vendredi 1 avril 2011

L'école des films de David Gilmour

L'école des films  David Gilmour  Leméac 216 pages


Résumé:
Un père, David Gilmour, se retrouve face à une situation presque sans issue quand il se rend compte que son fils Jesse est en rejet complet de l'école.  Il prend alors une drôle de décision: il accepte que Jesse cesse d'aller à l'école, en échange de quoi cet ancien critique de cinéma lui fera voir trois films par semaine.  Et durant un long moment, père et fils vont vivre ainsi, assis côté à côté sur le divan pour une odyssée cinématographique et humaine qui les fera grandir l'un et l'autre.

Critique:
Ce livre transpire l'authenticité.  C'est un roman d'initiation, un roman sur le passage à l'âge adulte, sur ce difficile chemin que tous doivent emprunter un jour où l'autre pour être une personne à part entière, détachée de ses parents, mais raconté du point de vue du père, du point de vue de celui qui est vu comme un guide, malgré que lui-même soit complètement désorienté dans ce rôle.  Jesse est dans une période d'angoisse profonde, d'anxiété même et cela se manifeste particulièrement dans sa relation avec l'école, lieu d'apprentissage avant tout.  Alors son père accepte qu'il ne fréquente plus l'école, qu'il cesse d'y aller.  Décision crève-coeur pour lui, car il ne sait pas s'il prend la bonne ni si elle n'aura pas de conséquences tragiques sur la suite de la vie de son enfant.  (Il s'inquiète à de nombreuses reprises de le voir finir chauffeur de taxi!)  Mais il la prend.  Il accepte de prendre le risque.  À deux conditions: un pas de drogue, c'est très clair là-dessus et l'autre, et deux, qu'il s'engage à regarder trois films avec son père par semaine.  À partir de ce moment, on aurait pu tomber facilement tomber dans un énième roman de quelqu'un qui voit transformer sa vie grâce aux films, etc, etc...  Ce n'est pas le cas, pas le moins du monde.  On reste centré sur quelque chose de beaucoup plus important, de beaucoup plus subtil: la relation entre un fils et son père et entre eux, toutes les phrases qui se diront, les non-dit, les angoisses respectives du fils et du père (qui durant cette période est la majeure partie du temps au chômage et presque en crise existentielle car il ne sait pas s'il se retrouvera du boulot stable un jour), mais aussi tout ces petits moments de bonheur, ces petites étapes que le père voit son fils traverser, en se posant tout le temps la question à savoir s'il a fait la bonne chose pour le guider dans la vie.  Avec au bout, la récompense paternelle: voir son fils devenir un homme, un adulte, sain et équilibré après avoir passé une étape difficile.  Le cinéma est ici un prétexte à amener le fils à passer du temps avec son père et à entamer le dialogue avec lui.  En ce sens, c'est encore la meilleure chose qui arrive dans le livre.  C'est ainsi.  Et en faisant ce qu'il a fait, l'auteur a réussi à nous offrir un magnifique livre, très beau, très doux et qui même s'il n'est pas romanesque, vient nous chercher aux trippes.  Un superbe morceau de littérature.  Je regrette juste qu'ils n'aient pas regardé de films de science-fiction comme 2001 l'odyssée de l'espace, ils auraient sûrement pu élargir ma culture cinématographique là-dessus...

Ma note: 5/5!

Je remercie Leméac/Actes Sud et plus particulièrement (et énormément!) Josée pour ce service de presse.

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