lundi 27 février 2012

Dolce Agonia de Nancy Huston

Dolce Agonia  Nancy Huston  J'ai lu 298 pages

Résumé:
Sean Farrell a invité plusieurs de ses amis pour Thanksgiving.  Mais il y a aussi un invité auquel personne ne s'attendait: Dieu en personne se penche sur les invités à ce dîner.  Car il les connaît, il connaît leurs pensées les plus secrètes, leurs secrets les plus inavouables, leurs petites mesquineries, mais aussi leurs digressions personnelles au milieu des conversations de ce souper d'amis.  Et Il ne peut s'empêcher de raconter comment vont mourir chacun des invités, parfois très peu de temps après, parfois des années plus tard.  C'est donc le récit de ce repas entre amis qui nous est raconté, avec un grain de sel divin.

Critique:
C'est surprenant.  Je n'en attendais pas moins de Nancy Huston par contre.  Elle a une façon très personnelle de placer ses phrases et ses dialogues.  Et la façon dont elle le fait transforme le récit.  Les longues digressions que font les personnages quand momentanément, en plein milieu de la discussion, ils commencent à se rappeler tel détail, à se remémorer tel souvenir crée une dynamique particulière.  Je me reconnaissais dans ces digressions, c'est fou, ce que c'est vrai que parfois, ça arrive comme ça.  Entre chaque chapitre, Dieu «s'amuse» à nous expliquer comment il emportera chacun des invités.  Étrange de savoir comment vont mourir chacune des personnes présentes, même le bébé, alors qu'ils sont là, vivants, en pleine forme, en train de manger, de boire, de rire et de discuter. On s'attache aux personnages, à leurs petitesses, à leurs imperfections, à leur humanité quoi.  Rien n'est aussi beau et parfait que ne le laisse croire les apparences et il n'y a personne pour «sauver» la situation, pas de personnage dont la perfection rattraperait l'imperfection des autres.  On est pas dans le domaine des héros.  On est dans l'humanité avec tout ce que ça comporte de beauté et de laideur.  Beth et son surpoids, Rachel et la dépression, Brian et son boulot qu'il déteste parfois, Aaron qui fait semblant de ne pas entendre, Charles et ses apitoiements sur lui-même pour son unique infidélité, Sean enfin, l'homme qui a invité tout le monde et qui en même temps est plutôt un égoïste qu'un altruiste.  Dépressif, alcoolique, poète: mauvais mélange!  Le roman en lui-même est surprenant, on ne raconte pas vraiment une histoire, mais bien une soirée.  Je le redis, c'est du Nancy Huston, donc, c'est surprenant au possible.  Dans ses livres, autant que le plaisir de l'histoire, il y a le plaisir des mots et que la façon dont elle les utilise.  J'ai étiré en longueur une bonne partie de ce roman, donc, mon avis n'est peut-être pas aussi pertinent que si je l'avais lu d'une seule traite, mais reste que c'est une lecture que j'ai vraiment apprécié.

Ma note: 4.5/5

2 commentaires:

Dominique Blondeau a dit…

l'un des plus beaux romans de cette auteure...
Merci Prospéryne de nous en parler...

Prospéryne a dit…

Mais de rien Dominique! Mon premier Nancy Huston avait été La virevolte, une claque en pleine face littéraire. Je veux lire tous ses livres depuis ce temps, ce n'est que mon deuxième et pourtant, je reconnais clairement là sa patte.