances. Dans le meilleur comme dans le pire. Intègre jusqu'au bout des ongles! Opiniâtre, obstinée, capable de mettre sa popularité dans la balance également, pour faire ce qu'elle croyait juste. Et elle n'a jamais douté de ses convictions. Ce qui a entraîné sa chute à la longue. Ce qui a fait sa force à une époque a fini par l'emporter à la fin. Le livre est parfaitement documenté, perfectionniste comme l'était Margaret au niveau des faits marquants de sa carrière politique. Par contre, il manque de substance au niveau de la personne qu'elle était en dehors de cette même carrière politique. Sa personnalité est bien développée, mais on ne voit que la partie publique ou les jeux de pouvoir internes au parti conservateur. Elle a été une femme politique bien avant que cela soit la mode. A-t-elle vécu des revers dû à son sexe, comment agissait ses collègues face à elle sur ce point précis? Pas grand chose. L'auteur précise toutefois qu'elle-même n'a jamais considéré ce fait comme un handicap ou un avantage: elle était une femme et elle faisait de la politique, point barre. Elle ne reniait ni l'un ni l'autre, self-made woman avant l'heure. Néanmoins, il aurait été intéressant d'en connaître un peu plus sur ses premières années au Parlement. Idem pour la réaction de son époux face à sa montée au pouvoir. Comment un homme de son époque pouvait-il accepter de voir sa femme prendre les devants de la scène? Comment était-il traité en tant qu'époux de la Première Ministre dans les divers sommets internationaux auquel elle a participé, durant les visites officielles aux pays étrangers, durant les réceptions? Comment a-t-il vécu d'être le premier époux masculin officiel d'un chef d'état en Occident? Et ses enfants, comment ont-ils vécu le fait de vivre avec une mère Premier Ministre? Encore là, la biographie est bien peu loquace, voir muette. Elle s'achève alors que Margaret Thatcher est encore vivante, mais fortement affectée par la mort de celui qui a été son compagnon de vie, son mari, Denis, mort en 2003. Elle-même est morte en avril 2013. Portrait fidèle de ce qu'elle a été, cette biographie aide à comprendre son action en tant que Première Ministre, mais aussi les convictions profondes qui l'animaient et qui l'ont guidé toute sa vie. On peut être d'accord ou non avec ses politiques, mais reste que son courage et son caractère force l'admiration. Un livre intéressant, mais pas passionnant tellement il est bourré de chiffres et de faits: ça se lit comme un essai sur sa carrière politique un peu plus que comme une biographie.
Ma note: 4/5
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