Salut!
Depuis que j'ai changé de boulot, j'écoute énormément la radio. Croyez-moi, certains postes mériteraient d'être abolis à certaines heures tellement on y dit de conneries à la minute! Donc, je suis plus souvent qu'autrement branchée à la Première chaîne de Radio-Canada. Ce qu'on y dit est intéressant, même s'il n'y a pas beaucoup de musique. Bon, longue introduction pour dire que je suis devenue un peu accro aux chroniques culturelles. J'adore entendre parler des nouveaux spectacles, des nouveaux disques qui sortent. C'est toujours un moment que j'écoute avec attention. Les chroniqueurs ont vraiment le tour de nous donner envie de nous pitcher au magasin de disques ou à la salle de spectacle pour aller découvrir ce dont ils viennent de nous parler. Pourtant, je n'ai pas acheté tant de CD que ça depuis l'automne et je ne suis guère allée au théâtre.
C'est que j'entends, j'apprécie, j'ai envie de sauter le pas... et ça s'arrête là. C'est tout. Pas par mauvaise volonté la plupart du temps. Bien au contraire. C'est que quand j'en entends parler, je suis au milieu du trafic et que le temps que je sois rentrée chez moi, un million d'idées ont eu le temps de me passer par la tête. Donc, j'oublie, le plus souvent. J'oublie parce qu'on ne m'en a parlé qu'une seule fois. Je n'ai pas de rappel. Si j'en aie un (article de journal, autre critique entendue à la radio, publicité sur le web), les chances que j'y repense et que je fasse un minimum de recherches à ce sujet augmentent de beaucoup.
Gregory Charles, lors d'une entrevue à Tout le monde en parle, disait que pour qu'une chanson décolle dans les palmarès, il fallait environ 70 spins, soit que la chanson soit jouée au moins 70 fois dans la semaine. Peu importe la station de radio. En fait, sur plus de chaîne elle était, mieux c'était puisque ainsi la chanson pourrait rejoindre un plus vaste auditoire. Et ainsi, que cette petit musique nous reste dans la tête, que l'on monte le son quand elle joue à la radio et qu'ainsi éventuellement, on achète l'album, qu'on aille voir le spectacle de l'artiste et etc. Cette chanson est devenue tranquillement un vers d'oreille. Dans le sens positif du terme, bien sûr.
Mais le livre... Premièrement, les chances d'en entendre parler une première fois sont minces. Si la musique et les spectacles sont encore relativement couverts, le livre est rarement abordé dans les chroniques culturelles des émissions aux grandes heures d'écoute. Première chance d'établir un contact ratée. Ensuite, il reste la presse écrite, les revues littéraires, les émissions spécialisées. Celles-ci font leur boulot. Et elles montrent très souvent la couverture du livre, ce qui est excellent, parce que ça donne un repère visuel. Les chances que les gens se disent alors: «Ouais, ça a l'air intéressant, je devrais y jeter un coup d'oeil!». Et vous savez quoi? Les gens oublient, malheureusement. Pas parce que l'intérêt n'étais pas piqué, mais parce qu'il n'y a rien qui leur rappelle ce livre. S'ils entrent dans une librairie, à moins que ce ne soit un best-sellers, leur regard ne croisera pas la couverture du livre dont ils ont entendu parler. Encore là, il faudrait qu'ils entrent dans une librairie. C'est encore pire sur Internet où l'écran nous donne accès à beaucoup moins de couverture, donc beaucoup moins de chance d'attirer le regard du lecteur. Et des algorithmes comme celui de l'empire au sourire en coin ne sont pas sensé nous pousser vers des titres qui ne sont pas des gros vendeurs. Pas vraiment sûre que l'on fasse de grandes découvertes avec ce site.
Pour atteindre son public, une oeuvre doit pouvoir être vue, et pas qu'une fois. Elle doit pouvoir creuser son nid, attirer l'attention, la rappeler une, deux, trois fois et même plus. Parce que nous sommes très sollicité. Parce que nos vies sont déjà bien remplies. Parce que nos porte-feuilles ne sont malheureusement pas infinis (fort heureusement, les bibliothèques existent encore pour les lecteurs!). Il faudrait que le milieu du livre soit capable de produire plus de vers d'yeux, plus de couvertures que l'on voit et l'on revoit, auquel notre regard s'attache. Un bel exemple récent de réussite en ce domaine, et ce malgré les multiples défauts du livre, est Cinquante nuances de Grey. Tout le monde reconnaissait du premier coup d'oeil la fameuse cravate grise. Le livre a été capable de se frayer un chemin et de devenir un vers d'yeux. Je ne dis pas que c'est toujours nécessaire, mais de pouvoir avoir plus de vers d'yeux ne nuirait certainement pas au milieu littéraire.
@+ Mariane
2 commentaires:
En effet, le livre manque cruellement de visibilité. Tu vois, quand j'ai reçu une bourse dans ma MRC, les gens présents à la remise m'ont dit "Ah non, j'ai pas entendu parler de vos livres", puis je sortais mes signets (où on voit la couverture) et là ils disaient "Ah oui, y'a eu un article dans le journal local, non?". Mais le problème est là : UN article. Ils l'ont lu, ça a vaguement piqué leur attention, puis ils ont oublié.
Cela dit, à 1000 titres québécois et plus par saison, s'il fallait qu'on annonce tous les titres 70 fois, on submergerait la presse culturelle et les tableaux d'affichage! :p
@Gen, pourquoi, ça serait pas plus mal, ils ont juste à diminuer le cahier des sports et ça va rentrer dans le journal! :P
Non, sans blague, ce n'est peut-être pas nécessaire d'afficher tous les livres, mais d'en avoir une masse critique raisonnable qui sont vraiment visible aurait un effet d'entraînement. Enfin, si le choix ne se limite pas précisément à ces titres-là... :(
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