mercredi 15 août 2012

Comme un parfum de nombrilisme

Salut!

Récemment, j'ai lu un article sur Cyberpresse parlant du phénomène des dystopies en littérature.  Un article avec ses forces et ses faiblesses, mais qui avait le mérite de mettre le doigt sur un phénomène précis... en littérature anglo-saxonne.  Anglophone si vous préférez.  C'était écrit noir sur blanc dans le premier paragraphe de l'article.  Depuis, je vois quelques échos de cet article, dont plusieurs font le même constat: ça ne parle pas de québécois.  J'ai juste envie de répondre: et alors?

Le Québec fait-il partie du monde anglo-saxon?  Politiquement oui, mais linguistiquement, non.  Alors de reprocher à l'auteur de ne pas parler de littérature québécoise dans un tel article reviendrait à reprocher à la Reine Elizabeth II de ne pas parler de la monarchie espagnole dans un article dédié à son trône.  J'aurais apprécié un petit paragraphe avec une mention parlant de la situation d'ici, mais bon, l'article étant orienté vers autre chose, alors, pourquoi souligner à gros traits ce dont il ne parle pas au point d'en oublier le sujet principal de l'article?  On ne parlait pas de littérature québécoise tout simplement parce qu'il parlait d'autre chose qui ne lui était pas relié.  Pourquoi jouer les vierges offensées?

Non, mais c'est vrai!  Ok, soyons honnête, est-ce que cet article sentait le dossier de presse sur lequel on a brodé un texte un mardi après-midi creux?  Oui, très très très fort.  Est-ce que je n'aurais pas mieux aimé que le journaliste prenne un peu de temps pour écrire un article sur les tendances en littérature jeunesse québécoise sur le même sujet ou même simplement à rajouter un simple paragraphe sur la situation d'ici à la suite de son article?  Oui aux deux questions, mais en même temps, qu'on ne parle pas que du Québec, tout le temps, mur à mur, me paraît nettement plus sage.  La littérature québécoise mériterait une meilleure place dans les médias en général.  Mais ne parler que de ce qui se fait ici me semble exagéré: le milieu n'est pas si vaste que ça...  Et le monde est vaste en littérature!  On peut déplorer le fait de ne pas voir davantage d'articles sur la littérature québécoise, mais plutôt que de râler comme un enfant quand les articles ne sont pas à notre goût, on devrait plutôt souligner ceux qui parlent de ce qui se publie ici.

Je ne sais pas si le journaliste qui a écrit l'article a vu les commentaires sur son travail.  Si c'est le cas, j'espère qu'il les a bien pris.  J'ai appris récemment à mes dépends que les gens du milieu littéraire d'ici peuvent être très durs envers ceux qui osent parler d'autres chose que de leurs livres.  Ça m'a sans doute rendue hyper-sensible sur la question, mais je ne peux m'empêcher de faire le parallèle.  On voit toujours ce qu'on veut voir dans un article lu dans un journal ou une revue.  Certains, aussitôt qu'on ne parle pas de littérature québécoise y voit une menace.  Pas moi.  J'ai comme l'impression que si certain n'y retrouvent pas ce qu'ils cherchent, ils préfèrent condamner plutôt que de lire attentivement et de regarder l'intention derrière l'article.  À mon sens, c'est sans doute ça le plus important.

@+ Mariane

3 commentaires:

Gen a dit…

J'ai parlé de cet article pour une raison toute autre. Cela dit, maintenant que tu en parles, ça aurait pu être bien d'avoir évoqué la situation d'ici... ;p

Je ne pense pas qu'il faille parler exclusivement de littérature québécoise. Mais prendre l'habitude de glisser un mot sur le Québec lorsqu'on publie l'un des rares articles un peu analytique sur les tendances littéraires, ce serait vraiment un must. Ça donnerait aussi l'impression que les journalistes littéraires sont un peu au courant du milieu!

Et quand "La Presse" publie un palmarès des "40 meilleurs livres de 2011" et qu'il n'y a pas UN câlisse de roman québécois dans le lot, je pense que c'est normal que les auteurs soient fâchés.

Parler exclusivement du Québec, non, mais souligner les bons coups, de temps à autre, ça ferait pas de tort me semble.

Cela dit, je suis contre les fatigants qui déboulent sur les blogues pour faire la morale aux blogueurs qui ont commenté un roman étranger.

M a dit…

J'abonde dans ton sens mais l'accumulation d'articles de ce genre dans La Presse me désole, car c'est du mauvais journalisme: l'article, ainsi présenté, ne donne pas l'impression que le sujet a été fouillé en profondeur. Et, étrangement, c'est souvent ce journaliste qui signe les articles qui causent des commotions.

Prospéryne a dit…

@Gen, si La Presse publie un palmarès des 40 livres livres de 2011 et qu'il n'y a pas un seul québécois, c'est parce qu'ils n'ont pas regardé ce qui se lit au Québec. Et c'est un sacré manque de respect pour les auteurs d'ici. Un petit coup d'oeil sur les palmarès de vente pourrait les renseigner. En fait, j'ai comme l'impression qu'à La Presse, quand ce n'est pas Chantal Guy qui est en charge (et elle fait une super job!), le niveau baisse parce qu'ils prennent des gens qui ne connaissent ni la littérature, ni le milieu.

@Mathieu, je n'avais pas remarqué que c'était ce journaliste qui signait des articles qui causent problème, mais comme je l'ai dit, celui-ci en particulier sentait le dossier de presse sur lequel on a brodé à plein nez. C'est sans doute ça le problème, ils prennent des gens qui ne connaissent rien du milieu littéraire et leurs demandent d'écrire sur ça. Résultat? Le gars va se débrouiller avec les moyens du bord, ce qui donne un papier bien écrit... mais qui ne maîtrise pas son sujet. Et qui ne donnera pas la place qui lui revient à la littérature d'ici.