vendredi 5 juillet 2013

L'horreur des histoires d'horreur

Salut!

Certaines de mes clientes (et je dis clientes parce que ce sont presque uniquement des femmes qui lisent ce genre de livres) adorent les histoires horribles.  Je ne parle pas ici de romans d'horreur.  Pas du tout.  Je n'ai rien contre ce genre de littérature, bien que je ne trippe pas outre mesure.  Non, je parle des histoires horribles: les romans qui parlent d'enfants battus, violés ou retenus prisonniers contre leur gré par des kidnappeurs.  Des femmes victimes de violence conjugales, ou encore des femmes ayant survécu à l'enfer à cause de leur naissance dans un milieu musulman conservateur.  Très populaire ces histoires ces dernières années d'ailleurs.  Je vois beaucoup de ces femmes lire ces histoires avec une délectation perverse, comme si de lire les malheurs des autres leur procurait le frisson dont manque leur propre vie.

Comme tel, je n'ai rien contre ce genre de récit.  Les personnes qui les écrivent sont des survivants, des résilients, des personnes qui racontent leur propre histoire, souvent dans un but altruiste quand ce sont des inconnus: ils veulent témoigner pour que d'autres personnes dans leur situation bénéficient de leur expérience.  Certes, l'aspect financier n'est pas loin derrière, mais je ne pense pas que personne ne se lance dans un aussi douloureux retour sur soi uniquement en pensant à son compte en banque.  Bon, sûrement quelques-uns, mais quand même!

Ces histoires valent-elles la peine d'être racontées?  J'en sais rien.  La seule chose que je sais, c'est que le marché pour ces histoires est juteux et que des gens, dixit une client lisent ça pour se détendre.  Il y a les romans pour ça madame!  L'histoire d'une petite fille battue et violée depuis l'enfance n'est pas tout à fait une lecture pour se détendre!  Et là, je dois avouer que je ne comprends pas.  Que l'on aime les histoires d'horreur, que l'on soit fascinée par celle-ci, je peux comprendre, mais que l'on aime mieux les histoires vraies et qu'on en consomme régulièrement, alors qu'elles reprennent pas mal toutes le même schéma, là, je ne comprends pas.  Et encore moins que ce soit toujours le même genre de lecture que l'on privilégie.  Qu'est-ce que ça donne?  Qu'est-ce que ça apporte?  Aucune idée et quelque chose en moi déteste le voyeurisme que cela comporte.  Ces personnes ont vécu des choses très dures, alors pourquoi la petite dame de banlieue tranquille voudrait-elle s'en délecter sur ses heures de loisir et ensuite raconter le tout à ses amies autour d'un café en détaillant l'horreur vécue par ces pauvres gens?

Je respecte tous les goûts et les genres en littérature, mais je dois avouer que sur ce point, il y a quelque chose en moi qui se révolte contre cette exploitation voyeuriste de la misère et de la détresse humaine.

@+ Mariane

4 commentaires:

Gen a dit…

Il m'est arrivé de lire ce genre d'histoire dans un but de recherche sur un sujet (comment pense un enfant martyrisé, etc), mais l'aspect sordidement sensationnaliste de ces livres m'a toujours mise mal à l'aise. Je ne comprends pas non plus les gens qui lisent ça "pour se détendre".

Je suppose que c'est le même mécanisme qui attire les gens vers les récits noirs ou horrifiants, mais, comme tu le soulignes, là ça se double d'un voyeurisme un peu morbide...

Dominique Blondeau a dit…

en effet, c'est un comportement bien bizarre et morbide. La petite dame de banlieue se crée des sensations, sa vie doit être bien vide.

Hélène a dit…

Pour renchérir, c'est vrai qu'en lisant de telles horreurs, on se sent gagnées par les émotions. Et certains récits de vie méritent d'être connus et véhiculés, simplement pour ne pas que de tels drames se répètent. Aux nouvelles, on en est blasées, dans le livre, on pleure. N'empêche, à répétition? C'est morbide en titi.

Prospéryne a dit…

@Gen, c'est le fait que ce soit des histoires vraies qui me dérangent le plus. Le reste, je peux comprendre l'attraction pour le morbide. Chacun ses goûts!

@Dominique, j'ai une personne précise en tête en disant ça et je sais combien sa vie est vide, ça en est d'autant plus désolant!

@Hélène, c'est rendu un genre en soi! Certains témoignages ont permis de faire évoluer les mentalités et de sensibiliser les gens, mais autant que ça? Il y a des dizaines de livres dans le genre chaque année. À un moment donné, ça perd son but originel.