lundi 17 mars 2014

Être payé pour lire

Salut!

Si lecteur était un métier payé, je crois que l'offre dépasserait largement la demande pour ce genre d'emploi!  Non, mais qui ne rêverait pas de ce traitement de luxe?  Payer à plonger le nez dans un livre, bien installé chez soi, tranquille?  Se délecter d'histoires à n'en plus finir!  Wow, le paradis!  Peut-être pas...

Il y a des métiers qui exigent de lire des livres.  Parlez-en aux journalistes!  Les livres qu'ils lisent ne sont pas vraiment leur choix.  Ils lisent des livres parce qu'ils doivent faire une entrevue avec l'auteur ou préparer un article sur le sujet.  L'une d'entre eux m'a même avoué qu'ils faisaient souvent une lecture en diagonale des livres parce qu'ils n'avaient pas le temps de tout lire au rythme où fonctionne la profession journalistique de nos jours.  Surtout quand il s'agit d'essais!  Imaginez-vous lire trois ou quatre livres denses par semaine, en plus des dossiers de presse, des réunions, des imprévus, sans parler du boulot proprement dit, soit la rédaction ou l'émission, qu'elle soit radio ou télé!  Ouf, certes, ces gens sont payés pour lire, mais est-ce si agréable?

Pensez aussi aux critiques!  Ils doivent lire beaucoup, en peu de temps et souvent une grande variété d'ouvrages.  Pas nécessairement ceux dont ils ont envie encore une fois, mais ils doivent lire et finir les livres.  Même ceux qu'ils trouvent plates à mort.  Même ceux dont ils trouvent dès les premières pages qu'ils auraient mieux valu qu'ils restent à l'état de manuscrits.  Ensuite, ils doivent en parler, même s'ils ont trouvé leur lecture ordinaire au possible et qu'elle leur est sortie de la tête à peine la dernière page tournée.  Lire en notant mentalement les points forts et les points faibles d'un livre, parce que pour faire une critique, il faut avoir ça en tête quelque part en cours de lecture.  Donc, oui, on lit, mais avec le même esprit léger que lorsqu'on lit uniquement pour nous même?  Pas sûr!

Oh et les plus courageux sans doute: les lecteurs pour les maisons d'éditions.  Pour l'avoir déjà fait, je peux le dire, c'est à la fois un très beau métier... et un moins beau!  On a dans ce fauteuil le choix de pousser un livre que l'on a adoré, mais aussi l'obligation de se taper un grand nombre de livres qui ne figurent pas dans cette catégorie.  Des livres mal écrits, des intrigues grossières, des personnages grossiers, des énigmes que l'on perce en quelques pages, des copies quasi-conformes de d'autres histoires que l'on reconnaît même si les noms et les situations ont été changées...  Et j'en passe.  Ce sont souvent des lectures de débroussaillage.  Des livres qui sont lus, oui, mais c'est à cette étape que l'on fait le gros du tri.  Si vous croyez que des livres pourris se retrouvent sur le marché, attendez de voir ce qui se retrouve à l'étape d'avant!  On devient beaucoup plus humble face à ce qui se retrouve sur le marché par la suite.  

Il y a des métiers qui exigent de lire, c'est sûr et certain.  Il y en aura toujours.  Mais ils sont en définitive beaucoup moins glamour que ce que l'on pourrait penser de prime abord.  Lire est avant tout un loisir pour beaucoup de gens.  Transformer ça en travail signifie faire le deuil de plusieurs petites choses: la liberté de lire ce que l'on veut, le droit d'arrêter un livre qui nous ennuie, le choix de lire ou non certains jours.  Mine de rien, ça paraît beaucoup.  On a beau être passionné des livres, l'obligation peut être très dure à certains moments.  Je rêve quand même d'un boulot qui me permettrait de lire autant que je le voudrais.  Ne serait que pour ne plus avoir à chercher du temps pour lire! ;)

@+ Mariane


2 commentaires:

Gen a dit…

Point de base : n'importe quelle occupation qu'on est obligé de faire (et qu'on est payé pour faire) devient moins intéressante qu'à l'époque où on faisait ça juste pour le fun.

Et oui, ça inclut l'écriture! :p

Prospéryne a dit…

Amen! :)