vendredi 8 novembre 2013

L'habitude de critiquer

Salut!

Ok, pour ce billet, tenez compte du fait que je dis critiquer dans le sens de commenter, donner son ressenti sur un livre, ou une oeuvre en général.

Critiquer.  Un vilain mot.  On prend souvent les critiques de manière négative et dans les faits, c'est vrai.  Critiquer, c'est faire ressortir les défauts.  Critiquer, c'est pointer les erreurs.  Critiquer, c'est aller voir le squelette derrière l'habillage, de voir au-delà des évidences de ce que tout le monde voit.  Je n'aime pas vraiment le terme, quoique je fasse régulièrement de la critique.  J'aime mieux penser à ça comme l'art de réfléchir, sur une oeuvre littéraire, comme le fait d'aller plus loin.  Une fois un livre lu, mon boulot de critique ne fait que commencer!

Un auteur jeunesse m'a déjà dit que les jeunes se présentaient devant lui et disait de son livre: c'est bon.  Ou c'est pas bon.  Commentaires, explications?  Niet!  Les jeunes ne savent pas exprimer leur ressenti.  C'est aussi vrai de bien des adultes.  Parce que ça demande de se pencher sur l'oeuvre autrement que comme spectateur.  Ça demande d'aller au-delà de ce que l'on peut penser de prime abord.  De réfléchir aux forces, aux faiblesses, de prendre le temps de le faire.  De mettre des mots sur des ressentis qui ne sont pas toujours évident à exprimer.  Rien n'est parfait en ce bas monde et je suis persuadée que de pointer les faiblesses d'une oeuvre peut permettre à son auteur de l'améliorer.  Par contre, j'en suis à un point où ça devient de la déformation professionnelle.

Disons-le honnêtement: dès que ça touche le domaine de l'art, je me mets en mode réflexion.  Je me mets en mode je pense à ce que j'ai vu, lu.  Je vais faire le tour du jardin pour en faire ressortir les faiblesses, les forces et les bons coups.  Que ce soit un film, un album de musique ou une exposition.  Sans parler des livres, évidemment!  Parce qu'avec eux, vient aussi l'habitude des critiques sur ce blogue.  C'est plus fort que moi, dès que se pointe l'occasion, j'ai envie d'en parler, de dire ce que j'en pense.  C'est dire à quel point dès que je sors d'une salle de cinéma (le plus souvent!), la tentation d'écrire une critique est forte!  Je n'en suis pas à tenir un blogue cinématographique, mais mentalement, je fais exactement le même processus.

Alors voilà.  La critique, c'est un schéma mental différent.  On ne peut plus être neutre devant une oeuvre, quel qu'elle soit.  On la décortique, on l'analyse, on la réfléchit.  Certes, on l'apprécie tout de même, mais différemment.  Quand je lis une scène érotique dans un roman, je ne suis pas dans l'analyse, je suis dans l'appréciation de celle-ci.  C'est ensuite que le processus se déclenche, que le mécanisme se met en marche.  Je fais des comparaisons (inévitables!), je regarde ce qui a super bien fonctionné, l'innovation, le nouveau.  Les faiblesses en regard de d'autres oeuvres, mais aussi les forces, les acquis.  Un livre est une petite bête qui n'est jamais neutre.  Un livre qui existe en dehors de toutes les autres oeuvres littéraires connues n'existe pas.  Tout est toujours en relation avec d'autres.  Livres, films, musiques, chansons.  L'habitude de réfléchir vient avec l'usage, mais quand elle est là, elle reste.

Pour le meilleur et pour le pire!

@+ Mariane

2 commentaires:

Venise a dit…

Bais oui. On ne plus s'en défaire de cette peau autocollante. Moi non plus. Et pourtant, je n'ai pas toujours été ainsi. Jeune, on m'appelait "Ti-oui", acceptant tout, disant oui à tout, trouvant tout le monde gentil, toutes les choses belles.

Le sens critique, c'est être conscient d'exister.

Prospéryne a dit…

@Venise, je suis heureuse de ne pas être la seule dans cette situation! En tout cas, c'est sûr que c'est parfois embêtant, mais comme tu le dis, c'est être conscient d'exister.